« Nous sommes très clairement à un point de bascule », a estimé Emmanuel Macron, en préambule de sa conférence de presse où il a dévoilé « la vision commune » « d’une paix par la force » des participants du sommet de Paris. Etaient réunis dans la capitale Française, une trentaine de dirigeants de pays de l’Union européenne et de l’Otan alliés de l’Ukraine, également Volodymyr Zelensky mais pas de représentants des Etats-Unis.
Comme il en a pris l’habitude depuis l’investiture de Donald Trump, Emmanuel Macron a pris soin de ne pas braquer le président américain, « un allié fiable », saluant ses efforts dans la recherche d’un accord de la Russie pour un cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours avec les Ukrainiens. « Le président Trump attend une réponse claire de la Russie. Si la Russie ne vient pas, il se sentira floué et trahi, à juste titre. Et il devra réagir », a-t-il estimé, jouant la carte de la rationalité pour infléchir la position américaine sur le dossier ukrainien. Cependant, si le chef de l’Etat a indiqué « espérer » un soutien des Américains, ça ne l’empêche pas de se « préparer au pire ». « Il nous faut nous préparer à un scénario, qui n’est pas celui qu’on souhaite, mais qui est de devoir totalement agir seuls pour nous-mêmes. Ça s’appelle la sortie de l’état de minorité géopolitique. C’est une bonne chose pour l’Europe ».
La « force de réassurance » ne fait pas l’unanimité
Le chef de l’Etat a ensuite qualifié l’action des Européens de « complémentaires » à ces négociations en faveur d’un cessez-le-feu. Tout d’abord, les participants du sommet de Paris ont unanimement décidé de maintenir leur soutien à l’Ukraine « pour s’assurer que la paix qui sera négociée puisse être solide et durable pour les Ukrainiens et l’ensemble des Européens ».
Pour ce faire, le Président a annoncé l’envoi « d’une force de réassurance » en Ukraine, un outil de dissuasion acté sur proposition franco-britannique. Toutefois, la proposition ne fait pas l’unanimité des membres du sommet de Paris. Ces forces en provenance « de quelques Etats » seront « présentes dans des endroits stratégiques pré-identifiés avec les Ukrainiens qui signeraient un soutien dans la durée, une réassurance des armées et auront un caractère de dissuasion à l’égard d’une potentielle agression russe », a-t-il défini précisant qu’elles n’avaient « pas vocation à être des forces de maintien de la paix », ni « à être des forces présentes sur la ligne de contact », « ni se substituer aux armées ukrainiennes ».
La France et la Grande Bretagne à la tête de la coalition
Au préalable, une « mission franco-britannique en Ukraine » va être envoyée sur place. Avec le Premier ministre britannique Keir Starmer, Emmanuel Macron va désormais piloter les efforts de cette coalition de pays, qui comprend des Etats européens, mais aussi le Canada, à laquelle participent les institutions de l’UE et l’Otan. « Le Premier ministre britannique et moi-même donnons mandat à nos chefs d’état-major des armées pour que nos équipes franco-britanniques puissent être déléguées dans les prochains jours en Ukraine […] pour préparer justement dans tous les domaines ce que sera le format de l’armée ukrainienne de demain » : « Quelle armée de terre ? Quelle capacité maritime ? Aérienne ? Quel format en termes de taille, d’équipements, pour pouvoir répondre à une éventuelle agression russe ? », a-t-il développé.
« Le temps n’est pas à la levée des sanctions »
Alors que la Russie a fixé comme conditions à la mise en œuvre d’un cessez-le-feu, la levée de certaines sanctions prises contre elle en raison de son assaut en Ukraine qui dure depuis plus de trois ans, les Etats participant au sommet de Paris ont décidé « de manière unanime que « le temps n’était pas à la levée des sanctions ». « Il ne saurait y avoir une politique de levée des sanctions avant que la paix ne soit clairement établie », a insisté le chef de l’Etat qui a en outre fait part d’une décision d’accélérer le versement des « prêts décidés en G7 » par l’UE en faveur de l’Ukraine. Emmanuel Macron assure, par ailleurs, que les 2 milliards d’aide militaire pour l’Ukraine annoncés hier, étaient « tout à fait soutenables » pour l’économie française.
Enfin, Emmanuel Macron a dit souhaiter que le président chinois Xi Jinping « puisse avoir un rôle tout à fait actif » en faveur de la paix en Ukraine. « Compte tenu de la qualité du dialogue qui est le sien avec la Russie, compte tenu de l’initiative de paix qu’il avait prise en lien avec le Brésil il y a quelques mois ».