Un bureau de vote de l’état de Virginie

Election américaine 2024: qui élit (vraiment) le président des Etats-Unis ? 

Le 5 novembre se tiendra l’élection présidentielle aux Etats-Unis. Mais l’élection du président du pays n’est pas déterminée par le vote direct des citoyens. C’est en fait un ensemble de grands électeurs, réunis en un collège électoral, qui élit celui ou celle qui occupera la Maison-Blanche pour les quatre prochaines années. Explications.
Camille Romano

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Kamala Harris ou Donald Trump ? Une question à laquelle pourront répondre les citoyens des Etats-Unis le 5 novembre… sans pour autant élire leur prochain président ou présidente. Car ce n’est pas vraiment le peuple américain qui élit directement son ou sa présidente : c’est en fait une institution que l’on appelle le « collège électoral » qui choisit le locataire de la Maison Blanche. C’est d’ailleurs la seule élection dans le pays où les candidats ne sont pas élus directement par les citoyens votants.

Qu’est-ce que le collège électoral ?

Ce concept du collège électoral est un principe issu de la Constitution : les rédacteurs du texte l’ont conçu comme un compromis entre une élection au suffrage direct et un vote au Congrès. Ce collège électoral relève plus d’un processus que d’une institution fixe, puisque ses membres cessent de l’être une fois l’élection passée. Il est composé de « grands électeurs » : ils sont actuellement 538, chaque État possédant autant de grands électeurs qu’il possède de membres au Congrès (la combinaison du Sénat et de la Chambre des représentants).

Dans chaque Etat, le parti Républicain et le parti Démocrate choisissent un panel potentiel de grands électeurs. Lorsque les électeurs voteront le 5 novembre, lors de ce qu’on appelle les « general elections », ils choisiront en fait qui seront les grands électeurs de cet Etat. Les grands électeurs sont en général sélectionnés lors de conventions partisanes au sein des Etats, ou par des votes du comité général du parti : il n’y a pas de règles fédérales pour le choix des grands électeurs, cela est laissé à la discrétion des partis. Ils sont généralement choisis parmi des membres très impliqués dans les partis nationaux, en remerciement de leurs actions, comme des élus au niveau de l’État, des responsables locaux des partis… Selon la Constitution, les membres du Congrès ne peuvent pas être membres du collège électoral.

Comment le vote se déroule-t-il ?

Le jour de l’élection générale, les citoyens votent, pour la personne qu’ils ont choisie comme président ou présidente. Chaque vote va nourrir un compte au niveau des états : c’est le vote populaire. Dans la majorité des Etats (et dans le District de Columbia), le vainqueur du vote populaire remporte tous les votes des grands électeurs de l’État, sauf dans le Maine et le Nebraska, qui utilise un vote proportionnel.

Les électeurs peuvent d’ailleurs faire leur choix le jour de l’élection, soit le 5 novembre… ou plusieurs semaines auparavant. En effet, le système américain combine un ensemble de votes en personne, de vote par anticipation ou par correspondance. Le vote par correspondance peut s’ouvrir jusqu’à cinquante jours avant le jour de l’élection, comme en Pennsylvanie. Dans la majorité des Etats, le vote par anticipation s’ouvre une quinzaine de jours avant le jour de l’élection, mais les paramètres peuvent varier grandement. Le 5 novembre, une partie non-négligeable des citoyens américains auront probablement déjà voté.

Pour remporter l’élection, il faut à un ou une candidate au moins 270 grands électeurs (plus de la majorité). La Constitution américaine n’oblige pas les grands électeurs à voter pour le ou la candidate qui a remporté le vote populaire dans son État, mais certains États ont mis en place cette obligation. Dans ce cas, si le grand électeur va à l’encontre du vote populaire, il s’expose à des sanctions diverses : amende, disqualification ou remplacement, voire à des poursuites judiciaires.

Après le vote, à la mi-décembre, les grands électeurs se réunissent dans chaque État, et votent à leur tour. Les votes des grands électeurs par État sont ensuite envoyés au Congrès, qui en fait le compte lors d’une session jointe le 6 janvier suivant l’élection. Ce décompte est supervisé par l’actuel vice-président des Etats-Unis, qui est aussi le président du Sénat. C’est à cette personne qu’il revient ensuite de déclarer le vainqueur de l’élection. Pour l’anecdote, en cas de victoire, Kamala Harris pourrait être amenée à prononcer son propre nom.

Un tel système ouvre la voie à des scénarios qui peuvent paraître contradictoires : il est possible de remporter le vote populaire mais pas celui du collège électoral : c’est arrivé en 2000 et en 2016 et trois fois au XIXe siècle. Il est également théoriquement possible qu’aucun candidat ne parvienne à remporter une majorité au sein du collège électoral, dans ce cas, c’est à la Chambre des représentants qu’il incombe de trancher : c’est arrivé deux fois dans l’histoire des Etats-Unis, en 1800 et en 1824.

Dans la même thématique

Election américaine 2024: qui élit (vraiment) le président des Etats-Unis ? 
8min

International

Guerre commerciale : le patronat appelle à « ne pas surréagir » dans les contre-mesures imposées à Washington à cause des droits de douane

Face aux menaces liées à la guerre commerciale de Donald Trump, les représentants du patronat étaient réunis ce mardi 29 avril devant la délégation aux entreprises du Sénat. Ils appellent à faire preuve de prudence dans les contremesures européennes apportées aux droits de douane américains. Mais aussi à se préparer pour éviter « une déferlante » de produits chinois sur le marché français…

Le

Urbi et Orbi with Francis
5min

International

Mort du pape François : « Il a créé beaucoup de cardinaux, ce qui aura son importance au conclave »

Après la mort du pape François ce lundi 21 avril, la question de l’héritage de son pontificat se pose. Pendant 12 ans, il a accordé beaucoup d’importance aux pays du Sud et a consacré ses encycliques à des thématiques comme la fraternité et l’écologie. Entretien avec Sophie Gherardi, directrice du centre d’étude du fait religieux contemporain.

Le

La sélection de la rédaction