Paris : Speech of Emmanuel Macron at La Sorbonne

Europe : le discours d’Emmanuel Macron peine à convaincre la presse étrangère

Ce jeudi 25 avril, le président de la République a prononcé un discours long d’1h45 sur l’Europe, dans lequel il a fait le bilan des sept dernières années, et dressé les défis à venir. « Notre Europe est mortelle » a notamment averti le chef de l’Etat, une expression qui fait beaucoup réagir nos homologues européens et internationaux, qui ont semblé assez interloqués par le vocable du locataire de l’Elysée.
Alexis Graillot

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Lorsque l’on évoque le nom du président de la République à l’étranger, on décrit plutôt une personnalité optimiste que crépusculaire. Pourtant, sept ans après le discours « Sorbonne I », dans lequel Emmanuel Macron avait vanté sa vision de l’Europe, les médias étrangers se montrent beaucoup plus sévères à l’encontre du président français.

En 2017, un premier discours plutôt remarqué

Petit retour en arrière sur ce que disaient nos homologues dans la foulée de son premier discours, en ce même lieu, il y a presque sept ans : « Macron a fait preuve d’une initiative rare, sinon inédite, dans le chef d’un président français », vantait à l’époque La Libre Belgique. « Un nouvel horizon pour l’Europe », s’était réjoui le quotidien espagnol El Periodico.

Même chez les « sceptiques », on respectait le caractère conquérant du fraîchement élu chef d’Etat français, même si l’on pointait une vision quelque peu utopique : « Peut-être veut-il trop en faire. Et tout en même temps. Mais au moins, il veut quelque chose », concédaient alors nos confrères allemands de Die Welt.

Quant au quotidien progressiste The Guardian, alors même que le Royaume-Uni était en plein processus de sortie de l’UE, le journal avait salué « un discours qui vient à point, avec une vision à long terme », analysant l’impulsion « louable » de l’ancien ministre de l’Economie de François Hollande.

En 2024, un président « plus soucieux de son héritage »

A l’inverse, le nouveau souffle que semblait représenter l’optimisme affiché d’Emmanuel Macron, est bien redescendu. « Sept ans après son premier discours ambitieux, voire visionnaire, sur l’Europe prononcé à la Sorbonne, le président français voulait à nouveau faire date, mais a dilué sa vision de la construction européenne pour les dix prochaines années dans une dissertation longue, parfois technique, dont on peine par moments à deviner l’audience cible », décrypte La Libre Belgique. « Un discours tentaculaire », ironise outre-Atlantique, le Washington Post, en référence à la longueur du propos. « Au cours de son deuxième mandat à l’Elysée, après avoir traversé des crises sans fin, une pandémie, en pleine guerre sur le continent et une autre de l’autre côté de la Méditerranée, Macron propose une nouvelle version de sa doctrine européenne », décrit quant à lui La Repubblica, journal italien.

Du côté de Die Welt, on parle d’un président français « plus soucieux de son héritage », avec « la peur de perdre de l’importance ». « Contrairement à 2017, Macron n’arrive pas à proposer des concepts originaux pour l’avenir. Il ne peut échapper à la tension entre égoïsme national et solidarité européenne », continue encore le quotidien allemand. « Sept ans après, cette manifestation d’une sobriété européenne avec des teintes de nationalistes apparaît hypertrophiée. Et le président n’a pratiquement pas travaillé sur la démocratisation de l’UE et sur la façon de s’attaquer aux institutions continentales de la communauté », regrette quant à lui, El Periodico.

Derrière ces critiques sur le fond du discours, c’est bel et bien l’expression « Notre Europe est mortelle », qui a retenu l’attention de nos confrères. « Dramatisation volontaire » pour le quotidien suisse Blick, un « avertissement dramatique » pour le journal espagnol, El Pais. Comme si l’incarnation d’une Europe optimiste et tournée vers l’avenir qu’incarnait le chef de l’Etat au moment de sa prise de fonction, était désormais diluée par les nombreuses crises qu’ont traversé le vieux continent ces dernières années.

Outre-Manche, c’est plutôt la phrase sur le plan d’expulsion des demandeurs d’asile au Rwanda du Premier Ministre, Rishi Sunak, qui fait la une des différents médias britanniques : « Macron critique les programmes d’asile à la rwandaise quelques jours après l’adoption du projet de loi par le Royaume-Uni », souligne The Guardian. « Le président français a déclenché une querelle diplomatique majeure après avoir qualifié le projet phare d’immigration de « trahison » des valeurs européennes », évoque de son côté The Sun.

Dès lors, si le message du discours d’Emmanuel Macron était celui de créer l’engouement à l’extérieur des frontières de l’Hexagone, l’exercice n’a visiblement pas atteint son but. Mais était-ce bien là le message que souhaitait véhiculer le chef de l’Etat, lui qui assume clairement vouloir incarner une forme d’ « ambigüité stratégique », endossant la responsabilité du costume de chef de guerre ?

Dans la même thématique

Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu at the U.S. Capitol  –  24 Jul 2024
4min

International

Netanyahou devant le Congrès américain : « Une intervention complètement décalée », selon le politologue, Jean-Paul Chagnollaud

Pour sa quatrième intervention devant le Congrès américain, le Premier ministre israélien a exhorté son allié historique à intensifier son soutien dans la guerre contre le Hamas. Son intervention a été marquée par le boycott d’une soixantaine d’élus Démocrates, dont Kamala Harris, signe de la fin d’un appui inconditionnel à la politique de Benjamin Netanyahou, analyse le politologue, Jean-Paul Chagnollaud.

Le

Strasbourg : European Parliament session
4min

International

Les eurodéputés français en perte d’influence au Parlement européen

Les postes-clés dans les commissions du Parlement européen ont été distribués, ce mardi, entre les 720 eurodéputés. Au sein de la délégation française, le Rassemblement national a été isolé par le « cordon sanitaire », et les macronistes ont tenté de sauver les meubles. 

Le

Poland Abortion Protest
8min

International

Droit à l’avortement en Pologne : après un revers pour Donald Tusk, la partie n’est pas terminée

Le 12 juillet dernier, l’Assemblée nationale polonaise a rejeté à quelques voix près un texte dépénalisant l’avortement, dans un pays où il est très restreint. Une claque pour la coalition de Donald Tusk, qui en avait fait une promesse de campagne, et pour les militantes polonaises qui ont protesté dans les rues hier soir. Un rejet qui ne remet que partiellement en cause la capacité de la coalition opposée au PiS à mener ses réformes pour rétablir l’Etat de droit et un droit libre à l’avortement.

Le

La sélection de la rédaction

Paris : Speech of Emmanuel Macron at La Sorbonne
11min

Politique

Discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe : on vous résume les principales annonces

Sept ans après une allocution au même endroit, le président de la République était de retour à La Sorbonne, où il a prononcé ce jeudi 25 avril, un discours long d’1h45 sur l’Europe. Se faisant le garant d’une « Europe puissance et prospérité », le chef de l’Etat a également alerté sur le « risque immense » que le vieux continent soit « fragilisé, voire relégué », au regard de la situation internationale, marquée notamment par la guerre en Ukraine et la politique commerciale agressive des Etats-Unis et de la Chine.

Le