Alors que les Ukrainiens demandent à leurs alliés de pouvoir utiliser les armes livrées pour viser le territoire russe, Kiev a été victime ces dernières semaines de bombardements intensifs. Une accélération du conflit qui tranche avec les déclarations du président Volodymyr Zelensky qui peaufine son plan de paix, et avec celles du président russe qui affirme « être prêt à négocier » la paix.
Guerre Israël-Hamas : le Hezbollah « maintient la pression sans déclencher les hostilités »
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Ce vendredi 3 novembre, les regards étaient tournés vers lui, dans l’attente de son discours. Hassan Nasrallah, chef de la puissante milice libanaise du Hezbollah, s’est exprimé sur la télévision nationale pendant une heure, pour la première fois depuis l’attaque du Hamas en Israël le 7 octobre. Une prise de parole attendue, qui pouvait entraîner le Liban dans une véritable guerre contre l’État hébreu et acter l’embrasement d’une région toute entière.
À l’image du Hamas, la raison d’être du Hezbollah reste la disparition de l’État d’Israël, elle est donc aussi considérée comme une organisation terroriste par de nombreux Etats. La milice, créée en 1982 lors de l’invasion du sud-Liban par Israël lors de la guerre civile libanaise, fait partie de ce qu’elle nomme « l’axe de la résistance » : alliance politique et militaire entretenue entre l’Iran et les milices qui lui sont alliées partout au Moyen-Orient, du Hamas au Jihad islamique palestinien, en passant par les Houthis au Yémen.
Une force de frappe plus puissante que celle du Hamas
« Nous sommes dans la bataille depuis le 8 octobre », a affirmé Hassan Nasrallah. Les tensions à la frontière entre Israël et le Liban s’intensifient en effet à mesure que le conflit progresse, les échanges de tirs ont déjà fait 71 morts au Liban – dont 53 combattants du Hezbollah, selon un décompte de l’AFP – et 9 morts dont 8 soldats israéliens, selon les autorités de l’État hébreu.
Mais les moyens dont dispose le Hezbollah pour attaquer Israël sont bien plus conséquents que les roquettes et missiles antichar aujourd’hui utilisés. « Israël sait que la force du Hezbollah est plus grande que celle du Hamas. Ils comptent autour de 50 000 combattants, 120 000 roquettes d’une portée de 20 à 40 kilomètres et environ 2 000 missiles balistiques de longue portée capables de toucher tout le territoire israélien », énumère Pierre Razoux, directeur académique de la Fondation méditerranéenne d’études stratégiques.
Une puissante force de frappe, qui a le pouvoir de faire basculer le pays tout entier dans le conflit. Mais, selon Pierre Razoux, le discours du leader du Hezbollah ce 3 novembre n’avait pas une allure de déclaration de guerre : « Par son message, Nasrallah se pose en homme politique responsable, en disant que si les Israéliens ne provoquent pas le conflit, le Hezbollah ne le déclenchera pas ».
« La population libanaise ne veut pas d’une nouvelle guerre »
Stratégiquement, la milice chiite semble ainsi sur une ligne de crête. « Le Hezbollah cherche à maintenir un certain niveau de tension par des escarmouches, sans franchir les lignes rouges israéliennes que sont l’infiltration dans son territoire pour capturer des otages et le tir de missiles balistiques et de roquettes de longue portée sur les grandes villes israéliennes », analyse Pierre Razoux.
Pour l’historien, cette relative mesure du Hezbollah dans son intervention contre Israël s’explique par au moins deux raisons. D’abord, « maintenir la pression à la frontière libanaise oblige Israël à mobiliser un tiers de ses soldats sur ce front ».
Le second argument tient davantage à la situation interne du Liban, miné depuis des années par une crise économique et politique. « La population libanaise ne veut surtout pas d’une nouvelle guerre, c’est un État failli ou plus rien ne fonctionne. S’il entrait en guerre, le Hezbollah sait que la population du sud-Liban – face aux bombardements israéliens – devrait se réfugier dans le reste du pays. Mais la situation économique est tellement catastrophique partout, qu’ils n’auraient nulle part où aller », estime Pierre Razoux. S’il était attendu par la communauté internationale, le discours d’Hassan Nasrallah s’est aussi adressé aux Libanais. « Le message de Nasrallah dans son discours, c’est clairement : l’intérêt du Hezbollah c’est avant tout le Liban », affirme l’historien.
Attaque contre les États-Unis
Alors que le Secrétaire d’Etat américain Antony Blinken entamait ce 3 novembre sa seconde visite en Israël, les déclarations d’Hassan Nasrallah ont également visé les Etats-Unis. Le chef du Hezbollah a exhorté les Américains à « stopper la guerre à Gaza », tout en estimant que le pays devait assumer « l’entière responsabilité » de la guerre en cours dans l’enclave palestinienne.
« Vous, les Américains, savez très bien que si une guerre se produisait dans la région, ni votre flotte, ni les combats aériens ne vous seront utiles (…). Vos intérêts, vos soldats et votre flotte seront les victimes et les plus grands perdants », a-t-il menacé. Si le discours du leader de la milice libanaise n’acte pas pour le moment la généralisation du conflit dans le Moyen-Orient, Hassan Nasrallah affirme tout de même que « toutes les options seront ouvertes et examinées » pour la suite de la guerre.
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