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Le couple français Cécile Kohler et Jacques Paris, emprisonné en Iran depuis 2022 pour des accusations d’espionnage, a été condamné à de lourdes peines de prison, vingt ans et dix-sept ans a annoncé mardi la justice iranienne.
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Par Romain David
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L’Ukraine et les Etats-Unis de nouveau autour de la table des négociations. Responsables ukrainiens et américains ont entamé ce mardi 11 mars, en Arabie saoudite, de nouvelles discussions autour d’un cessez-le-feu avec la Russie. Il s’agit de la première entrevue à ce niveau entre les deux pays après l’échange particulièrement houleux entre le président ukrainien Volodymyr Zelensky et Donald Trump, dans le bureau ovale de la Maison-Blanche, fin février. Depuis, Washington a décidé de suspendre l’aide militaire accordée à Kiev, alors que les Etats-Unis restent de loin leur premier donateur, une séquence rythmée par les déclarations tous azimuts du président américain qui, tout en semblant vouloir se rapprocher de la Russie, a également menacé Moscou de sanctions bancaires et douanières.
À quelques heures de l’entrevue de Djeddah, l’Ukraine a lancé une attaque massive de drones contre Moscou, la plus importante depuis le début du conflit, faisant au moins trois morts et 18 blessés. Cette offensive intervient alors que les forces du Kremlin semblent sur le point de reprendre Koursk, ville russe tombée sous contrôle ukrainien depuis sept mois. Pour le Général Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire de l’ONU et spécialiste des relations internationales, « chacun se prépare pour arriver à la table des négociations en position de force. »
« Il s’agit d’abord d’une reprise de contact, qui pourrait éventuellement aboutir à la signature d’un accord autour des ressources minières de l’Ukraine, celui-là même que Volodymyr Zelensky était censé signer lorsqu’il s’est rendu aux Etats-Unis en février. De leur côté, les Américains veulent voir ce que Kiev est prêt à mettre sur la table pour avancer vers une paix durable. Sans doute vont-ils insister sur la question des frontières, et le fait que les zones sous contrôle russe devront rester russes, un sujet très sensible pour les Ukrainiens.
Il fallait un lieu neutre, sans implication directe ou indirecte dans le conflit. Il y a déjà eu, par le passé, des négociations fructueuses à Djeddah sur des échanges de prisonniers entre la Russie et l’Ukraine. Cela montre qu’il y a sur place des canaux de discussions qui fonctionnent plutôt bien.
Effectivement, nous ne sommes plus vraiment au même niveau de tension qu’il y a deux semaines. Il est normal dans une négociation de commencer par faire monter la pression, avant de laisser les choses s’apaiser, même si l’épisode de la Maison-Blanche était totalement inédit de par sa brutalité. Les Américains ont probablement cherché à mettre en difficulté le président ukrainien. En face, Volodymyr Zelensky a commis l’erreur de se présenter seul face à Donald Trump et au vice-président J.D. Vance. Son staff ne lui a été d’aucune utilité contre leurs attaques.
Depuis, il a multiplié les déclarations de sympathie à l’égard des Etats-Unis car il sait bien, malgré le sursaut européen, qu’il ne pourra pas se passer de leur soutien militaire. Aujourd’hui, les Ukrainiens se présentent aux Américains, qui ont fait du cessez-le-feu un prérequis à toute négociation, avec une proposition de trêve dans les airs et sur les mers, car ce sont deux terrains d’affrontement assez facile à contrôler. En vérité, ce sont les Européens qui ont élaboré ce plan.
Ces frappes sont une manière pour les Ukrainiens de rappeler de quoi ils sont capables. Vous ne pouvez pas entrer dans une négociation à plat ventre.
En tentant de reprendre Koursk, Moscou essaye de priver Kiev de sa principale monnaie d’échange dans les futurs pourparlers
Sur le plan matériel, les Ukrainiens auraient, semble-t-il, encore suffisamment de munitions pour un mois. En revanche, c’est dans le domaine du renseignement que l’absence du soutien américain se fait déjà sentir. Les Russes ont recommencé à avancer dans l’oblast de Koursk, où il y a des inquiétudes sur un possible encerclement des forces ukrainiennes. En tentant de reprendre cette ville, tombée aux mains de l’armée ukrainienne après une incursion sur le sol russe en août dernier, Moscou essaye de priver Kiev de sa principale monnaie d’échange dans les futurs pourparlers. Finalement, chacun se prépare pour arriver à la table des négociations en position de force.
C’est une illusion complète. Russie et Chine ont des intérêts communs, jamais ils ne se tourneront le dos. Ils ont des liens importants d’interdépendance ; pour faire simple, les matières premières sont en Russie et les usines en Chine. Il faut également se souvenir que les Brics [groupe géopolitique réunissant dix pays dont la Russie, la Chine, le Brésil et l’Inde, ndlr] ont été lancés en 2009 à l’initiative de Moscou pour en finir avec l’hégémonie économique américaine.
Je ne pense pas que la vision stratégique de Donald Trump s’inscrive dans le long terme. Il cherche d’abord à faire des coups, en fonction des situations. Aujourd’hui, les Américains veulent un cessez-le-feu en Ukraine, et pour cela le président américain tape sur ses pions, multiplie les zigs et les zags afin d’obtenir ce qu’il veut le plus rapidement possible.
Cela reviendrait à tordre le bras de Vladimir Poutine, et ce serait un revirement complet par rapport à la politique de rapprochement qu’ils ont déployée depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche. »
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