Guerre en Ukraine : après les déclarations de Donald Trump, « les Ukrainiens sont en état de choc »

Le président américain multiplie les attaques contre son homologue ukrainien, l’accusant notamment d’être « un dictateur sans élections ». « Des déclarations d’une grande violence », dénonce la présidente du groupe d’amitié France-Ukraine au Sénat, Nadia Sollogoub. La sénatrice recevait une délégation de parlementaires ukrainiens cette semaine, trois ans après le début de la guerre.
Rédaction Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Depuis son appel avec Vladimir Poutine le 12 février, avec l’objectif d’ouvrir les négociations pour un cessez-le-feu en Ukraine, Donald Trump multiplie les déclarations hostiles à l’égard de Volodymyr Zelensky. « Vous n’auriez jamais dû commencer la guerre », a-t-il lancé à des journalistes ce 18 février, depuis sa résidence de Floride. Le lendemain, le président américain a lancé une nouvelle salve d’accusations contre son homologue ukrainien, le qualifiant de « dictateur sans élections ».

« Ce sont des déclarations d’une grande violence. Les Ukrainiens sont en état de choc, les Européens aussi. On a l’impression que les choses s’accélèrent », s’inquiète la sénatrice centriste Nadia Sollogoub. Présidente du groupe d’amitié France-Ukraine au Sénat, l’élue a reçu cette semaine une délégation de parlementaires ukrainiens : « La délégation est totalement transpartisane, donc il y a également des représentants de l’opposition à Volodymyr Zelensky. Mais tous, unanimement, ont été frappés par la violence de ces propos. »

« Tout le monde, y compris l’opposition, reconnaît que Zelensky tient bon depuis le premier jour »

Reprenant la rhétorique du Kremlin, Donald Trump a en effet critiqué l’absence d’élections en Ukraine depuis le début de la guerre en février 2022, alors que le mandat du président aurait dû expirer en mai 2024. « Tout le monde peut parfaitement comprendre pourquoi », répond Nadia Sollogoub, « comment peut-on organiser des élections quand les hommes sont mobilisés au front, qu’une partie de la population est à l’étranger et qu’on ne connaît pas les frontières précises du pays ? »

Pour le président américain, en dépit de la guerre, Volodymyr Zelensky repousse l’organisation d’élections en raison de son impopularité. Ce mardi, il a affirmé que la cote de popularité du président ukrainien était tombée à 4 %. Une fake news grossière. Après trois ans de guerre, malgré plusieurs controverses notamment sur sa gestion des militaires, la confiance dans Zelensky s’établit à 57 %, selon un sondage réalisé début février par l’Institut international de sociologie de Kiev. « Tout le monde, y compris l’opposition, reconnaît qu’il tient bon depuis le premier jour », affirme Nadia Sollogoub.

« Il faut que la France existe, il est impensable qu’on disparaisse »

Après une réunion informelle organisée avec plusieurs chefs d’Etats européens ce lundi et ce mercredi, Emmanuel Macron reçoit ce 20 février les chefs de partis pour évoquer avec eux l’ouverture des négociations sur la fin de la guerre. La Maison Blanche a également fait savoir qu’il était attendu aux Etats-Unis « en début de semaine prochaine ». Une façon pour la France, oubliée avec l’Union européenne dans les négociations pour la résolution du conflit, d’essayer de rester dans le jeu.

« Il faut que la France existe, il est impensable qu’on disparaisse », observe Nadia Sollogoub. Pour la sénatrice, au-delà du cessez-le-feu, l’action de la France et de l’Europe doit par ailleurs plus que jamais se concentrer sur « une aide vraiment opérationnelle » : « En matière d’énergie par exemple, ce n’est pas le tout de dire qu’on va basculer l’Ukraine sur l’électricité européenne, il faut que nos réseaux soient en cohérence. »

Trois ans après le début de l’invasion russe, la sénatrice participera ce dimanche à un rassemblement organisé par plusieurs collectifs à Paris. Plusieurs manifestations sont prévues dans toute la France.

Partager cet article

Dans la même thématique

Guerre en Ukraine : après les déclarations de Donald Trump, « les Ukrainiens sont en état de choc »
4min

International

Chercheurs américains en Europe : « Une vaste comédie », selon cette eurodéputée insoumise  

L’Union européenne débloque 500 millions d’euros pour attirer les chercheurs américains maltraités par Donald Trump. Mais cette enveloppe est-elle suffisante ? L’Union a-t-elle les moyens d’accueillir des chercheurs américains alors que sa propre recherche manque de financements ? On en débat cette semaine dans l’émission Ici l’Europe, sur France 24, LCP et Public Sénat.

Le

Frappes israéliennes en Iran : un revers pour la diplomatie de Trump ?
7min

International

Frappes israéliennes en Iran : un revers pour la diplomatie de Trump ?

Les bombardements israéliens sur une série de sites iraniens durant la nuit écoulée viennent questionner l’état de la relation entre Washington et l’État hébreu, qui ont connu une série de hauts et de bas lors des derniers mois. Ce vendredi, Donald Trump a choisi de mettre la pression sur Téhéran.

Le

Pakistan Iran Mideast Wars
5min

International

Frappes israéliennes : « Israël veut replacer l’Iran comme l’ennemi principal de la région »

Cette nuit, Israël a frappé à de nombreuses reprises des sites nucléaires et des dirigeants de l'armée iranienne en justifiant une « menace nucléaire ». L’Iran a riposté avec une centaine de drones lancés vers le territoire israélien. Les attaques se sont poursuivies dans la journée. Pour Bernard Hourcade, directeur de recherche émérite au CNRS et spécialiste de l’Iran, la justification d’Israël n’est qu’une « façade » et vise à occulter la question palestinienne. Selon lui, cette série d'attaques va renforcer l’isolement d’Israël. Entretien.

Le

Iran nuclear water reactor of Arak
6min

International

Attaques d'Israël contre l'Iran : ce que l'on sait du programme nucléaire de Téhéran

Israël a invoqué la menace nucléaire pour justifier une série d’importants bombardements sur le sol iranien. Accusée de ne plus respecter depuis plusieurs années l’accord conclu en 2015 sur ses capacités nucléaires, Téhéran disposerait désormais du matériel nécessaire à la construction d’une bombe, selon des conclusions de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

Le