Européennes 2024 : « On entre dans une campagne où, pour la première fois, l’enjeu de la guerre est majeur »

Invité de la matinale de Public Sénat, l’ancien président du Conseil italien Enrico Letta plaide pour la construction d’une Europe de la défense. Face à la menace russe, « c’est notre sécurité pour l’avenir » qui se joue, alerte-t-il.
Rédaction Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Au lendemain de l’entretien télévisé d’Emmanuel Macron sur le soutien de la France à l’Ukraine, l’ancien président du Conseil des ministres d’Italie (équivalent d’un Premier ministre en France) Enrico Letta alerte lui aussi sur les dangers d’une victoire russe. Plus que la crédibilité de l’Europe, comme l’affirmait le président de la République hier, c’est « notre sécurité » qui est en jeu. « Ce que la Russie fait en Ukraine, elle peut le faire avec des pays autour », alerte celui qui préside désormais l’institut Jacques Delors.

Créant la polémique en France et auprès de ses voisins européens, Emmanuel Macron avait annoncé fin février ne pas exclure l’envoi de troupes françaises en Ukraine. Des déclarations auxquelles Enrico Letta ne s’oppose pas, même s’il affirme que « la question essentielle est d’éviter les divisions à l’intérieur de l’Europe ». Ce 15 mars, Emmanuel Macron tente d’ailleurs de réparer cette union en rendant visite au chancelier allemand Olaf Scholz à Berlin.

« C’est suicidaire d’acheter à 80 % nos fournitures militaires dans d’autres pays »

À quelques mois des élections européennes, « on entre dans une campagne où, pour la première fois, l’enjeu de la guerre est majeur », estime Enrico Letta. Un sujet au cœur du débat entre les huit principales listes, organisé ce 14 mars par Public Sénat.

Dans ce contexte, l’ancien président du Conseil des ministres italien estime que la défense doit devenir une compétence européenne. « Si on ne se met pas ensemble, on n’aura pas les moyens de défendre nos voisins, ou de se défendre nous-même », affirme-t-il.

Un chantier qui nécessite de renforcer l’industrie européenne de la défense, alerte Enrico Letta : « C’est suicidaire d’acheter à 80 % des fournitures militaires qui viennent d’autres pays, en ayant nous même une industrie de la défense qui donne des emplois à des centaines de milliers d’Européens. Dans ce moment de stagnation économique, c’est un sujet à ne pas laisser de côté. »

Réformer le droit de veto

Autre chantier à mettre d’urgence sur la table, selon l’ancien chef du gouvernement : les règles du droit de veto dans l’UE. Aujourd’hui, sur les sujets politiques sensibles, aussi bien les questions d’affaires étrangères que budgétaires, seul un vote à l’unanimité des 27 permet l’adoption d’un texte.

« Quand il y a de grands enjeux de politique étrangère et de défense, le plus petit pays peut mettre un veto et bloquer. Le veto est une attitude qui change complètement la façon de négocier à l’intérieur de l’Union, mais aussi l’image que vous donnez à l’extérieur », estime Enrico Letta. Un sujet d’autant plus important que la question de l’élargissement de l’Union européenne se pose, notamment pour l’Ukraine.

Dans la même thématique

FRANCE – COUNCIL OF MINISTERS MEETING JANUARY 27, 2025
1min

International

« Transformer Gaza en Côte d’Azur » : les déclarations de Trump sont « dangereuses pour la stabilité et le processus de paix », affirme Sophie Primas

Les déclarations de Donald Trump sur un projet d'occupation américaine de la bande de Gaza et le transfert des Palestiniens qui y vivent sont « dangereuses pour la stabilité et pour le processus de paix », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas à l’issue de du Conseil des ministres.

Le

Européennes 2024 : « On entre dans une campagne où, pour la première fois, l’enjeu de la guerre est majeur »
2min

International

Haut-Karabagh : une conférence au Sénat pour le « droit au retour » des Arméniens

Lundi soir, « l’association « le Concert pour la Paix en Arménie » organisait un colloque au Sénat sur le thème « le peuple arménien et son droit au retour sur ses terres ». La cause du peuple arménien mobilise depuis plusieurs années les élus de la chambre haute. L’année dernière, le Sénat avait adopté une proposition de résolution transpartisane visant à condamner l’offensive militaire menée par l’Azerbaïdjan dans le Haut-Karabagh.

Le