L’agression russe, le désengagement américain, l’indépendance matérielle de l’Europe… À Strasbourg, le président du Rassemblement national Jordan Bardella a tenu une conférence de presse avec son groupe parlementaire les « Patriotes pour l’Europe » pour clarifier la position de son parti sur la situation ukrainienne, et les négociations en cours, ce mardi 11 mars.
« Les USA ont fait le choix de remettre en cause leur engagement historique à l’égard de l’Europe, et de l’Ukraine », selon Jordan Bardella
En conférence de presse, le président du Rassemblement national a réaffirmé sans « ambiguïté » la position de son camp sur l’invasion de l’Ukraine : « la Russie est l’agresseur dans ce conflit, et tout notre soutien est allé (…) au peuple ukrainien ». Jordan Bardella a par ailleurs confirmé que l’Ukraine était un « État allié » qui « subit une violation de sa souveraineté territoriale », depuis plus de trois ans.
À propos de son homologue américain, l’eurodéputé voit dans les États-Unis une « puissance historiquement alliée », qui a « fait le choix de remettre en cause leur engagement historique à l’égard de l’Europe et plus récemment à l’égard de l’Ukraine ». En effet, Donald Trump a suspendu l’aide militaire à l’Ukraine, le 3 mars dernier, quelques jours après sa rencontre tendue avec le président ukrainien, Volodymyr Zelensky. Mais il ne faut pas le « déplorer » pour Jordan Bardella : le président américain a seulement mis « en œuvre un engagement de sa campagne électorale ».
Si Marine Le Pen avait, de son côté, critiqué la « brutalité » de la décision américaine dans les colonnes du Figaro, le président du Rassemblement national a quant à lui reconnu qu’elle pouvait « paraître brutale », mais croit en un « consensus, dans la famille occidentale, d’aller vers la paix ».
« 2025 doit être l’année de la paix pour l’Ukraine et en Ukraine », déclare Jordan Bardella
Comment aboutir à la paix en Ukraine ? Pour Jordan Bardella et les Patriotes pour l’Europe, la clé se trouve dans la proposition formulée par la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, « celle d’organiser un sommet pour réunir les puissances occidentales », et ce « avant de se présenter devant la Fédération de Russie ». Cette réunion permettrait de montrer une « famille occidentale unie » à Vladimir Poutine, selon l’eurodéputé.
Néanmoins, certaines hypothèses refroidissent le camp de Jordan Bardella : « L’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN pourrait entraîner un risque d’aggravation des tensions géopolitiques.(…) Une adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne déstabiliseraient profondément nos économies », a-t-il confirmé lors de cette prise de parole. De même, l’eurodéputé du Rassemblement national réaffirme son « opposition totale à la spoliation des moyens de la France », notamment concernant le « bouton nucléaire » ou le siège de la France au conseil de sécurité de l’ONU.
« Le continent européen, et les nations qui le composent, sont au cœur d’un défi existentiel, exister ou disparaître », affirme-t-il
Face aux puissances américaine et russe, l’Union européenne « semble rattrapée par l’histoire et un monde dont elle a toujours nié l’existence », a analysé l’eurodéputé du RN. Reste au Vieux continent de « renouer avec sa grandeur », estime-t-il, au risque de « disparaître » sur le plan diplomatique.
À Paris, le président de la République doit accueillir des chefs d’Etat-major des armées de l’Union européenne et de l’OTAN, ce mardi 11 mars en fin de journée. Du côté du Parlement, l’Assemblée nationale examinera ce mercredi 12 mars, une proposition de résolution pour renforcer le soutien à l’Ukraine. Un texte que le Rassemblement national ne votera probablement pas, a annoncé la présidente du groupe à la Chambre basse Marine Le Pen, qui a qualifié la posture diplomatique d’Emmanuel Macron de “professeur de gestion de la peur”, ce mardi.