Et si le conflit entre Israël et l’Iran venait sauver le gouvernement de Benyamin Netanyahou. La semaine dernière, sous couvert d’une « menace existentielle » du nucléaire iranien, l’Etat hébreu a lancé plusieurs attaques contre son ennemi de toujours : l’Iran. En réponse, le régime des mollahs a répliqué par une salve de missiles et de drones. Depuis, les échanges de tirs sont quotidiens. Selon l’ONG Human Rights Activists, 585 personnes ont été tuées en Iran. Israël déplore quant à lui une vingtaine de victimes.
« Une lutte existentielle »
Pourtant, malgré le bilan morbide qui ne cesse de s’alourdir et une justification de l’attaque qui fait douter de nombreux experts, le soutien de la population à la guerre est quasi unanime. Selon un sondage de l’Université hébraïque de Jérusalem, près de 70 % des citoyens israéliens soutiennent les attaques. Toujours selon la même faculté, ce taux grimpe à 83 % parmi les juifs israéliens. Auprès de l’AFP, la sociologue Nitzan Perelman précise que la population soutient cette guerre comme elle a soutenu les précédentes : « Pour elle, c’est une guerre nécessaire », assure-t-il. Le politologue Denis Charbit ajoute : « En fait, depuis 20 mois, des Israéliens y pensent, et se demandent si le vrai sujet, au-delà du Hezbollah [libanais] et du Hamas, n’est pas l’Iran ».
Et ce soutien est aussi effectif du côté de l’opposition. Pourtant principal opposant à la politique de Benyamin Netanyahou, Benny Gantz a rappelé la nécessité du conflit : « Sur la question iranienne, il n’y a ni droite ni gauche. Il y a le bien et le mal. Et nous avons raison ». Même positionnement pour le chef de l’opposition Yaïr Lapid : « Israël sauve le monde d’un Iran nucléaire. Oui ce gouvernement doit être renversé, mais pas au milieu d’une lutte existentielle ».
54 % des Israéliens disent avoir confiance en leur Premier ministre
Cet alignement politique est le bienvenu pour Benyamin Netanyahou, fortement critiqué pour l’enlisement de la guerre à Gaza et pour sa gestion des otages. Ces derniers mois, chaque samedi, une foule descendait dans la rue pour manifester leur animosité envers le Premier ministre.
Dernièrement, son refus d’annuler la conscription militaire des juifs ultraorthodoxes a même créé des tensions au sein de son propre camp. Une résolution de dissolution du Parlement a été rejetée de justesse.
Mais désormais, plus rien de tout cela. Dans un sondage commandé par la chaîne pro-pouvoir Channel 14, 54 % des Israéliens disent avoir confiance en leur Premier ministre. Malgré tout, cette nouvelle popularité est à prendre à l’aune du consensus de la population sur « l’ennemi iranien ». Pour la sociologue contactée par l’AFP, Nitzan Perelman, l’opinion peut varier selon les « résultats et la durée » de la guerre. « Tout peut changer et des Israéliens pourront se retourner vers Bibi et lui demander des comptes », prévient-elle.
Soutien Occidental
Cette nouvelle situation rebat également les cartes à l’étranger. Critiqué pour sa conduite de la guerre à Gaza, le Premier ministre est toujours sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cours pénale internationale (CPI) pour « crimes de guerre ». Pourtant, de nombreux pays occidentaux ont apporté leur soutien aux attaques menées par l’Etat hébreu soulignant, à l’instar d’Emmanuel Macron le « droit d’Israël à se protéger ». « L’Iran est vu comme un Etat déstabilisateur, qui finance le terrorisme, qui veut l’arme nucléaire », juge le géopolitologue Yonatan Freeman à l’AFP. « Donc Israël et l’Occident se comprennent mieux sur ça que sur les Palestiniens ».
« Le conflit en Iran est très utile pour Netanyahu car ça fait taire les critiques à l’intérieur du pays, mais aussi à l’extérieur », analyse Nitzan Perelman. Reste à savoir combien de temps durera le soutien populaire à la guerre. Un soutien que le Premier ministre sait nécessaire pour se maintenir au pouvoir après les importantes manifestations, contre le gouvernement, qui ont eu lieu ces derniers mois dans le pays. Ce relent politique soudain est à prendre avec précaution et devrait fluctuer selon la situation en Iran. En cas d’enlisement du conflit, comme c’est le cas à Gaza, le soutien israélien pourrait s’affaiblir.