Après la chute de Bachar al-Assad et l’arrivée au pouvoir de rebelles en Syrie, plusieurs pays européens dont l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie, ont annoncé un gel des procédures de demandes d’asile. Plusieurs partis politiques ont également ouvert la voie au retour des réfugiés syriens dans le pays. Un débat qui soulève des questions politiques et juridiques.
Haut-Karabakh : « On est témoins d’une effroyable incapacité des grandes puissances à faire respecter le droit international »
Par Ella Couet
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Que se passe-t-il actuellement dans le Haut-Karabakh ?
Ce que l’on sait, c’est qu’il y a eu une offensive de la part de l’Azerbaïdjan, qui était prévue, préparée et préméditée, et que cette offensive intervient dans un moment où les relations sont tendues entre l’Arménie et la Russie. Cette tension est liée à deux facteurs. D’abord, l’Arménie vient d’effectuer des manœuvres militaires, sur son propre sol, conjointement avec les Etats-Unis. Le Kremlin n’est pas dupe, il sait que ces manœuvres le concernent aussi au moins en termes de réduction de son influence. Ensuite, l’Arménie a inscrit à son ordre du jour la ratification du Statut de Rome et cela ne plaît pas à la Russie. De son côté, l’Azerbaïdjan profite de ce moment pour chercher à enregistrer une victoire politique à savoir obtenir la reconnaissance par l’Arménie de son intégrité territoriale et la démilitarisation des Arméniens du Karabakh.
Y a-t-il une volonté de « nettoyage ethnique » derrière les actions de l’Azerbaïdjan ?
Cette dimension est là, évidemment. Ce qu’on ne sait pas, c’est jusqu’où ira l’Azerbaïdjan, le régime Aliev ira-t-il jusqu’à massacrer une population ? Je ne pense pas, mais il y a différentes façons de terroriser une population. La population du Haut-Karabakh a légitimement le droit d’avoir peur d’être l’objet d’un nettoyage ethnique. C’est pour cela qu’ils sont autant sur la défensive, parce qu’ils craignent un massacre. C’est sûrement pour cette raison que les autorités du Karabakh ont décidé qu’il valait mieux rendre les armes, et c’est ce qu’ils ont fait, sous l’égide de la Russie, en acceptant les conditions d’une reddition en vue d’ouvrir des négociations.
Quelles sont les issues possibles de ces négociations ?
J’en vois plusieurs. On peut par exemple imaginer que Bakou reconnaisse dans le Haut-Karabakh une forme d’autonomie culturelle et linguistique, et qu’on lui accorde un ensemble de droits en tant que minorité. Mais on peut tout aussi bien imaginer une reddition totale du Karabakh et une normalisation de ce territoire dans l’Azerbaïdjan. Tout dépend de si les différentes parties arrivent à trouver un compromis : dans ce cas, on peut imaginer que la région obtienne au mieux une forme d’autonomie. En revanche, s’il n’y en a pas, on peut imaginer une évacuation, ou de fortes répressions de la part de Bakou. Et tout cela dépend également de la communauté internationale : sera-t-elle passive, ou décidera-t-elle d’agir en faveur d’une protection d’une minorité conformément au Droit international ?
Peut-on espérer une prise de position forte de la part de la communauté internationale ?
Permettez-moi d’en douter. Quand on parle de la communauté internationale, il y a deux éléments qui entrent en compte : les tensions entre la Russie et l’occident, liées à la guerre en Ukraine, et la garantie du respect du droit international. Demain se rassemble le Conseil de Sécurité de l’ONU sur le sujet du Haut-Karabakh à la demande de la France. Ce n’est pas la première fois que le Conseil est saisi à ce sujet, et à chaque fois il n’en est rien sorti. Cette fois-ci, c’est un peu différent, il est obligé de tenir compte du cessez-le-feu mais cela ne signifie pas qu’il en sortira nécessairement quelque chose. Il y a trois scénarios possibles, lors de cette réunion du Conseil. Soit il y aura seulement une discussion, et c’est tout, comme les fois précédentes. Soit il y aura une discussion suivie d’une déclaration, soit il y aura une discussion suivie d’une résolution. L’issue n’est pas sûre, cela dépend également de savoir si la Russie et ou la Chine, en tant que membres permanents au Conseil de sécurité, feront ou pas usage de leur droit de véto.
Ces événements ont lieu sur un fond de guerre en Ukraine, avec une communauté internationale très fragmentée et dans un monde de plus en plus éclaté. En fait, la communauté internationale fait preuve d’un grand cynisme. On est témoins d’une effroyable incapacité des grandes puissances à faire respecter le droit international. Il est probable que le Conseil de Sécurité cherche à apaiser les esprits compte tenu de l’annonce d’un cessez-le-feu. Je ne vois pas pourquoi il y aurait une bonne surprise pour les Arméniens. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’Azerbaïdjan a tout fait pour obtenir un cessez-le-feu le plus tôt possible avant la réunion au Conseil de Sécurité.
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