Frexit : “On ne va pas quitter la table de jeu européenne alors qu’on est en train de gagner la partie”, explique un eurodéputé RN

Un camp eurosceptique qui veut désormais changer l’Union européenne de l’intérieur quand les partis europhiles se mettent à défendre une souveraineté et un protectionnisme européens. On en parle dans l’émission Ici l’Europe sur France 24 et Public Sénat.
Alexandre Poussart

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Quelle place prendra l’extrême droite eurosceptique dans l’Union européenne ces 5 prochaines années ? C’est l’un des enjeux des prochaines élections européennes qui auront lieu le 9 juin en France. A un mois du scrutin, les sondages prédisent une poussée des deux groupes politiques nationalistes du Parlement européen : le groupe Identité et démocratie, qui accueille les eurodéputés français du Rassemblement national et l’AFD allemande et le groupe des Conservateurs Réformistes européens qui abrite, entre autres, les élus de Fratelli d’Italia, le parti de Giorgia Meloni, la cheffe du gouvernement transalpin. Au soir du 9 juin, ces deux groupes pourraient occuper plus de 20% des sièges du Parlement européen. 

Bloquer l’Union européenne de l’intérieur

Cette famille politique souverainiste propose de moins en moins de sortir de l’Union européenne, mais veut la bloquer de l’intérieur. “On ne va pas quitter la table de jeu européenne alors qu’on est en train de gagner la partie”, explique l’eurodéputé RN Philippe Olivier, interrogé dans l’émission Ici l’Europe sur France 24 et Public Sénat. “L’Union européenne ce n’est pas l’Europe. Nous proposons une alternative. Il faut un modèle de coopération européenne, réformer l’Union pour que les Etats-membres aient davantage de pouvoir. La commission européenne doit devenir un simple secrétariat du Conseil européen des 27.”

Toujours est-il que les Etats-membres gardent actuellement un certain pouvoir au sein de l’Union de l’européenne puisque chaque Etat dispose d’un droit de veto sur les décisions concernant de nombreux sujets comme les affaires étrangères et la défense, le budget européen et la fiscalité, l’élargissement de l’Union. 

Les europhiles défendent une souveraineté et un protectionnisme européens

Des europhiles, dans le passé très ouverts à la mondialisation, mais qui évoquent de plus en plus la notion d’une souveraineté européenne et d’un protectionnisme, à l’image du récent discours d’Emmanuel Macron à l’université de la Sorbonne sur “l’Europe qui protège”. “Ce protectionnisme est une idée française pour défendre des champions européens dans la mondialisation”, rappelle Karen Melchior, eurodéputée danoise, membre du groupe Renew Europe. “Il ne faut plus être naïfs quand on voit que nos concurrents dans le monde ne respectent plus les règles d’un commerce mondial équilibré : les Etats-Unis soutiennent massivement leur industrie et toutes les grandes entreprises chinoises sont publiques.”

“Cette souveraineté européenne ne peut pas fonctionner car il n’existe pas de peuple européen mais plusieurs nations et le paysage européen est en train de se recomposer autour des idées nationales”, estime Philippe Olivier. 

L’extrême droite néerlandaise va former un gouvernement de coalition

L’eurodéputé RN se réjouit qu’aux Pays-Bas, la formation d’extrême droite le parti pour la Liberté, ait réussi à former un gouvernement de coalition, après des mois de négociation, avec 3 autres partis dont la droite libérale du VVD, dont les eurodéputés siègent dans votre groupe Renew. “Cela montre bien que les digues sont en train de tomber…”

“En tant qu’élue Renew Europe, je n’aurai jamais conclu ce pacte avec l’extrême droite”, déplore Karen Melchior, “mais c’est un type d’alliance qu’on a déjà vu en Suède ou dans mon pays, le Danemark”, des pays où les système politiques reposent sur des alliances de gouvernement entre les principaux partis.

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