Elections en Géorgie : « A travers les ingérences russes, c’est l’idée européenne qui est attaquée », lance Benjamin Haddad

Auditionné par la commission des Affaires étrangères du Sénat, le ministre de l’Europe a rappelé au gouvernement géorgien la nécessité de respecter les critères démocratiques pour espérer intégrer l’Union européenne.
Quentin Gérard

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« Les observateurs ont été très clairs : il ne s’agit pas d’élections libres et équitables », a affirmé Benjamin Haddad. À la suite du Conseil européen des 17 et 18 octobre qui portait sur les questions migratoires, le ministre délégué en charge de l’Europe a été auditionné par la commission des Affaires étrangères du Palais du Luxembourg. Devant les sénateurs, Benjamin Haddad est largement revenu sur la situation en Géorgie.

Des élections législatives ont eu lieu dans le pays. Si le « Rêve géorgien », parti pro-russe au pouvoir depuis 2012, est crédité de 54 %, la coalition pro-européenne a dénoncé « un vol », pointant du doigt le Kremlin. Le scrutin dans le pays du Caucase a été « entaché par des inégalités entre les candidats, des pressions et des tensions », ont estimé les observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

« Cette dérive illibérale se fera au détriment de la perspective européenne »

« Il faut être extrêmement clair, la Géorgie est candidate à l’Union européenne depuis l’année dernière, ça entraîne des exigences et des responsabilités en ce qui concerne l’Etat de droit et le respect de l’intégrité des élections », a tancé Benjamin Haddad. « La poursuite de la dérive illibérale du rêve géorgien se fera au détriment de la perspective européenne qui est souhaitée par l’immense majorité de la population », a poursuivi le ministre de l’Europe.

Ces ingérences russes viennent après la loi sur « les agents de l’étranger », adoptée par le parlement géorgien en mai dernier, passant outre le véto de la présidente Salomé Zourabichvili. Elle était calquée sur une loi du Kremlin de 2012. Le texte oblige les groupes de la société civile qui reçoivent plus de 20 % de leur financement de l’étranger de s’enregistrer en tant qu’organisation « servant les intérêts d’une puissance étrangère ». A l’époque, l’Union européenne avait déjà alerté le parti au pouvoir.

« Des pays qu’on a trop longtemps négligés »

Les fraudes en Géorgie s’inscrivent plus globalement « dans le cadre des ingérences russes dans notre voisinage », souligne le membre du gouvernement. Et de s’interroger sur « des zones grises et des conflits gelés qu’on a laissés prospérer dans des pays qu’on a trop longtemps négligés, comme la Géorgie, la Moldavie, les Balkans ou l’Ukraine depuis le mouvement de Maïdan. Ça exige de nous un réengagement européen auprès de nos partenaires ».

A travers les ingérences russes en Géorgie, « c’est bien l’idée européenne, nos intérêts, la stabilité des pays à nos frontières qui sont attaqués », peste Benjamin Haddad. Il assure aux sénateurs qu’il n’y a aucune incompatibilité entre l’accompagnement du pays du Caucase dans l’Union européenne et la très grande exigence qui lui est demandé. « Au contraire, c’est parce qu’il a fait le choix de déposer une demande de candidature que ça entraîne des responsabilités particulières », indique le ministre de l’Europe, qui se rend ensuite au Canada pour une conférence ministérielle en vue de « ramener à la maison les enfants ukrainiens victimes de la guerre menée par la Russie ».

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