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Family, friends and army comrades gather to mourn Ukrainian army paramedic Nazarii Lavrovskyi, 31, killed in the war, during his funeral ceremony at Lisove cemetery in Kyiv, Wednesday, April 24, 2024. Lavrovskyi, who served in the 244th battalion of the 112th Separate Territorial Defense Brigade, was killed April 18 while helping to evacuate wounded troops from the frontline in the Kharkiv area of eastern Ukraine. (AP Photo/Francisco Seco)/FS102/24115536790930//2404242024

Guerre en Ukraine : « La Russie ne manifeste aucune intention de cesser ses frappes sur la population civile »

Verrons-nous des formateurs français sur le sol ukrainien ? Le sujet, discuté depuis plusieurs mois, est sensible, alors qu’une réunion en visio entre les ministres de la défense français et ukrainien sur l’envoi d’instructeurs a donné lieu à des déclarations contradictoires. Le Général Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la revue Défense nationale, estime qu’il s’agit d’une simple « question de timing ».
Steve Jourdin

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Après que le commandant en chef de l’armée ukrainienne a affirmé que la France allait envoyer « prochainement » des instructeurs sur le terrain, Kiev a précisé que le sujet était « toujours en discussion » avec Paris. Est-ce que cela traduit une évolution de la position française ?

Il s’agit simplement d’une question de timing. La discussion téléphonique entre Sébastien Lecornu et son homologue ukrainien était l’occasion de faire un point sur un certain nombre de sujets, dont celui de l’envoi éventuel d’instructeurs. Mais la priorité n’est pas là. Il s’agit de consolider les processus en cours, comme la livraison de nouveaux équipements, notamment des canons Caesar, des bombes A2SM et des missiles SCALP.

L’heure est aussi à la formation. Des pilotes ukrainiens sont actuellement formés sur le sol français, ils sont pris en charge par notre armée de l’air et cela prend du temps. La première phase de leur formation s’est faite au Royaume-Uni. Ils s’entraînent désormais sur des avions à réaction dans l’hexagone avant de partir pour la Roumanie où ils apprendront à manier des avions de combat F-16. Il faut bien comprendre que tout cela prend du temps.

 

Volodymyr Zelensky effectue une visite dans plusieurs capitales européennes cette semaine. Il était à Bruxelles ce mardi, après une étape à Madrid et avant de partir pour Lisbonne. Le président ukrainien vient signer des accords bilatéraux de sécurité. Est-ce que cela illustre la faiblesse des accords conclus entre l’Ukraine et l’Union européenne ?

Ces accords bilatéraux sont complémentaires des accords conclus avec l’Union européenne. La Belgique s’est engagée ce mardi à livrer 30 avions de combat F-16 d’ici 2028. Juste avant cela, Zelensky était en Espagne pour conclure une cession de matériel espagnol. Dans ces processus, l’Union européenne a une mission de coordination, notamment au niveau logistique, car les armes doivent traverser toute l’Europe avant de rejoindre le territoire ukrainien. L’Union européenne a un rôle de facilitateur, et vient appuyer les accords bilatéraux conclus entre les pays membres et l’Ukraine.

 

Kiev réclame de pouvoir utiliser des armes occidentales pour le frapper territoire russe. Le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg s’y est déclaré favorable. Est-ce que les lignes sont en train de bouger à ce sujet ?

C’est un débat qui ne peut que s’accentuer, car la Russie ne manifeste aucune intention d’arrêter la guerre ou de cesser ses frappes sur la population civile. L’attaque de samedi à Kharkiv contre un hypermarché de bricolage montre bien que Moscou ne prend aucune précaution pour épargner la population civile. Jusqu’à présent, les Ukrainiens n’ont utilisé que des armes de fabrication ukrainienne pour « taper » sur le sol russe.  Mais après deux ans de guerre, la question du recours à des armes occidentales se pose, même si cela pourrait faire le jeu de Vladimir Poutine qui tente de renvoyer la responsabilité de la guerre sur l’Occident et sur l’Otan.

 

L’Ukraine réclame des systèmes anti-missiles et anti-aériens Patriot américains, arguant n’avoir à l’heure actuelle qu’un quart des moyens dont elle a besoin. Pourquoi les livraisons de matériel trainent autant ?

Les pays européens ont besoin de ce matériel pour eux-mêmes, afin de faire face à l’agressivité russe. N’oublions pas que les JO de Paris sont dans quelques semaines, et nous avons besoin de matériel pour défendre notre propre territoire. Par ailleurs, la superficie de l’Ukraine est telle qu’il est impossible de couvrir l’ensemble du territoire contre les attaques aériennes, comme le fait par exemple Israël avec son Dôme de fer. Les systèmes de défense anti-aériens sont très couteux, et la fabrication de missiles prend du temps. Nous sommes en train de monter en puissance afin de livrer davantage d’armes aux Ukrainiens, mais cela ne peut pas se faire du jour au lendemain. Nos stocks étaient jusque-là calibrés pour une « période de paix », qui est désormais révolue.

 

Les 15 et 16 juin aura lieu en Suisse un sommet sur la paix. 90 pays ont déjà confirmé leur participation. Que faut-il en attendre sachant que la Russie n’y participera pas ?

Cela sera l’occasion de voir qui soutient vraiment l’Ukraine. L’une des questions posées est de savoir quelles sont les concessions qui pourraient être mises sur la table dans le cadre d’un processus de paix. En agressant l’Ukraine, la Russie a violé le droit international. Si l’Ukraine acceptait des concessions territoriales, cela reviendrait à consacrer la loi du plus fort. Cette conférence ne débouchera pas sur la paix, mais elle servira à faire un état des lieux, entre les soutiens indéfectibles à l’Ukraine que sont l’UE et l’Otan, et ceux qui sous couvert de pacifisme reprennent à leur compte la ligne du Kremlin.

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