Défense européenne : Valérie Hayer plaide pour un « emprunt commun » européen

Invitée de la matinale de Public Sénat, Valérie Hayer est revenue sur le réarmement de l’Europe et la situation en Ukraine. La présidente du groupe Renew à Bruxelles plaide pour un emprunt européen sur le modèle de ce qui avait été fait pendant le Covid.
Louis Mollier-Sabet

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Alors qu’un nouveau sommet européen se tiendra à Bruxelles jeudi 20 et vendredi 21 mars, Valérie Hayer est revenue sur le plan « Réarmer l’Europe » présenté par la Commission européenne il y a deux semaines (voir notre article). « Les 800 milliards c’est une bonne chose et c’est beaucoup d’argent, mais effectivement c’est assez hypothétique : on considère que si les États augmentent de 1,5 % leurs dépenses de Défense ça ferait 650 milliards et ensuite il y a des prêts aux Etats », a détaillé la présidente du groupe Renew au Parlement européen. L’ancienne tête de liste Renaissance aux élections européennes a par ailleurs estimé que « la vraie bonne solution », mais qui n’était « pas encore mûre à ce stade », était « un emprunt commun comme pendant le Covid, avec des subventions aux États-membres. »

Endettement européen : « Les lignes bougent »

L’élue identifie un changement au sein des Européens sur la question de l’endettement pour financer la défense européenne. « Les lignes bougent. Il y a des Etats qui sont traditionnellement frugaux, qui étaient contre l’endettement en 2020, et qui appellent aujourd’hui à un emprunt commun de 100 milliards pour financer la Défense européenne, comme la Finlande ou l’Estonie », détaille-t-elle.

Ainsi, la Commission pourrait utiliser sa crédibilité auprès des marchés financiers pour obtenir des prêts à des taux plus intéressants puis accorder des subventions directement aux Etats à condition que celles-ci financent l’industrie de défense européenne. « Sur la préférence européenne, les lignes bougent aussi y compris chez les plus atlantistes de nos partenaires », précise Valérie Hayer, alors que « 80 % des équipements militaires que l’on utilise en Europe sont produits hors des frontières européennes, dont 60 % aux Etats-Unis. »

« La démilitarisation de l’Ukraine n’est pas acceptable »

La présidente du groupe Renew place cet effort financier et industriel dans le cadre d’une l’aide à l’Ukraine « qui doit s’accélérer » pour que les Ukrainiens soient « dans la meilleure position possible à la table des négociations », au moment où Donald Trump a annoncé qu’il téléphonerait à Vladimir Poutine le mardi 18 mars pour « mettre fin à la guerre. »

« C’est important que l’administration américaine et les Ukrainiens aient pu se reparler », a réagi Valérie Hayer. « Maintenant la balle est dans le camp de Poutine. C’est aussi un test pour la relation entre Donald Trump et Vladimir Poutine », a-t-elle poursuivi. Les discussions devraient s’articuler autour de la question des garanties de sécurité, alors que Vladimir Poutine réclame un statut de neutralité et le désarmement de l’Ukraine.

« Il faut d’abord permettre aux Ukrainiens de se renforcer eux-mêmes », estime la députée européenne, avant d’ajouter : « Ensuite, il y a la question des garanties de sécurité que l’Europe doit mettre en place pour éviter que Poutine ne viole le cessez-le-feu comme il l’a fait en 2014. La démilitarisation de l’Ukraine n’est pas acceptable, parce que Poutine risque d’attaquer de nouveau. »

Partager cet article

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

Défense européenne : Valérie Hayer plaide pour un « emprunt commun » européen
2min

International

Otages français en Iran : « Il s’agit ici d’une première étape qui doit nous mener à leur libération définitive », précise Jean-Noël Barrot

Hier dans la soirée, le président Emmanuel Macron a annoncé la « libération » des otages français en Iran : Cécile Kohler et Jacques Paris, détenus depuis mai 2022. S’ils sont bien sortis de prison, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a précisé que leur libération n’est pas définitive. Les deux ressortissants se trouvent actuellement dans l’ambassade de France en Iran.

Le

NY: New York City Mayoral Candidate Mamdani Votes On Election Day.
6min

International

Zohran Mamdani  candidat à la mairie de New York : « C’est un peu comme si Besancenot se présentait face à Cahuzac ou Georges Tron »

Ce mardi, New York élit son nouveau maire. A 34 ans, Zohran Mamdani, issu de la gauche du Parti démocrate, opposant « farouche » à Donald Trump, musulman d'origine indienne, est le grand favori, d’autant que ses adversaires sont accusés de corruption ou d’harcèlement sexuel. Pour Public Sénat, Elisa Chelle, professeure de science politique à l'Université Paris Nanterre, auteure de La démocratie à l’épreuve du populisme. Les Leçons du Trumpisme (Odile Jacob) revient sur son profil atypique.

Le

Défense européenne : Valérie Hayer plaide pour un « emprunt commun » européen
2min

International

Entretien inédit avec Javier Milei, "le président à la tronçonneuse"

VIDÉO. Le parti du président argentin a obtenu le 26 octobre dernier une victoire surprise lors des élections législatives de mi-mandat. Public Sénat vous propose de retrouver des séquences inédites de son entretien réalisé dans le cadre du documentaire "Javier Milei, le président à la tronçonneuse".

Le

South Korea – U.S. President Donald Trump Departure Gimhae Air B
4min

International

Trump-Poutine : vers une nouvelle guerre des étoiles ?

Ce jeudi, au cours de sa visite diplomatique en Asie, Donald Trump a ordonné la relance des essais d'armes nucléaires des Etats-Unis, interrompus depuis plus de 30 ans. Une décision qui comporte actuellement peu de détails concrets, et qui s’inscrit dans le cadre d’un rapport de force avec Vladimir Poutine. Le chef du Kremlin avait annoncé quelques heures plus tôt le développement de nouvelles armes atomiques russes.

Le