DC: President Donald Trump executive order signing in the Oval Office
US President Donald Trump speaks during an executive order signing in the Oval Office of the White House in Washington, DC, US, on Monday, March 31, 2025. The order directs the Federal Trade Commission to work with the Department of Justice to ensure that competition laws are enforced in the concert and entertainment industry, and pushes state consumer protection authorities on enforcement. Photographer: Al Drago/Pool/Sipa USA/60498491/AD/2504011356

Etats-Unis : « Sur le plan constitutionnel, un troisième mandat de Donald Trump est strictement impossible »

Dimanche, Donald Trump a assuré dans une interview qu'il ne « blagu(ait) pas » quand il répète qu'il envisage de briguer un troisième mandat présidentiel. Interrogé sur un éventuel scénario dans lequel le vice-président JD Vance se présenterait à l'élection présidentielle et céderait ensuite sa place à Donald Trump, le président américain a répondu que c'était « une » méthode, ajoutant qu'il « y en avait d'autres ». Explications avec Lauric Henneton, spécialiste des Etats-Unis.
Steve Jourdin

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A quoi joue Donald Trump ? De tels scénarios sont-ils vraiment envisageables ? Lauric Henneton, maître de conférences à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines et spécialiste des Etats-Unis, revient sur une tactique pensée par la Maison Blanche visant à « faire diversion » et « détourner l’attention des Américains » des vrais enjeux. Entretien.

Ce n’est pas la première fois que Donald Trump fait ce genre de commentaires… il est vraiment sérieux ?

Donald Trump aime une chose par-dessus tout : que l’on parle de lui. C’est sa grande force, il sait capter l’attention des médias, notamment pour détourner l’attention de sujets embarrassants. Dans l’affaire du « Signal Gate », sa défense a été chancelante. Et lorsqu’il est en difficulté, il excelle à créer une nouvelle controverse pour semer la confusion. C’est ce qu’il fait en l’espèce : il détourne l’attention des Américains et des médias en créant un contrefeu.

Vous ne prenez pas cette perspective d’un troisième mandat au sérieux ?

Sur le plan constitutionnel, cependant, un troisième mandat est strictement impossible. Le 22e amendement de la Constitution, ratifié en 1951, prévoit que « personne ne peut être élu plus de deux fois au poste de président ». C’est une disposition qui a été poussée par les républicains après Franklin D. Roosevelt, qui avait effectué quatre mandats. Avant lui, deux mandats étaient une convention, initiée par George Washington, une figure quasi sacrée aux États-Unis.

Après la Seconde Guerre mondiale, les républicains ont voulu limiter à deux mandats pour éviter qu’un président ne reste trop longtemps au pouvoir. L’amendement a été adopté en 1951 et, depuis, personne n’a brigué un troisième mandat… car c’est tout simplement interdit. Cela dit, une ambiguïté subsiste : le texte ne précise pas si les mandats doivent être consécutifs.

Il y a cet éventuel scénario, dans lequel le vice-président J.D Vance se présenterait à l’élection présidentielle et céderait ensuite sa place à Donald Trump. Est-ce possible ?

Certains suggèrent effectivement que Trump pourrait contourner l’interdiction constitutionnelle en devenant colistier d’un autre candidat, comme J.D. Vance, puis en prenant sa place une fois élu. C’est une stratégie qui rappelle Vladimir Poutine et Dmitri Medvedev en Russie. Mais cette option est elle aussi impossible : le 12e amendement stipule que quiconque est inéligible au poste de président l’est aussi pour celui de vice-président.

 

Est-ce que cette affaire signifie qu’un retour de Barack Obama ou de Bill Clinton pourrait être envisagé aussi côté démocrate ?

La différence est que des figures comme Barack Obama respectent la lettre de la loi. Pour lui, deux mandats suffisent, c’est la règle. De plus, la fin d’un second mandat est souvent perçue comme une libération. Trump, aujourd’hui âgé de 78 ans, arriverait à 82 ans à la fin d’un hypothétique troisième mandat, ce qui va à l’encontre de ce qu’il reprochait à l’époque à Joe Biden. Même si sa base militante lui reste fidèle, il reste ensuite à se faire réélire : l’évolution de l’économie et les politiques menées d’ici 2028 pourraient peser sur une éventuelle candidature.

Donald Trump et Elon Musk ont réagi à la condamnation de Marine Le Pen, le président faisant la comparaison avec son expérience personnelle de la justice et le patron de Tesla parlant d’un « abus du système judiciaire ». Qu’est-ce que cette comparaison vous inspire ?

Trump et son entourage voient ce qu’il se passe en France de très loin. Le président ne connaît pas vraiment Marine Le Pen mais fait le parallèle entre les poursuites judiciaires et les candidatures électorales. Ce qu’il retient, c’est l’idée de persécution. Pour lui, la justice s’attaque aux leaders qui défendent le « vrai peuple » contre l’élite. Il s’inscrit dans une rhétorique populiste globale, présentant les juges et les institutions comme des obstacles mis en place pour empêcher les « défenseurs du peuple » de gouverner. C’est un narratif efficace pour mobiliser ses partisans, tant aux États-Unis qu’à l’international.

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