Et si la guerre en Ukraine connaissait dans les prochains mois un basculement vers la paix ? C’est en tout cas ce que souhaite le chancelier allemand Olaf Scholz qui a estimé, dans une interview le 8 septembre, « qu’il est temps maintenant de discuter de la manière dont nous pouvons sortir de cette situation de guerre et parvenir plus rapidement à la paix que ne le laissent penser les circonstances actuelles. Et c’est vrai, il est important que nous progressions. »
« Négocier une paix juste et durable »
Le chancelier allemand s’inscrit dans les pas du président ukrainien Volodymyr Zelensky qui a appelé la Russie à participer au sommet international pour la paix qu’il compte organiser en novembre. « Il faut négocier la paix mais pas une paix de soumission ni de défaite », estime Tobias Cremer, l’eurodéputé allemand, social-démocrate, et diplomate de profession, interrogé dans l’émission Ici l’Europe, sur France 24 et Public Sénat. « L’Ukraine est prête à négocier la paix mais pas la Russie donc il faut lui montrer qu’elle ne peut pas gagner cette guerre, et que c’est dans l’intérêt russe d’entamer ces pourparlers. »
Pour le général Christophe Gomart, élu eurodéputé sur la liste des LR, en juin dernier, « l’objectif doit être de continuer à soutenir l’Ukraine dans cette guerre afin qu’elle arrive dans un rapport de force favorable pour négocier une paix juste et durable. »
Vers une escalade du conflit ?
Alors que certains plaident pour une accélération du dialogue de paix, sur le terrain, on peut néanmoins craindre une escalade du conflit. Les Etats-Unis ont annoncé cette semaine réfléchir à autoriser Kiev à utiliser des missiles longue portée américains pour bombarder le territoire russe. Une réponse à la Russie qui renouvelle son arsenal en important des missiles balistiques iraniens.
Au risque d’alimenter l’escalade, l’Union européenne doit-elle soutenir la stratégie de l’armée ukrainienne d’étendre le conflit au territoire russe comme elle l’a fait cet été en prenant le contrôle de plus de 1000 km2 dans la région de Koursk en Russie ? « Si les Etats-Unis vont dans ce sens, il faut les soutenir », affirme l’eurodéputé allemand. « En juillet dernier, le Parlement européen a voté une résolution appelant à autoriser l’Ukraine à frapper les bases militaires russes qui participent au conflit. »
« Utiliser des missiles longue portée permet de frapper des cibles à 800 km, soit entre Lille et Marseille », précise Christophe Gomart. « Mais à l’échelle du territoire russe, ces missiles n’atteindront pas Moscou. Au mieux cela fera juste reculer la ligne logistique russe », estime l’ancien directeur du renseignement militaire français qui doute par ailleurs de la capacité européenne à fournir des munitions aux Ukrainiens. « Nous avions promis 1 million d’obus, nous en avons fourni à peine 300 000. Nous devons continuer à relancer l’industrie de défense européenne. »
« L’Ukraine n’est pas prête pour adhérer à l’Union européenne »
En pleine guerre face à la Russie, l’Ukraine milite pour adhérer à l’Union européenne. Volodymyr Zelensky, qui était aux côtés de la dirigeante italienne Giorgia Meloni, à Cernobbio le 7 septembre, a rappelé pour quelles raisons l’adhésion de son pays dans le club européen reste vitale pour l’Europe. « L’Ukraine doit être membre à part entière de l’Union européenne, de la famille européenne et de l’OTAN. Qu’est-ce que cela nous apporte ? Cela signifie que l’agression de la Russie ou de n’importe qui d’autre, ne pourra pas se reproduire. » Une adhésion qui ne fait pas l’unanimité au sein de l’UE. « L’Ukraine n’est pas prête pour une adhésion immédiate car elle ne remplit pas tous les critères, notamment dans la lutte contre la corruption… Il ne faut pas lui tenir de fausses promesses », estime Christophe Gomart.
La guerre en Ukraine occupe cette rentrée européenne et le discours du Premier ministre hongrois Viktor Orban, mercredi 18 septembre, pour la séance plénière de rentrée du Parlement européen à Strasbourg, sera à écouter attentivement. La Hongrie, qui occupe actuellement la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne, s’est souvent montrée réticente à l’aide à l’Ukraine et à son adhésion à l’Union européenne. En juillet dernier, tout juste arrivé à la tête du Conseil de l’UE, Viktor Orban s’était rendu à Moscou, de sa propre initiative, pour discuter de l’avenir de ce conflit avec Vladimir Poutine. Ce qui n’avait pas manqué d’irriter tous ses partenaires européens…