Après une visite d’Etat au Royaume-Uni, Emmanuel Macron poursuit sa tournée auprès des plus proches alliés de la France avec un déplacement à Berlin ce mercredi 23 juillet et un dîner avec le chancelier allemand. Une visite sous le signe d’un « réflexe franco-allemand retrouvé » assure l’Elysée alors que les relations entre Emmanuel Macron et le prédécesseur de Friedrich Merz, Olaf Scholz, étaient glaciales. Une ambition partagée outre-Rhin lors de la première visite de Friedrich Merz en tant que chancelier, à Paris. Les conseillers du président de la République font d’ailleurs de ce déplacement la « visite retour », après celle de Friedrich Merz en mai.
Malgré le rapprochement affiché, le menu s’annonce chargé pour cette entrevue qui fera également office de prélude au conseil des ministres commun qui doit se tenir fin août.
Friedrich Merz cherche une réponse pragmatique face à Trump
Rapidement des divergences pourraient apparaître sur certains dossiers urgents et notamment la réponse à apporter à l’entrée en vigueur des droits de douane américain à partir du 1er août. Empêtrée dans des négociations infructueuses avec les Etats-Unis pour éviter l’application d’un droit de douane de 30 % sur l’ensemble des produits européens, la Commission européenne a proposé un nouveau paquet de contre-mesures aux Etats membres. Un paquet estimé à 72 milliards d’euros.
Hier, à l’occasion d’un conseil national de l’industrie, le ministre de l’industrie et de l’énergie, Marc Ferracci, envisageait des contre-mesures à hauteur de 90 milliards d’euros et le recours à « l’instrument anti-coercition » de l’Union européenne. Un outil particulièrement puissant qui permettrait d’empêcher l’accès aux marchés publics européens, bloquer certains investissements ou encore taxer les services américains. Néanmoins, la Commission européenne, qui mène les négociations en matière commerciale, refuse pour l’instant de recourir à ce « bazooka économique » tandis que le chancelier allemand préfère garder les cartes en main pour tenter d’obtenir un accord avec les Etats-Unis. Alors que les exportations représentent 4 % du PIB de l’Allemagne, l’économie allemande pourrait être sérieusement endommagée par un bras de fer avec Donald Trump.
Les programmes industriels de défense, la pomme de discorde
En pleine reconfiguration des relations entre l’Union européenne et les Etats-Unis, les questions de défense et de sécurité devraient occuper une place de choix dans les échanges entre les deux dirigeants. Alors que les Européens tentent de structurer leur base industrielle et technologique de défense pour réduire leur dépendance aux armements américains, les programmes industriels communs patinent. C’est notamment le cas du SCAF et du MGCS qui sont respectivement les projets « d’avion du futur » et de « char du futur » que les deux pays doivent développer conjointement. Lancé en 2017, le programme avance lentement et, récemment, Dassault Aviation affirmait vouloir récupérer 80 % des tâches industrielles liées au développement de ce nouvel avion de chasse.
Des déclarations accueillies froidement outre-Rhin alors que Friedrich Merz a annoncé en mars un vaste plan d’investissement de 100 milliards d’euros pour la défense allemande. Les échanges entre Emmanuel Macron et Friedrich Merz doivent permettre de préparer le conseil franco-allemand de défense et de sécurité qui se tiendra également fin août et qui est la principale instance entre les deux Etats pour régler les différends liés à la stratégie industrielle de défense.
Nucléaire et neutralité technologique
Un sujet devrait néanmoins se révéler moins explosif qu’avec le précédent gouvernement, c’est celui du nucléaire civil. Le gouvernement de coalition d’Olaf Scholz qui regroupait notamment les sociaux-démocrates et les Verts s’était montré particulièrement hostile à l’intégration du nucléaire dans la taxonomie verte de l’Union européenne. Un sujet sur lequel le nouveau chancelier allemand affiche moins de réticences. Néanmoins, les sociaux-démocrates, qui occupent notamment le ministère de l’environnement restent hostiles à un financement européen du nucléaire. « Il y a un débat qui porte davantage sur la neutralité technologique […] c’est-à-dire de non-discrimination entre les énergies bas-carbone au sein de l’Union européenne », explique l’Elysée.