Après la chute de Bachar al-Assad et l’arrivée au pouvoir de rebelles en Syrie, plusieurs pays européens dont l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie, ont annoncé un gel des procédures de demandes d’asile. Plusieurs partis politiques ont également ouvert la voie au retour des réfugiés syriens dans le pays. Un débat qui soulève des questions politiques et juridiques.
Européennes 2024 : « On entre dans une campagne où, pour la première fois, l’enjeu de la guerre est majeur »
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Au lendemain de l’entretien télévisé d’Emmanuel Macron sur le soutien de la France à l’Ukraine, l’ancien président du Conseil des ministres d’Italie (équivalent d’un Premier ministre en France) Enrico Letta alerte lui aussi sur les dangers d’une victoire russe. Plus que la crédibilité de l’Europe, comme l’affirmait le président de la République hier, c’est « notre sécurité » qui est en jeu. « Ce que la Russie fait en Ukraine, elle peut le faire avec des pays autour », alerte celui qui préside désormais l’institut Jacques Delors.
Créant la polémique en France et auprès de ses voisins européens, Emmanuel Macron avait annoncé fin février ne pas exclure l’envoi de troupes françaises en Ukraine. Des déclarations auxquelles Enrico Letta ne s’oppose pas, même s’il affirme que « la question essentielle est d’éviter les divisions à l’intérieur de l’Europe ». Ce 15 mars, Emmanuel Macron tente d’ailleurs de réparer cette union en rendant visite au chancelier allemand Olaf Scholz à Berlin.
« C’est suicidaire d’acheter à 80 % nos fournitures militaires dans d’autres pays »
À quelques mois des élections européennes, « on entre dans une campagne où, pour la première fois, l’enjeu de la guerre est majeur », estime Enrico Letta. Un sujet au cœur du débat entre les huit principales listes, organisé ce 14 mars par Public Sénat.
Dans ce contexte, l’ancien président du Conseil des ministres italien estime que la défense doit devenir une compétence européenne. « Si on ne se met pas ensemble, on n’aura pas les moyens de défendre nos voisins, ou de se défendre nous-même », affirme-t-il.
Un chantier qui nécessite de renforcer l’industrie européenne de la défense, alerte Enrico Letta : « C’est suicidaire d’acheter à 80 % des fournitures militaires qui viennent d’autres pays, en ayant nous même une industrie de la défense qui donne des emplois à des centaines de milliers d’Européens. Dans ce moment de stagnation économique, c’est un sujet à ne pas laisser de côté. »
Réformer le droit de veto
Autre chantier à mettre d’urgence sur la table, selon l’ancien chef du gouvernement : les règles du droit de veto dans l’UE. Aujourd’hui, sur les sujets politiques sensibles, aussi bien les questions d’affaires étrangères que budgétaires, seul un vote à l’unanimité des 27 permet l’adoption d’un texte.
« Quand il y a de grands enjeux de politique étrangère et de défense, le plus petit pays peut mettre un veto et bloquer. Le veto est une attitude qui change complètement la façon de négocier à l’intérieur de l’Union, mais aussi l’image que vous donnez à l’extérieur », estime Enrico Letta. Un sujet d’autant plus important que la question de l’élargissement de l’Union européenne se pose, notamment pour l’Ukraine.
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