« J’ai peur pour la vie de mon père, et actuellement je ne sais pas où il se trouve ». Les familles et les avocats des deux derniers otages Français encore détenus en Iran, Cécile Kohler et son compagnon Jacques Paris, ont pris la parole ce vendredi 27 juin pour alerter sur leur situation après le bombardement par Israël, en début de semaine, de la prison d’Evin à Téhéran, où ils sont détenus.
« Depuis plus de trois ans, mon père Jacques et sa compagne Cécile sont maintenus en cage, littéralement. Ce sont les mots de mon père, lors de son dernier appel », a déclaré Anne Laure Paris, la fille de Jacques, la gorge nouée par l’émotion alors qu’elle s’exprimait pour la première fois devant les médias. « Leurs conditions de détention relèvent de la torture selon le droit international. Qui peut survivre à plus de trois ans de torture ? »
À ce jour, les familles sont « sans signe de vie » de leurs proches depuis le 30 mai, date de leur dernière visite consulaire. Ni l’ambassade, ni le gouvernement français n’ont pu avoir de contact direct avec Cécile Kohler et Jacques Paris. Jean-Noël Barrot, le ministre des Affaires étrangères, a indiqué en début de semaine avoir « demandé des nouvelles et la libération immédiate des otages à [s] on homologue iranien. » « Cécile et Jacques n’auraient pas été touchés par les dommages causés sur place », a-t-il rapporté dans un post sur son compte X.
Mais les familles redoublent de prudence à l’égard des informations transmises par les autorités iraniennes, et attendent désormais une preuve de vie. Ce vendredi, elle ont appelé le ministère des Affaires à « plaider en faveur d’une exfiltration pour cause de force majeure ».
« Les bâtiments détruits se trouvent à quelques mètres de la section où étaient enfermés Cécile et Jacques »
« Tout le monde nous assurait que la prison ne serait pas bombardée, et puis voilà que lundi, aux alentours de 11 heures, nous avons vu ces images de bombardements sur la prison d’Evin », a expliqué Noémie Kohler. « Pendant plusieurs jours on a entendu qu’il s’agissait de frappes symboliques ou chirurgicales sur le portail », a relevé la jeune femme, avant de partager des images qui ont été diffusées par l’agence de presse d’Etat iranienne. On y voit des ailes entières de la prison réduites en ruine.
« L’infirmerie et les bâtiments administratifs qui ont été détruits se trouvent à quelques mètres de la section 209 où étaient enfermés Cécile et Jacques », a-t-elle précisé. « Les infirmations nous arrivent au compte-gouttes. On sait que des civils ont été tués, des familles qui se rendaient en prison pour visiter les prisonniers. On sait aussi que plusieurs prisonniers sont portés disparus », a-t-elle détaillé.
« Une disparition forcée »
La justice iranienne a fait savoir que des détenus d’Evin avaient été transférés vers d’autres prisons de la province de Téhéran au lendemain des frappes, sans préciser l’identité des prisonniers concernés.
« A l’heure où l’on se parle, Cécile et Jacques, otages d’État, détenus arbitrairement de façon cruelle et inhumaine en Iran, sont portés disparus. En droit, c’est une disparition forcée », a commenté ce vendredi l’avocate de leurs familles, Chirinne Ardakani. « Ils peuvent aussi bien avoir été transférés dans une autre prison […]. Ils peuvent être sous des décombres », a-t-elle poursuivi. Mais ils pourraient aussi avoir été envoyés « dans des lieux de détention clandestins ».
Noémie Kohler a déjà été reçue à plusieurs reprises au Sénat, où elle a été auditionnée par la commission des affaires étrangères. Le 5 mars, elle alertait les élus sur l’état de santé de Jacques Paris, 72 ans. « Son visage est de plus en plus creusé, nous sommes terriblement inquiets. On pense qu’il est en grand danger physique et psychologique. J’aimerais attirer l’attention sur l’urgence vitale qu’il y a à le sortir de là ! », avait-elle déclaré.