Joint Press Conference by U.S. President Trump and Israeli PM Netanyahu at White House, Washington, District of Columbia, United States – 29 Sep 2025
Donald Trump et Benyamin Netanyahou à la Maison Blanche, le 29 septembre - Crédit : Jim Lo Scalzo/UPI/Shutterstock (15510138f)

Gaza : que contient le plan de Donald Trump pour mettre fin à la guerre ?

Après sa rencontre à la Maison Blanche avec Benyamin Netanyahou, Donald Trump a présenté un plan en vingt points pour mettre un terme au conflit qui ravage la bande de Gaza depuis près de deux ans. Un texte accepté par son homologue israélien, sous conditions.
Aglaée Marchand

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Il s’était montré déterminé à décrocher l’accord du Premier ministre israélien sur un plan de paix à Gaza. C’est désormais chose faite. L’hôte de la Maison Blanche a reçu Benyamin Netanyahou lundi 29 septembre. Une rencontre à l’issue de laquelle les deux dirigeants ont présenté un texte en vingt points pour arrêter la guerre sur le territoire palestinien. « Peut-être l’un des plus beaux jours de la civilisation », pour Donald Trump, qui espère une réponse « positive » du Hamas, qui a jusqu’à jeudi soir pour s’exprimer. Si les conditions sont acceptées par toutes les parties, « la guerre s’achèvera immédiatement ». La Maison Blanche a publié l’ensemble du document présenté par le chef d’État américain.

La libération immédiate des otages et prisonniers

En cas d’accord par Israël et le Hamas « dans les 72 heures suivant l’acceptation publique de cet accord », le plan prévoit que « tous les otages, vivants ou décédés, seront rendus ». Une fois ces libérations effectives, l’État hébreu libérerait « 250 prisonniers condamnés à la perpétuité ainsi que 1.700 Gazaouis détenus » depuis l’attaque du le 7 octobre 2023. Aussi, pour chaque dépouille d’otage israélien restituée, Israël s’engagerait à restituer celles de « 15 Gazaouis décédés ».

La démilitarisation du Hamas

Comme l’imposaient les mouvements de reconnaissance de l’État palestinien par l’Occident, ce plan suppose que « Gaza sera une zone déradicalisée et libérée du terrorisme, qui ne représentera pas une menace pour ses voisins ». Les membres du Hamas, ainsi exclu de la gouvernance du territoire palestinien, pourraient bénéficier « d’une amnistie » et « d’un droit de passage protégé vers le pays de destination », s’ils rendent les armes et acceptent une « coexistence pacifique ». Le plan prévoit que « toutes les infrastructures militaires, terroristes et offensives, y compris les tunnels et les installations de production d’armes, seront détruites et ne seront pas reconstruites ».

Le retour de l’aide humanitaire à Gaza

Dans l’enclave palestinienne « reconstruite au bénéficie de ses habitants, qui ont déjà bien trop souffert », l’acheminement d’aide humanitaire « complète » serait garanti. Les quantités seraient « au minimum conformes à celles incluses dans l’accord du 19 janvier 2025 » et comprendraient également la réhabilitation des infrastructures hydrauliques, électriques et d’assainissement, mais aussi « des hôpitaux et boulangeries », et les moyens techniques pour « ouvrir les routes ». La distribution de l’aide serait mise en place par « les Nations Unies et ses agences », « sans ingérence des deux parties ».

La gouvernance de la Palestine, présidée par Trump

Donald Trump ambitionne de mettre sur pied un comité « technocratique et apolitique », « composé de Palestiniens qualifiés et d’experts internationaux », supervisé par un Comité de la paix, lui-même présidé par le chef d’État américain et comptant parmi ses membres l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair. Le texte entrouvre la porte à un retour de l’Autorité palestinienne, à condition que celle-ci ait accompli un « programme de réformes », et « puisse reprendre le contrôle de Gaza de manière sûre et efficace ».

La dynamisation économique du territoire

Ce texte de paix comprend un plan « de développement économique pour reconstruire et dynamiser Gaza », prévoyant des propositions d’investissements et des projets immobiliers élaborés par « des groupes internationaux bien intentionnés », dans l’objectif de favoriser la création d’emplois et d’opportunités et de « construire un Gaza meilleur ». La mise en place d’une « zone économique spéciale » est aussi avancée, avec « des droits de douane préférentiels ». Un « plan Trump » qui rappelle les projets de « Gaza Rivera » du président américain, mais dont il n’exclut cette fois pas les Palestiniens, précisant que « personne ne sera forcé à quitter Gaza » et les encourageant « à rester », quand bien même la presque totalité des deux millions de civils habitants dans l’enclave a été contrainte à se déplacer depuis le début de la guerre.

Une « Force internationale de stabilisation » dans la région

Les États-Unis s’engagent à travailler « avec des partenaires arabes et internationaux », dans l’objectif d’ériger une « Force internationale de stabilisation », qui doit être déployée de manière immédiate à Gaza. Cette force œuvrerait avec Israël et l’Égypte, et formera et soutiendra des « forces de police palestiniennes », « pour aider à sécuriser les zones frontalières ». Progressivement, l’armée israélienne se retirerait du territoire palestinien, à mesure que cette force établirait « le contrôle et la stabilité ». Le plan compte aussi s’appuyer sur les partenaires régionaux « pour s’assurer que le Hamas, et les factions, respectent leurs obligations et que la nouvelle bande de Gaza ne constitue pas une menace pour ses voisins ou ses habitants ».

La piste d’un État palestinien pas écartée

Le texte envisage la création d’un État palestinien, emboitant le pas aux reconnaissances récentes par différents pays occidentaux, à l’instar de la France et du Royaume-Uni, en dépit de l’opposition de Benyamin Netanyahou réaffirmée ce mardi dans une vidéo publiée sur son compte Telegram, dans laquelle il assure que le principe de reconnaissance de la Palestine « n’est pas écrit dans l’accord ». Le plan avance pourtant qu’à mesure « que le redéveloppement de Gaza progresse et quand le programme de réforme de l’Autorité palestinienne est fidèlement mis en œuvre, les conditions pourraient enfin être réunies pour ouvrir une voie crédible vers l’autodétermination et la création d’un État palestinien, que nous reconnaissons comme étant l’aspiration du peuple palestinien ». Si une telle situation venait à se présenter, « les États-Unis établiront un dialogue entre Israël et les Palestiniens pour convenir d’un horizon politique pour une coexistence pacifique et prospère ».

Des avancées saluées à l’international

Les réactions ne se sont pas fait attendre. Huit pays arabes, dont l’Égypte, l’Arabie saoudite, la Turquie et le Pakistan, se sont empressés de saluer, dans un communiqué, les « efforts sincères » du président des États-Unis pour « mettre fin à la guerre ». De leurs côtés, les médiateurs qataris et égyptiens ont déclaré avoir transmis le plan de paix aux négociateurs du Hamas, dont la réponse se fait toujours attendre. De son côté, l’Autorité palestinienne a reconnu les « efforts sincères et déterminés » du président américain et lui accorde sa confiance pour « trouver un chemin vers la paix ».

En Occident aussi, le plan de Donald Trump a été salué par ses homologues. Le chancelier allemand Friedrich Merz l’a qualifié de « meilleure chance pour mettre fin à la guerre à Gaza ». Emmanuel Macron, qui a fait de la solution à deux États son étendard, souhaite « qu’Israël s’engage résolument sur cette base. Le Hamas n’a pas d’autres choix que de libérer immédiatement tous les otages et suivre ce plan », a-t-il écrit sur X. En Espagne, le Premier ministre Pedro Sanchez, qui s’est positionné ouvertement contre l’offensive israélienne en Palestine, a affirmé qu’ « il est temps que la violence cesse, que tous les otages soient immédiatement libérés et qu’un accès à l’aide humanitaire soit donné à la population civile ». Celui qui a reçu dans le faste Donald Trump au Royaume-Uni mi-septembre, a dit soutenir « fermement » ses efforts « pour mettre fin aux combats, libérer les otages et garantir la fourniture d’une aide humanitaire d’urgence à la population », Keir Starmer a insisté sur une « priorité absolue ». A la tête du Conseil de l’Union européenne, Antonio Costa a exhorté chaque partie de ce plan à « saisir ce moment pour donner une véritable chance à la paix ». Même discours du côté du gouvernement italien de Giorgia Meloni.

Des réserves du côté israélien

Si le Premier ministre de l’État hébreu a fait savoir qu’il soutient cet accord « pour mettre fin à la guerre à Gaza, qui nous permet d’atteindre nos buts de guerre », il a néanmoins émis des réserves, et alerté : « Si le Hamas rejette votre plan, M. le Président, ou s’ils disent l’accepter mais font ensuite tout pour le bloquer, Israël va terminer le travail ». Donald Trump l’a assuré de son « soutien total », en cas de refus du mouvement islamiste. En Israël, les réactions différent. Le Forum des familles d’otages a salué « un accord historique », là où certains alliés d’extrême droite de Benyamin Netanyahou ont fustigé cette annonce, le ministre Bezalel Smotrich a condamné un « échec diplomatique retentissant » qui oublie les « leçons du 7 octobre ».

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