Hôpital bombardé : « C’est un missile soit détruit, soit raté qui venait de Gaza, pas d‘Israël », tranche le général Trinquand

Invité de la matinale de Public Sénat, le général Dominique Trinquand a livré son analyse du conflit entre Israël et le Hamas. Le général Trinquand fait de la solution politique et diplomatique la principale porte de sortie d’un conflit asymétrique où aucun participant ne peut obtenir de victoire totale.
Henri Clavier

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Alors que Joe Biden était présent en Israël le 18 octobre pour montrer sa solidarité et négocier, avec succès, l’ouverture d’un couloir humanitaire entre Gaza et l’Egypte. Le président américain devait également rencontrer le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Une rencontre annulée à cause d’un missile tombé sur un hôpital à Gaza. Le Hamas accuse Israël d’avoir délibérément frappé l’hôpital, tandis qu’Israël pointe la responsabilité du Jihad Islamique. A la suite de ces événements, plusieurs manifestations ont eu lieu dans les principales capitales du monde arabe.

 « Un accident qui a été exploité » par la communication du Hamas

Au cours de sa visite, Joe Biden a affirmé avoir la certitude qu’Israël n’était pas à l’origine de la frappe ayant touché l’hôpital Al-Ahli de Gaza. Une analyse partagée par le général Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire française auprès de l’ONU. « J’ai vu les images, c’est plutôt un parking qui a été touché. C’est un missile qui a été soit détruit ou soit qui a raté et qui en retombant a causé des dégâts mais ce missile venait de Gaza, pas d‘Israël », tranche le général Trinquand. Néanmoins, pour le général Trinquand, il ne s’agit pas d’un acte volontaire mais plutôt d’un « un accident qui a été exploité ». Ce dernier pointe également les ambiguïtés sur le bilan humain qui reste incertain. Le Hamas annonce plusieurs centaines de morts. « Le Hamas va utiliser la communication, c’est clair », pointe le général Trinquand, rappelant que dans les armes conventionnelles ne sont pas les seuls moyens d’action dans le cadre d’une guerre asymétrique.

 « Je pense que l’opération d’Israël sera de moindre envergure »

Une dimension qui complique l’intervention de l’armée israélienne, même si, sous le choc, « Israël doit faire quelque chose ». Douze jours après l’attaque du Hamas, l’ancien chef de la mission militaire française à l’ONU juge qu’Israël doit être « prudent » dans son intervention. « Je crois que plus le temps passe, plus ils se rendent compte que c’est compliqué. C’est aussi, au grand jour, l’échec total de la politique de Netanyahou. Je pense que l’opération sera de moindre envergure. On a vu 400 000 hommes rassemblés, mais je pense qu’il s’agira plutôt d’incursions », affirme Dominique Trinquand. Le général Trinquand insiste sur la responsabilité du premier ministre d’Israël, Benjamin Netanyahou, et sur son rôle dans le renforcement du Hamas et de la colonisation en Cisjordanie. Surtout, le pouvoir Israélien serait en train de réaliser les limites d’un « Etat vengeur » et l’impossibilité d’obtenir une « victoire totale ». « Il y aura des victoires partielles qui peuvent affaiblir le Hamas, mais il ne faut pas en rester là, il faut une solution politique », tranche Dominique Trinquand.

 « La France a abandonné la politique liée à la Palestine »

 « Le dossier politique de la Palestine doit être rouvert et il faut revenir à la possibilité de négociations, mais pour cela il faut donner quelque chose. Donc il faut donner une autodétermination de la Palestine ». Convaincu par la nécessité d’une solution diplomatique, le général Trinquand fustige une « politique catastrophique depuis 20 à 30 ans », et appelle à revenir vers la solution à deux Etats proposés par les accords d’Oslo. Pourtant, « le Conseil de sécurité des Nations Unies est impuissant pour traiter le conflit palestinien », déplore Dminique Trinquand, qui regrette également la faiblesse de la diplomatie française sur le sujet. « La France a abandonné la politique liée à la Palestine. Sur le long terme on s’est écarté de la politique arabe française », souligne Dominique Trinquand selon lequel la France doit porter la voix d’une solution à deux Etats.

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