Entre les Etats-Unis et l’Ukraine, les discussions reprennent. L’émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a annoncé ce 6 mars qu’il rencontrerait une délégation ukrainienne en Arabie saoudite dès la semaine prochaine, pour échanger sur les pistes d’un cessez-le-feu avec la Russie.
La fin de la guerre en Ukraine pourrait-elle se négocier prochainement à Riyad ? « On voit très difficilement comment il peut y avoir un accord », observe le général Dominique Trinquand, sur le plateau de Public Sénat.
« Je ne crois pas à un arrêt des combats sur les termes actuellement posés par la Russie »
Pour l’ancien chef de la mission militaire de l’ONU, malgré la bienveillance américaine à l’égard du Kremlin, les conditions posées par la Russie à la fin des combats ne permettront pas de parvenir au cessez-le-feu. « Je ne crois pas à un arrêt des combats sur les termes actuellement posés par la Russie, qui refuse tout : pas d’Ukraine dans l’OTAN, des frontières définies par la Russie, une Ukraine démilitarisée, pas d’Européens en Ukraine… », énumère-t-il.
Pour le général Trinquand, la suspension de l’aide militaire américaine à l’Ukraine risque même de ralentir le processus de paix : « Donald Trump pense faire céder les Russes, mais à mon avis il ne les connaît pas. Au contraire, ils vont aller encore plus loin. M. Lavrov [le ministre russe des Affaires étrangères], partant sur des bases de négociation qu’il a établies lui-même, va forcément vouloir plus. »
Ce 7 mars, Donald Trump amorce en tout cas un changement de discours vis-à-vis de Vladimir Poutine. Sur son réseau social Truth Social, le président des Etats-Unis a menacé la Russie de « sanctions bancaires » et de « droits de douane à grande échelle », « jusqu’à ce qu’un cessez-le-feu et un accord définitif sur la paix soient conclus ».
Missiles antiaériens, missiles de longue portée… L’Europe peine à se substituer à l’aide américaine en Ukraine
Sur le front, la suspension de l’aide militaire décidée par Donald Trump pourrait en revanche avoir des conséquences dramatiques. « Quand vous n’avez plus d’images satellites, vous ne savez plus d’où partent les missiles. Les Ukrainiens vont donc utiliser un maximum de missiles antiaériens pour intercepter les missiles russes, mais comme les Américains n’en livrent plus, les stocks vont s’épuiser », explique Dominique Trinquand.
L’Union européenne, qui a validé ce 6 mars un vaste plan de 800 milliards d’euros pour muscler sa défense, peut-elle se substituer à la puissance militaire américaine ? « Financièrement, je crois que oui. Mais dans le domaine du matériel… L’Europe n’a pas de missiles à longue portée, elle dépend des Etats-Unis. Elle a aussi très peu de missiles antiaériens. Mais petit à petit, l’outil industriel européen s’adapte. Il faut à la fois aider l’Ukraine et renforcer la défense européenne, cela demande un effort considérable », souligne le général.
Devant les sénateurs, ce 5 mars, le ministre des Armées s’était voulu rassurant quant aux capacités de l’industrie française à faire face à ces nouveaux défis. « Entre 2026 et 2030, désormais, les industries françaises uniquement en matière de munitions pourront absorber 7 milliards d’euros de commandes qui n’ont pas encore été passées, soit pour nous-même soit pour de l’export », a ainsi affirmé Sébastien Lecornu. La preuve, selon le ministre, que « l’économie de guerre fonctionne ».