Le texte de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur, finalisé le 6 décembre, a été dévoilé cette semaine par la Commission européenne. Il prévoit une réduction drastique, voire la suppression des droits de douanes sur des quotas de produits fabriqués de part et d’autre de l’Atlantique. La France continue de s’opposer à ce texte, alors que les volumes de denrées agricoles concernés soulèvent l’inquiétude de nombreuses filières.
Guerre en Ukraine : « Si Poutine s’en remet à l’arme nucléaire, c’est le signe qu’il n’a pas les moyens de résister autrement »
Par Steve Jourdin
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Ce mardi, le président russe Vladimir Poutine a signé un décret élargissant les possibilités de recours à l’arme nucléaire. Est-ce que l’on se rapproche de l’utilisation de cette dernière ?
Poutine fait de la communication de crise. Cela montre la faiblesse de sa position : s’en remettre à l’arme nucléaire est le signe qu’il n’a pas les moyens de résister autrement. Cela ne signifie pas qu’il va l’utiliser, car il risque d’en être empêché par des pays comme la Chine. Ce que l’on constate, c’est qu’après trois ans de guerre la Russie n’a réussi à conquérir que 20 % du territoire ukrainien. Kiev résiste toujours, et Poutine n’a pas les moyens de réaliser ce qu’il envisageait au début de son offensive. Il n’est fort que de nos faiblesses, et nous devons maintenir le rapport de force avec lui.
Que sait-on des capacités nucléaires de la Russie ?
Ce sont des capacités considérables. La Russie possède environ 5000 ogives. A l’été 2023, elle a déployé des armes nucléaires tactiques au Bélarus. Si Poutine décide de recourir au nucléaire militaire, le fera-t-il avec des armes tactiques ou des armes stratégiques, capables de détruire des villes comme Washington ou New-York ? Jusqu’à présent, il disait qu’il n’utiliserait l’arme atomique que si les intérêts vitaux de la Russie étaient touchés. Au départ, on pensait qu’il faisait référence à d’éventuelles attaques menées contre le territoire russe. Mais on a vu depuis l’offensive ukrainienne sur Koursk que sa menace n’avait pas été suivie d’effets.
Le président américain Joe Biden a donné il y a quelques jours son feu vert à Kiev pour utiliser les missiles américains sur le territoire russe. Quelle sera l’efficacité d’une telle décision ?
Il s’agit d’autoriser à frapper la Russie en profondeur, car ces missiles sont déjà utilisés par l’Ukraine en Crimée, que la Russie considère comme un territoire russe, mais qui n’en est pas un. Il faut noter que l’autorisation américaine a été uniquement annoncée dans la presse américaine. Il n’y a pas eu de communiqué de la part de la Maison-Blanche et cela est très significatif. Faire fuiter de telles informations dans la presse est une façon pour Washington de tester la réaction russe.
D’un point de vue pratique, l’utilisation de ces missiles va beaucoup aider l’Ukraine. On parle d’engins qui peuvent aller jusqu’à 300 kilomètres au sein du territoire russe. Ils portent des charges allant de 150 à 200 kilos et peuvent créer des dégâts importants, notamment sur des objectifs comme les aérodromes d’où partent les avions russes, ou encore sur des sites logistiques contenant du carburant et des munitions. L’Ukraine va ainsi pouvoir ralentir l’approvisionnement des forces russes.
Ce mardi marque le millième jour de l’invasion russe. Où en sont les combats sur le terrain ?
Les fronts avancent toujours très lentement. Les Russes mettent le paquet dans la région du Donbass, qu’ils ont officiellement annexé en septembre 2022. Il serait du plus mauvais effet pour Poutine de ne pas arriver aux négociations de l’année prochaine sans occuper physiquement les territoires qu’il a décrété être les siens, notamment les quatre oblasts de Donetsk, Kherson, Louhansk et Zaporijjia. Dans ces derniers, les situations sont inégales, mais de manière générale les Ukrainiens sont en difficulté. De leur côté, les Russes progressent extrêmement lentement. Ils subissent beaucoup de pertes. Selon les services britanniques, la Russie déplore 600 000 morts et blessés depuis le début de l’invasion en 2022. C’est considérable.
La victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine semble avoir accéléré dans les esprits l’idée que 2025 sera l’année des négociations de paix. Que faut-il attendre de ces futurs pourparlers ?
Il ne s’agira pas à mon sens de négociations de paix mais bien de discussions en vue d’un cessez-le-feu. C’est ce que Donald Trump semble vouloir obtenir. Mais il n’est pas certain que la Russie accepte de se plier à cette demande. Ce sera la première épreuve du président élu, qui va devoir montrer qu’il est le patron dans ce dossier. Si la Russie refuse de céder et d’arrêter les combats, Washington devra mettre encore plus de poids dans le rapport de force sur le terrain. En avril 2022, un accord avait été envisagé par la médiation de la Turquie. Il prévoyait une cessation des combats et le lancement de discussions étalées sur plusieurs années pour régler les différends territoriaux. Une telle formule pourrait être remise à l’ordre du jour l’année prochaine.
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