Censure du gouvernement Barnier : la crise politique française vue par la presse étrangère
Ironie anglaise, incompréhension danoise et sévérité américaine : tour d’horizon des commentaires de la presse étrangère sur la situation politique française.
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L’agroécologie n’a pas le vent en poupe en ce moment au sein des instances européennes. Mi-novembre, la Commission européenne a décidé de prolonger jusqu’en 2033 l’autorisation du glyphosate, pesticide classé « cancérogène probable » par l’Organisation mondiale de la santé. Cette décision se base sur une étude de l’Agence de sécurité alimentaire européenne qui estime ne pas avoir identifié dans l’utilisation de cette molécule un « domaine de préoccupation critique » chez les humains, les animaux et l’environnement.
Une prolongation dénoncée par les écologistes. « Je pense que l’opinion publique est très déçue par ce qui a été décidé. Des écosystèmes entiers sont menacés par ces pesticides et notamment par le glyphosate », rappelle Nicolae Stefanuta, eurodéputé roumain, membre du groupe Les Verts, interrogé dans l’émission Ici l’Europe, sur France 24 et Public Sénat. « Evidemment qu’il faut réduire les intrants mais il faut avoir une vision qui tient compte de notre sécurité alimentaire », lui a répondu Anne Sander, eurodéputée française, membre du groupe PPE (Parti populaire européen), à la droite de l’hémicycle, favorable à la prolongation du glyphosate. « Cela aurait été irresponsable d’interdire totalement le glyphosate. Il faut l’interdire dans les parcs publics, chez les particuliers mais pas dans le monde agricole car les mauvaises herbes peuvent tuer nos cultures. »
Cette prolongation a été décidée par la Commission européenne, en l’absence d’une majorité qualifiée d’Etats-membres (65 %) pour ou contre la prolongation de l’autorisation de cette molécule. 7 pays se sont abstenus dont la France. « Cela correspond bien au en même temps d’Emmanuel Macron sur le glyphosate », critique Anne Sander. « En 2017, il promettait de l’interdire en 3 ans, avant d’y renoncer, et maintenant de ne pas prendre position. » 17 Etats-membres ont voté pour la prolongation du glyphosate et notamment des pays d’Europe de l’Est. Nicolae Stefanuta n’est pas surpris. « Le gouvernement de mon pays, la Roumanie, milite pour l’autorisation des néonicotinoïdes, tueurs d’abeilles. Dans nos supermarchés, les produits biologiques ont du mal à se faire une place dans les rayons à côté des produits de l’agriculture intensive, alors qu’ils pourraient être compétitifs niveau prix. »
Autre défaite pour les écologistes européens, le rejet par le Parlement européen d’un texte phare du Pacte Vert européen, défendu par la Commission européenne, qui prévoyait de réduire l’usage des pesticides de 50 % d’ici à 2030. Les élus du PPE, des groupes d’extrême droite mais aussi certains socialistes et libéraux se sont opposés à ce texte. « Le projet a été vidé de sa substance » explique Nicolae Stefanuta, qui y voit aussi un contexte électoral. « D’ici aux élections européennes de juin prochain, la droite européenne, alliée à l’extrême droite, va tout faire pour rejeter toute législation environnementale. »
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