Ancien Premier ministre des Pays-Bas, Mark Rutte a été nommé secrétaire général de l’OTAN le 1er octobre dernier. C’est la première fois que le président de la République le rencontrait en cette qualité, une semaine seulement après l’élection de Donald Trump. Durant sa campagne, le candidat républicain a multiplié les menaces de désengagement au sein de l’OTAN, une organisation dont les Etats-Unis sont le premier contributeur. Ce potentiel retrait aurait des conséquences directes sur l’Union européenne, les pays Européens étant particulièrement dépendants de la protection militaire américaine dont ils bénéficient dans le cadre de l’OTAN. C’est également par le biais de cette organisation que les pays occidentaux ont pu soutenir l’Ukraine face à l’invasion russe.
« L’OTAN et ses alliés apporteront leur soutien à l’armée ukrainienne, aussi longtemps qu’il le faudra »
C’est dans ce contexte qu’Emmanuel Macron et Mark Rutte ont voulu, à l’issue de leur rencontre, réaffirmer leur appui à l’Ukraine. Pour le chef de l’Etat, « le soutien à ce pays agressé par la Russie demeure une priorité absolue », en précisant que l’Union européenne et l’OTAN apporteront « leur soutien à l’armée ukrainienne, aussi longtemps qu’il le faudra ». Le secrétaire général de l’OTAN, a également évoqué l’importance « de poursuivre ce soutien à l’Ukraine, qui se prépare à affronter ce qui pourrait être l’hiver le plus difficile depuis 2022 », en soulignant qu’il serait nécessaire de « faire payer un prix plus lourd à la Russie et à ses amis autoritaires qui lui facilitent la tâche ». Dans la ligne de mire du président de la République et du dirigeant de l’OTAN : le récent déploiement de soldats nord-coréens aux côtés des forces russes, près de la ville de Koursk. Une « escalade grave » selon le chef de l’Etat, qui marque un rapprochement entre la Russie et la Corée du Nord.
Ce sont également les relations entre la Chine et la Russie qui inquiète Mark Rutte. Alors que l’ancien ministre de la Défense russe, Sergueï Choïgou, a affirmé aujourd’hui que la Chine et la Russie devaient « contrer la politique du double endiguement menée contre la Russie et la Chine par les Etats-Unis et leurs satellites », le secrétaire général de l’OTAN a rappelé que « la Chine soutient l’économie de la Russie, soutient son industrie de défense et amplifie son récit sur l’échelle mondiale ».
« Pour la sécurité de nos citoyens, il nous faut une Ukraine forte, une Europe forte et une alliance forte »
En lien avec le conflit russo-ukrainien, Emmanuel Macron a répété sa volonté de renforcer l’alliance entre l’Europe et l’OTAN : « Pour la sécurité de nos citoyens, il nous faut une Ukraine forte, une Europe forte et une alliance forte. Ce triptyque est notre agenda collectif pour les mois et les années qui viennent ». En complément de cette entente, le président de la République a mis en avant l’importance de la construction d’une autonomie stratégique européenne et d’« un pilier européen de notre sécurité transatlantique ». Il a affirmé que « l’Europe a trop longtemps évité de porter le fardeau de sa propre sécurité ». C’est déjà ce qu’il avait exprimé lors de la réunion de la Communauté politique européenne, organisée à Budapest, la semaine dernière.
« Plus nous dépensons pour notre défense, plus nous réduisons le risque de conflits futurs »
Pour le chef de l’Etat, le renforcement de l’autonomie européenne en matière de défense doit se faire en collaboration avec l’OTAN : « Cet effort de montée en puissance des Européens doit faire travailler ensemble OTAN et Européens ». Pour cela, le dirigeant de l’OTAN souhaite « améliorer la défense de l’alliance dans ce monde, toujours plus dangereux ». Dans cette perspective, Emmanuel Macron a évoqué sa volonté d’adapter la défense de l’alliance Atlantique nord « aux nouvelles menaces de plus en plus diverses et déterritorialisées ».
Pour engager ce travail d’adaptation, le président de la République a appelé à un renforcement de « la coordination et des investissements ». Un vœu que Mark Rutte partage, en, affirmant que « plus nous dépensons pour notre défense, plus nous réduisons le risque de conflits futurs ». Il a d’ailleurs applaudi le fait que la France investisse plus de 2 % de son PIB pour la défense cette année : « Je salue votre budget de défense ambitieux pour les 7 années à venir ». Le projet de loi de finances pour 2025 dédie 50,5 milliards d’euros au ministère des Armées, un montant conforme à la loi de programmation militaire 2024-2030.