Le froid polaire qui balaye Washington, la capitale des Etats-Unis, a poussé les organisateurs à bousculer le cérémonial bien huilé des investitures présidentielles. Donald Trump, le 45e président des Etats-Unis, en est aussi devenu le 47e ce lundi 20 janvier après avoir prêté serment depuis la Rotonde du Capitole, et non sur les marches du célèbre bâtiment, siège du pouvoir législatif outre-Atlantique, devant la perspective du National Mall comme il l’avait fait en 2017, ainsi que tous ses prédécesseurs depuis 40 ans.
« L’âge d’or des Etats-Unis commence aujourd’hui ! », a lancé Donald Trump dans sa première allocution en tant que président investi, quelques minutes après avoir prêté serment. « À partir d’aujourd’hui notre pays va prospérer et sera à nouveau respecté aux quatre coins du monde. Toutes les nations nous envieront et nous ne nous laisserons plus abuser. Chaque jour, sous mon administration, très simplement, je placerai les Etats-Unis en premier », a déclaré le président, reprenant ainsi son célèbre slogan de campagne : « Make America great again ».
Devant ses prédécesseurs, le milliardaire a ensuite brossé un portrait particulièrement sinistre des Etats-Unis. « Nous allons retrouver notre souveraineté, restaurer notre sécurité. Les balances de la justice seront rééquilibrées, nous en finirons avec l’instrumentalisation du ministère de la justice. Notre priorité absolue : créer une nation fière, prospère et libre », a déclaré Donald Trump. « Pendant de nombreuses années l’establishment radical et extrémiste a volé le pouvoir aux citoyens et nous nous sommes retrouvés dans une situation catastrophique », a-t-il estimé, avant de tracer sa feuille de route.
« Déporter des millions et des millions de criminels sans papier »
Donald Trump a confirmé son intention de signer « plusieurs décrets historiques » d’ici la fin de journée. Il entend « décréter l’état d’urgence nationale au niveau de la frontière mexicaine ». « Toutes les entrées irrégulières seront interrompues. Nous allons lancer le processus pour déporter des millions et des millions de criminels sans papiers vers leur pays », a-t-il promis, tandis que les cartels de drogue seront désormais considérés comme « organisations terroristes étrangères ».
Virage économique
« Je vais déclarer un état d’urgence énergétique. Nous allons forer, forer et encore forer ! », a martelé le nouveau Commander in chief. En parallèle, la Maison-Blanche a confirmé la sortie des Etats-Unis de l’Accord de Paris sur le climat.
S’étant engagé durant sa campagne à stopper l’inflation, Donald Trump a aussi annoncé la fin du « Green New Deal », la vaste politique d’investissement vers la transition écologique mise en place par Joe Biden. Le président souhaite également « taxer les pays étrangers pour enrichir les Américains. »
Chantre d’une Amérique manufacturière, Donald Trump a promis de « développer l’industrie automobile à un rythme jamais vu auparavant », tout en brocardant la voiture électrique. « En d’autres termes, vous allez pouvoir acheter la voiture que vous voulez ! »
« Arrêter d’injecter du genre et de l’ethnie dans tous les aspects de notre vie »
Sur le plan international, il assure vouloir « reprendre le contrôle du canal de Panama », estimant que cette voie maritime que relie le Pacifique et l’Atlantique est désormais aux mains des Chinois. « Très prochainement nous allons changer le nom du Golfe du Mexique qui va devenir le Golfe des Amériques », a-t-il déclaré.
« Cette semaine je vais mettre un terme à la politique gouvernementale qui cherche à injecter du genre et de l’ethnie dans tous les aspects de notre vie », a encore lâché le magnat de l’immobilier. « Nous allons forger une société qui ne voit pas la couleur et qui se fonde sur le mérite. À partir d’aujourd’hui, la politique officielle des Etats-Unis est qu’il y a deux genres : homme et femme. »
« Le peuple américain s’est exprimé »
« Beaucoup de personnes pensaient qu’il était impossible pour moi de faire un tel come-back, mais comme vous le voyez je suis là. Le peuple américain s’est exprimé », s’est félicité le septuagénaire. « Je suis la preuve vivante qu’il ne faut jamais croire que quelque chose est impossible. Aux Etats-Unis, l’impossible c’est ce que nous faisons de mieux. »
Quelque 500 personnes, triées sur le volet dont de nombreux officiels, étaient présentes dans la Rotonde du Capitole, vaste pièce circulaire où trône notamment une statue de George Washington, le premier président des Etats-Unis, pour assister à « l’inauguration présidentielle », selon la formule consacrée. Le milliardaire a fait son entrée sous les vivats de ses plus fervents soutiens, notamment les grands patrons de la tech, Elon Musk, Jeff Bezos et Mark Zuckerberg. Les trois anciens présidents des Etats-Unis encore en vie étaient également présents : Bill Clinton, George W. Bush et Barack Obama.
Le président sortant Joe Biden est arrivé en compagnie de sa vice-présidente, Kamala Harris, candidate malheureuse du camp démocrate à la présidentielle de novembre. Côté français, Bernard Arnault, le PDG de LVMH, avec plusieurs membres de sa famille, a pu être aperçu dans la foule.
« Sauvegarder, protéger et défendre la Constitution des Etats-Unis »
Le vice-président choisi par Donald Trump, James David Vance, dit J. D. Vance, a été le premier à prêter serment : « Je jure solennellement que je soutiendrai et défendrai la Constitution des Etats-Unis contre tous ses ennemis externes ou intérieurs ». Puis est venu le tour du nouveau locataire de la Maison-Blanche.
« Moi, Donald Trump, je jure solennellement de remplir fidèlement les fonctions de président des Etats-Unis et, dans toute la mesure de mes moyens, de sauvegarder, protéger et défendre la Constitution des Etats-Unis. Que Dieu me vienne en aide », a déclaré Donald Trump. À ses côtés son épouse Melania Trump, en long manteau bleu nuit, le regard dissimulé sous un canotier de même couleur à ruban blanc, a tenu les deux bibles sur lesquels le président a prêté serment, l’une offerte par sa mère dans son enfance, l’autre ayant appartenu à Abraham Lincoln.