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Guerre en Ukraine : « L’ultimatum de Donald Trump ne va pas forcer Poutine à revenir à la table des négociations »

Lundi 28 juillet, le président américain, Donald Trump a mis en garde son homologue russe lui donnant un délai de « 10 à 12 jours » pour proposer un règlement du conflit en Ukraine. Un durcissement de la rhétorique de Donald Trump qui semble néanmoins voué à l’échec faute de moyens de pression sur Vladimir Poutine.
Henri Clavier

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« Il n’y a aucune raison d’attendre. Nous ne voyons aucun progrès », a déclaré Donald Trump le 28 juillet. Le président des Etats-Unis a envoyé un ultimatum à Vladimir Poutine lui accordant « environ 10 à 12 jours » pour formuler une proposition de résolution du conflit russo-ukrainien. Le 14 juillet Donald Trump avait fixé un délai de 50 jours. En cas de non-respect du délai, le président républicain menace la Russie de nouvelles sanctions économiques et de « sanctions secondaires » contre les pays tiers qui achètent encore les produits russes. Des menaces qui concernent principalement les hydrocarbures et pourraient prendre la forme d’une hausse des droits de douane.

Donald Trump s’est dit « très déçu » par le président russe qui poursuit ses attaques en Ukraine. « Je pensais vraiment que cela allait s’arrêter. Mais à chaque fois que je pense que cela va s’arrêter il tue des gens », a-t-il commenté, ajoutant : « Cela ne m’intéresse plus vraiment de discuter » avec lui.

Le Kremlin a assuré ce mardi 29 juillet maintenir son « engagement en faveur d’un processus de paix » en Ukraine, au lendemain d’un nouvel ultimatum de Donald Trump à Vladimir Poutine pour mettre fin à l’offensive russe lancée il y a plus de trois ans.

« Donald Trump veut absolument arriver à un cessez-le-feu car c’est l’une de ses principales promesses de campagne »

Avec ce nouveau coup de pression, Donald Trump semble acter une forme de revirement sur la question ukrainienne. Bien loin de l’humiliation subie par Volodymyr Zelensky dans le bureau ovale quelques semaines après le retour de Trump à la Maison Blanche, le président américain avait semblé plus enclin à afficher son soutien à l’Ukraine. Le 14 juillet, Donald Trump validait d’ailleurs une livraison d’armes au profit de l’Ukraine et notamment des précieux systèmes antimissiles Patriot. Néanmoins, il ne s’agit que d’armes défensives et ces dernières ont été payées par des pays tiers et notamment par l’Union européenne.

« Donald Trump veut absolument arriver à un cessez-le-feu car c’est l’une de ses principales promesses de campagne. Son deuxième objectif est également de séparer la Chine et la Russie, c’est pour ça qu’il y a eu un jeu de séduction avec Poutine au début de la deuxième administration Trump », estime Romuald Sciora, chercheur associé à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et spécialiste des Etats-Unis.

Un soudain empressement qui cache l’incapacité de Donald Trump à obtenir une résolution pacifique du conflit russo-ukrainien comme de la guerre en cours à Gaza. « Il a été obligé de durcir un peu le ton en évoquant un délai de 50 jours puis de 10 à 12 jours, mais aujourd’hui Trump est un peu piégé avec le dossier Epstein qui fait la une de l’actualité, donc il essaye de détourner l’attention », continue Romuald Sciora.

Un ultimatum sans réel moyen de pression ?

Malgré l’intensification de la pression américaine durant la période estivale, la Russie a multiplié les frappes de missiles balistiques et de drones sur le territoire ukrainien. Ces frappes ont atteint un niveau record avec plus d’une centaine de missiles et de drones s’abattant chaque jour. Le 18è paquet de sanctions européennes n’a d’ailleurs pas permis d’atténuer l’intensité des combats. « Ce n’est pas tellement la temporalité de l’ultimatum qui est importante que ce sur quoi il pourrait être basé. Il peut y avoir des sanctions via des tarifs douaniers, notamment contre les pays tiers, mais la Russie n’a eu de cesse de s’adapter à ces sanctions et donc il y a peu de chances qu’elles soient décisives du point de vue russe », explique Emmanuel Dupuy, président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE). Pour l’instant, la Russie a largement réussi à minimiser les conséquences des sanctions occidentales, notamment en matière énergétique où la Russie a recours à une « flotte fantôme » pour contourner les sanctions. Un système dans lequel les pays tiers sont essentiels et qui explique la volonté des Etats-Unis de sanctionner ces Etats facilitant le contournement des sanctions par la Russie en leur appliquant des tarifs.

« L’ultimatum de Donald Trump ne peut pas forcer Poutine à revenir à la table des négociations, cela a été montré en envoyant une délégation à Istanbul, non pas pour discuter des modalités d’un cessez-le-feu, mais uniquement pour discuter de la libération de prisonniers », pointe Emmanuel Dupuy.

Un bras de fer difficilement tenable pour l’Ukraine

Sans réel moyen de pression, difficile d’imaginer la Russie relâcher son étau sur l’Ukraine. Même si le porte-parole du Kremlin a réagi mardi 29 juillet et regretté un « ralentissement » de la normalisation des relations entre Washington et Moscou, la Russie reste en position de force. « On est dans une impasse, la Russie n’a aucune intention de négocier, l’Ukraine ne peut que résister », déplore Emmanuel Dupuy. Un constat partagé par Romuald Sciora qui estime que « ce que fait Vladimir Poutine est compréhensible, il essaye, jusqu’au bout, de grignoter le territoire ukrainien pour être en position de force le jour où il décidera de négocier un cessez-le-feu »

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