« Le plus grand ami qu’Israël n’a jamais eu à la Maison Blanche » a reçu une ovation lors de son arrivée au pupitre du Parlement israélien, lundi 13 octobre, alors que les 20 derniers otages vivants détenus par le Hamas ont été libérés ce matin, au terme de négociations qui se sont tenues la semaine dernière en Égypte. Donald Trump s’est ensuite envolé pour Charm el-Cheikh, où sont réunis une vingtaine de chefs d’État pour le Sommet de la paix à Gaza, qu’il coorganise avec le président égyptien Abdel-Fattah al-Sissi. Une réunion à laquelle Israël et le Hamas ne prendront pas part.
Benyamin Netanyahou promet de « concrétiser cette paix à Gaza »
Des salves d’applaudissements, les acclamations des parlementaires israéliens debout, le son tonitruant des trompettes. Donald Trump est reçu en héros ce matin à la Knesset, où il était attendu pour un discours sur l’accord de cessez-le-feu conclu avec le Hamas et la libération des otages israéliens et d’une partie des prisonniers palestiniens.
En guise de préambule, le président du Parlement, Amir Ohana a chanté les louanges de l’implication de Donald Trump dans l’histoire récente d’Israël : la reconnaissance des États-Unis de « la souveraineté israélienne sur l’ensemble de Jérusalem », le déplacement de l’ambassade américaine « vers la ville unifiée de Jérusalem », les accords d’Abraham en 2020 et les opérations menées cette année en Iran contre le développement de l’arme nucléaire. « Dans des milliers d’années, le peuple juif se souviendra de vous », salue Amir Ohana, avant de déclarer que « le monde a besoin aujourd’hui […] de plus de Donald Trump ».
« Vous êtes le président de la paix », affirme encore le président de la Knesset, des propos corroborés par Benyamin Netanyahou à son tour. Les deux hommes d’État israéliens précisent avoir soumis le nom du président américain au comité Nobel, dans la course au prix pour la paix. Celui de cette année était hautement convoité par le chef d’État américain, qui en revendiquait le mérite pour son implication dans la résolution de « huit conflits » dans le monde depuis son retour à la Maison Blanche. Mais il ne lui a pas été attribué, « une erreur grave », selon le chef de l’opposition Yaïr Lapid.
« Merci d’avoir été aux côtés d’Israël face aux mensonges propagés par les Nations Unies », avance le Premier ministre israélien, « malgré toutes les critiques, nous avions raison, le Hamas a fini par céder il y a deux semaines ». Sous la « direction » de Donald Trump, Benyamin Netanyahou assure que « nous pouvons forger de nouveaux traités de paix avec les pays arabes de la région et les pays musulmans au-delà », en poursuivant « l’élan initié lors des accords d’Abraham ». Précisant qu’Israël restera toujours « vigilant vis-à-vis de sa défense », le Premier ministre de l’État hébreu promet qu’ « ensemble, nous allons concrétiser cette paix à Gaza ».
« Merci Bibi, c’est du beau travail »
Aujourd’hui, « les fusils se taisent et le soleil se lève », annonce Donald Trump. Muni de son éternel sourire satisfait, l’hôte de la Maison Blanche célèbre « l’aube historique d’un nouveau Moyen Orient », aux termes d’une « ère de terreur et de mort ». Place désormais à « une harmonie perpétuelle pour Israël avec toutes les nations de ce qui sera bientôt une magnifique région ».
A son tour, il égrène des remerciements, sollicitant les applaudissements de l’hémicycle. En tête de sa liste : Benyamin Netanyahou, « un homme d’un courage et d’un patriotisme exceptionnels […], avec qui ce n’était pas facile de négocier […], mais c’est ce qui le rend si fort ». « Merci Bibi, c’est du beau travail », lâche-t-il à l’intention du Premier ministre israélien, siégeant au centre de l’Assemblée, en face de lui. Se tournant vers Isaac Herzog, le président de l’État hébreu, Donald Trump suggère un peu plus tard l’amnistie pour Benyamin Netanyahou, empêtré dans des affaires judiciaires : « J’ai une idée. Monsieur le président, pourquoi ne pas lui accorder une grâce ? ».
Alors qu’ils brandissent une pancarte « Reconnaissez la Palestine », deux députés arabe et juif, Atman Odeh et Ofer Cassif, du parti Hadash-Taal, sont interceptés et sortis de la salle. Brièvement interrompu, Donald Trump rit de cette expulsion : « Eh bien, c’était efficace ».
« La paix par la force »
Dans le sillage de ses auto-congratulations des dernières semaines, le président américain se félicite une nouvelle fois d’avoir mis fin « à huit guerres, en huit mois, y compris celle-ci ». Mais met néanmoins en garde : « Si nous devons rentrer en guerre, alors nous la gagnerons comme personne n’a jamais gagné une guerre auparavant. Nous ne serons pas politiquement corrects ». « Je pense que la paix passe par la force », complète-t-il, une position relayée par Benyamin Netanyahou avant lui.
« Les États-Unis possèdent l’armée la plus puissante du monde. Je peux vous dire que nous avons des armes dont personne n’a jamais rêvé. J’espère seulement que nous n’aurons jamais à les utiliser ». Des munitions auxquelles a fait appel Israël, relate Donald Trump : « Vous vous en êtes bien servis, et c’est votre force et votre puissance qui ont mené à la paix ».
La Palestine a « une occasion de se détourner du terrorisme »
A l’adresse des Palestiniens, Donald Trump expose un « choix très clair », « une occasion de se détourner du terrorisme et de la peur ». Et de les inviter à « se focaliser sur la construction de la société palestinienne, plutôt que d’essayer de détruire Israël ». « Il devrait désormais être clair pour tous dans la région que des décennies de terrorisme, d’extrémisme, de djihadisme et d’antisémitisme ont échoué. Elles n’ont pas fonctionné. Elles ont été un désastre. Elles n’ont fait que tuer et se sont complètement retournées contre leurs auteurs ».
Conformément à son plan pour la paix, Donald Trump insiste sur « le développement économique de la bande de Gaza », qui doit être « restaurée », précisant la volonté des États-Unis d’y participer : « On a la puissance, l’argent pour reconstruire, et vous allez avoir besoin d’argent ».
Dans son document en vingt points pour mettre un terme au conflit israélo-palestinien, l’hôte de la Maison Blanche impose également le désarmement du Hamas, ce sur quoi il est revenu à l’occasion de ce discours, précisant que « la sécurité d’Israël n’est plus menacée ». « Pour les Israéliens, les Palestiniens et d’autres, ce cauchemar long et douloureux est en train de prendre fin ». L’occasion aussi pour le président américain de remercier « tous ceux des pays du monde arabe et musulman qui se sont associés pour presser le Hamas de libérer les otages et les renvoyer chez eux ».
Une piste d’accord avec l’Iran ?
Complimenté à plusieurs reprises par la Knesset pour ses interventions en Iran, Donald Trump certifie que « les terroristes principaux du régime iranien ont été éradiqués ». L’opération « Midnight Hammer » était « la dernière chance d’anéantir » le projet nucléaire iranien, « alors qu’ils étaient à deux mois d’obtenir la bombe nucléaire », explique le président américain, « en faisant ça, on a écarté un nuage noir du Proche Orient et d’Israël ».
Mais « avant de s’occuper de l’Iran, il faut qu’on s’occupe de la Russie. On va y arriver ». Et d’ajouter, sûr de lui : « On a peut-être une chance de signer un accord avec l’Iran aussi », « même s’ils disent qu’ils ne veulent pas, moi je les connais et ils veulent un deal ».