« Symboliquement, le Hamas a brisé l’une des fonctions essentielles qui avait présidé à la création même d’Israël »
Plusieurs commémorations ont lieu aujourd’hui en Israël, en France et dans plusieurs pays du monde en hommage aux victimes du 7 octobre. L’ancien ambassadeur de France estime qu’il était impératif que ces hommages aient lieu : « Cela aurait été impossible de ne pas le faire, on aurait invisibilisé le 7 octobre ».
Il y a un an jour pour jour, l’ancien ambassadeur se souvient de l’« effet de sidération » qu’il a ressenti : « Lentement, au fur et à mesure que l’on avait des nouvelles le matin, je me disais ‘il se passe quelque chose qui va être un événement très important pour Israël, très important pour les Juifs du monde’, et puis je me suis finalement dit que c’était un événement mondial », par lequel « le Hamas brisait l’une des fonctions essentielles qui avait présidé à la création même d’Israël : un pays où ce type d’évènement ne pouvait plus arriver ».
Un épisode prévisible ? Pour Éric Danon, « personne ne l’avait vu venir », mais il témoigne d’une montée de la tension : « J’ai toujours dit qu’il n’était pas durable de voir l’arrêt complet des relations entre Israéliens et Palestiniens avec ce gouvernement ». Un abandon des contacts lié à l’arrivée de Benyamin Netanyahou au pouvoir : « J’ai vu dans les gouvernements d’avant qu’il y avait encore des échanges, puis le gouvernement Netanyahou est arrivé », ce qui a entraîné « un arrêt complet de tout échange » entre les autorités israéliennes et palestiniennes.
« C’est profondément maladroit »
Samedi 5 octobre, à l’occasion d’un entretien sur France Inter, Emmanuel Macron a déclaré ne plus vouloir que la France livre des armes à Israël : « Je pense qu’aujourd’hui, la priorité, c’est qu’on revienne à une solution politique, qu’on cesse de livrer les armes pour mener les combats sur Gaza ». Par un souci de cohérence, le président de la République a rappelé lors de la conférence de presse de clôture du 19e sommet de la Francophonie qu’il n’est pas possible d’appeler « chaque jour à nos côtés au cessez-le-feu et de continuer d’approvisionner Israël ». Le Premier ministre israélien a tout de suite réagi en adressant un message à Emmanuel Macron : « Alors qu’Israël combat les forces de la barbarie dirigées par l’Iran, tous les pays civilisés devraient se tenir fermement aux côtés d’Israël. Pourtant, le président Macron et d’autres dirigeants occidentaux appellent maintenant à des embargos sur les armes contre Israël. Honte à eux ! ».
Interrogé sur ce sujet, l’ancien diplomate a déclaré : « Pour rester courtois par rapport au Président de la République à qui je dois ma nomination et mes 4 années en Israël, je dirais que c’est profondément maladroit. Si je me libère de tout devoir par rapport à lui, je dirais qu’il y a vraiment des choses à ne pas dire car elles sont contradictoires avec le fait que nous ayons le même ennemi commun qui est l’islamisme radical djihadiste et violent ». Pour l’ancien ambassadeur, « il faut soutenir Israël dans ce combat », tout en réaffirmant qu’il faut être d’accord sur l’aspect « extrêmement problématique » de la manière dont Benyamin Netanyahou mène sa guerre.
Au-delà du fond, Éric Danon estime que la méthode du président de la République n’est pas la bonne. Il souligne qu’« Israël ne se laisse jamais mener dans le domaine de la sécurité par des injonctions extérieures ». Il ajoute que les tentatives d’Emmanuel Macron pour ramener la paix au Proche-Orient sont vaines en raison de la perte d’influence de la France dans cette région : « La France ne pèse plus en matière de guerre et de paix au Proche-Orient ».
« N’espérez aucun cessez-le-feu avant l’élection présidentielle américaine du 5 novembre »
Est-ce que l’hypothèse d’un cessez-le-feu est encore envisageable ? Pas dans l’immédiat : « N’espérez aucun cessez-le-feu avant l’élection présidentielle américaine du 5 novembre » a déclaré l’ancien ambassadeur. L’issue de cette élection pourrait déterminer l’orientation des futures politiques menées par le Premier ministre israélien : « Benyamin Netanyahou ne veut pas faire le cadeau d’un cessez-le-feu ou le cadeau de la paix à Joe Biden, il n’aime pas ce président, il veut donc faire ce cadeau à son ami Donald Trump ». Par ailleurs, pour l’ancien diplomate, si Donald Trump devient le 47e président des Etats-Unis, un cessez-le-feu « peut avoir lieu » en raison de l’imprévisibilité de l’ancien dirigeant : « Dans le monde d’aujourd’hui, l’imprévisibilité est une force ».