Jeudi soir, Emmanuel Macron s’exprimera sur « le soutien de la France à l’Ukraine » dans le journal de 20 heures de TF1 et France 2. Il parlera « directement aux Français de ce sujet important pour leur quotidien et pour l’avenir », précise son entourage. Décryptage d’Emilie Zapalski, communicante et fondatrice d’Emilie Conseil.
Trois semaines après ses propos controversés sur « l’envoi de troupes au sol » en Ukraine, à quoi doit-on s’attendre de la part d’Emmanuel Macron ?
Le Président de la République va avoir la volonté de reprendre ses habits de chef de guerre, ce qui lui avait bien réussi en 2022. L’invasion russe lui avait permis d’écourter sa campagne et de miser sur ce qu’on appelle « l’effet drapeau ». Il ne faut pas négliger son impact sur la présidentielle. Emmanuel Macron va dramatiser l’enjeu et continuer d’attaquer le RN sur ses positions pro russes, comme l’ont fait Gabriel Attal et les poids lourds de la majorité ce week-end lors du premier meeting de Valérie Hayer, la tête de liste Renaissance aux Européennes. Mais il va aussi devoir rassurer et faire de la pédagogie. On a déjà vu ses ministres essayer de rétropédaler après ses déclarations polémiques, comme Sébastien Lecornu qui a évoqué l’envoi de troupes françaises pour des opérations de « déminage » ou pour former les soldats ukrainiens.
Deux ans après le début de la guerre, le soutien à l’Ukraine est-il un argument de campagne aussi efficace ?
On observe dans les études d’opinion une baisse du soutien à l’Ukraine que ce soit d’un point de vue militaire ou financier. Le problème pour Emmanuel Macron, c’est que ses déclarations n’ont pas été soutenues au niveau européen. Il s’est retrouvé isolé, et à ce titre, elles ont eu un effet contreproductif. Le RN paraît presque raisonnable par rapport à un chef de l’Etat qui, lui, paraît va-t-en-guerre. Miser sur l’inquiétude des Français, c’est une grosse ficelle qui peut fonctionner, mais elle reste difficile à appréhender. Est-ce que les Français vont craindre que les déclarations du chef de l’Etat ne les entraînent vers un conflit mondial ? Ou au contraire vont-ils soutenir le chef de l’Etat parce qu’ils voient qu’après l’Ukraine, l’Europe est en seconde ligne de la menace russe ?
Emmanuel Macron a choisi de faire une interview plutôt qu’une déclaration. Et cette interview aura lieu juste après le premier débat opposant les principales têtes de liste aux européennes. Que doit-on en déduire ?
Emmanuel Macron a tendance à mener campagne par procuration. Rappelez-vous le soir des sénatoriales en septembre dernier, il avait aussi donné une interview sur TF1 et France 2 sur d’autres sujets. Une manière de faire oublier que les candidats Renaissance n’étaient pas sortis vainqueurs du scrutin. Je note aussi qu’il sera interviewé par Anne-Sophie Lapix, une journaliste que le chef de l’Etat souhaite habituellement éviter. C’est le signe qu’il n’a pas peur de se faire bousculer.