Election 2024 Harris

Investiture de Kamala Harris : « La convention est une façon de vendre le candidat, c’est un événement médiatique majeur »

La convention démocrate qui se déroule actuellement à Chicago prend des allures de grande fête pour le parti démocrate, entièrement uni derrière sa candidate, Kamala Harris. L’occasion, durant quatre jours, de fédérer mais également d’élargir la base démocrate et convaincre les indécis.
Henri Clavier

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« L’espoir est de retour ! » L’ambiance était à la fête hier lors de la convention démocrate. Une atmosphère de consécration pour Kamala Harris officiellement investie par le parti démocrate pour défier Donald Trump le 5 novembre lors de l’élection présidentielle. Hier soir, à l’occasion de leurs interventions Barack et Michelle Obama ont adoubé l’actuelle vice-présidente des Etats-Unis, reprenant même le slogan de la campagne de 2008 à son profit.

Créditée d’une excellente dynamique depuis son entrée en campagne il y a moins d’un mois, Kamala Harris est désormais donnée en tête par plusieurs sondages. Si la convention démocrate peut avoir des allures de formalité, il s’agissait, pour Kamala Harris, de confirmer son élan et l’enthousiasme autour de sa campagne. L’occasion idéale pour se mettre en scène et fédérer son camp.

Un moment d’amplification de la dynamique

Les conventions, chez les démocrates comme chez les républicains, sont avant tout un « moment médiatique », affirme Lauric Henneton, maître de conférences en civilisation américaine à l’Université de Versailles Saint-Quentin. S’étalant sur quatre jours, la convention démocrate qui se tient à Chicago est le moment de communion par excellence, célébrant les différents États et tendances du parti réunis derrière une candidature. La convention démocrate permet également « d’accentuer l’excellente dynamique de Kamala Harris et la faire durer dans le temps ce qui n’était pas gagné d’avance », rappelle Lauric Henneton. Moment médiatique extrêmement fort, les prises de paroles permettent également de s’appuyer sur des phrases et prise de paroles fortes de personnalités influentes, à l’instar du couple Obama. L’ancien président des Etats-Unis en a d’ailleurs profité pour attaquer Donald Trump le qualifiant de « milliardaire de 78 ans qui n’arrête pas de pleurnicher ». Un véritable moment de communion pour les sympathisants démocrates mais également une promesse pour les électeurs indécis.

L’occasion de rassembler

Compte tenu d’une abstention très forte et du poids croissant des indépendants aux Etats-Unis, la volatilité de l’électorat sera un des facteurs déterminants de l’élection de novembre 2024. « La convention est une façon de vendre le candidat ou le duo de candidats, de les présenter davantage à un public plus large, c’est un événement médiatique majeur avec quatre jours de discours et de retransmission TV. Cela permet de galvaniser les militants les plus actifs mais aussi de toucher un public plus large, plus indécis », explique Lauric Henneton.

Dans cette optique, l’ancienne porte-parole de Donald Trump à la Maison Blanche, Stephanie Grisham a pris la parole pour mettre en garde contre le candidat républicain. Un positionnement fort qui pourrait convaincre des électeurs historiquement républicains, mais rejetant Donald Trump, de voter pour Kamala Harris. Un positionnement qui traduit relativement bien celui des soutiens de Nikki Haley durant la campagne pour l’investiture républicaine, divisés sur le choix à faire lors de l’élection de novembre. Des ralliements qui pourraient faire basculer une élection qui s’annonce serrée, notamment dans les « swing states ».

La convention devrait également permettre d’assurer l’unité du parti démocrate derrière la candidature de Kamala Harris que les protestations en soutien à Gaza n’ont pas perturbé. « La pression n’est pas extrêmement forte, pas assez pour obliger Kamala Harris à une prise de position plus ferme sur Israël. Par ailleurs, la gauche américaine émet quelques divergences mais c’est surtout pour faire entendre toutes les sensibilités », analyse Lauric Henneton.

« Il y a un risque à présenter un programme très détaillé très tôt »

En revanche, la candidate démocrate n’a pas encore présenté de programme détaillé. Un élément qui peut sembler étonnant mais qui colle finalement au caractère de l’élection, que le personnel politique américain qualifie de référendum sur la démocratie. « Il y a un risque à présenter un programme très détaillé très tôt car on ne connaît pas la composition du Congrès et d’autre part cela peut se retourner contre la candidate, Hillary Clinton avait été critiquée à cause d’un programme trop long, extrêmement précis », rappelle Lauric Henneton.

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Une répartition non-paritaire, compensée toutefois par l’attribution de quatre des six postes clés de vice-présidents de la Commission à des femmes. « Ursula von der Leyen a su faire de cet enjeu de parité un élément de négociation important dans la répartition des portefeuilles entre les différents États membres », observe Francisco Roa Bastos. Sommés de proposer le nom d’une femme pour le poste, les pays qui ont joué le jeu – notamment la Bulgarie, la Slovénie et la Roumanie – se voient en effet attribuer « des portefeuilles importants », estime-t-il. Les socialistes obtiennent un poste clé, un proche de Meloni nommé vice-président Par ordre d’importance, après Ursula von der Leyen, c’est d’ailleurs l’Espagnole Teresa Ribera qui hérite du poste le plus influent. La socialiste, ministre de la Transition écologique dans le gouvernement de Pedro Sanchez, est nommée vice-présidente de la Commission et prend en charge le portefeuille de la concurrence. Un rôle central. « Elle guidera les travaux pour que l’Union européenne reste sur les rails du Pacte vert, de la décarbonation et de la réindustrialisation », a détaillé Ursula von der Leyen. Pourquoi la présidente de la Commission européenne, membre de la droite européenne du PPE, a-t-elle attribué ce poste de premier plan à une socialiste ? « Elle a été fine stratège », estime Francisco Roa Bastos : « Avec la nomination de Teresa Ribera, il va être plus difficile pour les eurodéputés socio-démocrates de contester la composition globale du collège de commissaires, au risque de voir ce poste leur échapper ». Deuxième force politique du Parlement derrière le PPE, le groupe S&D aura en effet un rôle central à jouer dans la validation par un vote de ce nouveau collège de commissaires. Le profil de Teresa Ribera pourrait ainsi calmer les critiques venues de la gauche quant à la nomination d’un autre vice-président : Raffaele Fitto. Le choix de l’Italien, ministre des Affaires européennes au sein du gouvernement de Giorgia Meloni, est en effet vivement contesté par les eurodéputés de gauche, opposés à la nomination d’une personnalité d’extrême droite à la Commission. « La France sort affaiblie de cette séquence » Enfin, côté français, le bilan de ces nominations semble contrasté. Après la démission fracassante du commissaire européen Thierry Breton, victime de ses relations exécrables avec Ursula von der Leyen, Emmanuel Macron a finalement proposé la candidature de Stéphane Séjourné. Le ministre démissionnaire des Affaires étrangères obtient une place de choix dans ce nouveau collège : un poste de vice-président, chose que Thierry Breton n’avait pas obtenue, ainsi qu’un portefeuille dédié à la « prospérité » et à la « stratégie industrielle ». « Grâce à sa position de vice-président, Stéphane Séjourné aura une position importante et transversale au sein de la Commission, que n’avait pas Thierry Breton. 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