Elections européennes : au Portugal, la percée de l’extrême droite malgré les bons résultats économiques

A deux mois des élections européennes, l’émission Ici l’Europe poursuit ses grands débats sur les enjeux de ce scrutin dans les différents Etats-membres. Ce numéro est consacré au Portugal, qui réalise de bonnes performances économiques mais qui connaît toujours de fortes disparités sociales et la montée de l’extrême droite.
Alexandre Poussart

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Alors que le gouvernement français fait face à un dérapage de ses finances publiques, avec un déficit plus fort que prévu, le Portugal affiche de bons chiffres budgétaires et se situe parmi les bons élèves européens : son budget est en excédent, sa dette est passée en dessous des 100 % de la richesse nationale, le taux de chômage se situe aux alentours de 6 %. On parle de miracle économique dans un pays qui était au bord de la faillite il y a 10 ans.

Une rigueur budgétaire orchestrée par les socialistes portugais au pouvoir ces dernières années. « Ces bons chiffres économiques nous ont permis d’obtenir certaines avancées sociales, comme la hausse des pensions et du salaire minimum qui a quasiment doublé (820 euros par mois) », estime Margarida Marques, eurodéputée portugaise, membre du Parti socialiste portugais, et du groupe des Sociaux-démocrates au Parlement européen. Elle participait au débat de l’émission Ici l’Europe, sur France 24 et Public Sénat.

Des salaires bas et une crise du logement

Mais pour autant, le Portugal connaît toujours de profondes difficultés sociales et compte plus de 2 millions de personnes qui vivent en dessous du seuil de pauvreté. Une grave crise du logement touche également les Lusitaniens qui doivent faire face à une explosion des prix de l’immobilier. Entre 2021 et 2022, le loyer d’un appartement moyen à Lisbonne a augmenté de 50 %.

« Je ne dirai pas qu’il y a un miracle économique portugais : la charge fiscale est très élevée, les salaires sont très bas », tempère José Manuel Fernandes, eurodéputé portugais, membre du groupe Parti populaire européen, et du parti social-démocrate portugais, parti de centre-droit qui a remporté les dernières élections législatives, début mars, de justesse face à la gauche. « Le salaire moyen au Portugal se rapproche de plus en plus du salaire minimum », déplore-t-il. Le revenu médian disponible, (hors charges), est de 960 euros par mois. « Certains pays de l’Est qui sont rentrés dans l’Union européenne dans les années 2000 (le Portugal y est entré en 1986) nous ont dépassés en termes de richesse produite par habitant ! »

Le Portugal face à la montée de l’extrême droite

Dans ce contexte, le parti d’extrême droite Chega a réalisé une percée inédite aux élections législatives en se plaçant en 3e position, avec 18 % des voix, un score record. Les partis dits de gouvernement craignent une percée identique aux prochaines élections européennes de juin prochain, sachant que Chega n’a actuellement pas d’eurodéputé.

« La poussée de Chega s’inscrit dans une dynamique et un réseau de l’extrême droite européenne qu’il faut combattre. Chega a été soutenu par exemple par Marine Le Pen dans la campagne portugaise », explique Margarida Marques.

« La seule solution pour combattre l’extrême droite, c’est de mener de bonnes politiques », analyse José Manuel Fernandes. « Les électeurs de Chega ne sont pas racistes, ne sont pas pro russes. Ils sont juste frustrés. Il faut leur donner un avenir, notamment à la jeunesse, et résoudre les problèmes du quotidien », estime cet eurodéputé du parti social-démocrate portugais.

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