Iran, Proche-Orient, Ukraine : « La force de la loi a été remplacée par la loi de la force », constate François Bayrou

Interrogé au Sénat par le groupe écologiste sur les actions de la diplomatie française face à la multiplication des théâtres de guerre ces trois dernières années, le Premier ministre a rappelé que la France était « attachée au droit, aux principes humanitaires, au bon sens ».
Rédaction Public Sénat

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Avec l’escalade militaire en cours entre Israël et l’Iran, les questions d’actualité au gouvernement au Sénat ont pris une dimension très internationale ce 18 juin. Mécontent des orientations prises récemment par la diplomatie française, le président du groupe écologiste, Guillaume Gontard a interpellé le gouvernement sur ses positions dans ce qu’il a appelé un « chaos mondial ». Le sénateur de l’Isère a dénoncé successivement « l’agression russe » en Ukraine, « la détention d’otages par le Hamas et les mollahs », « le génocide à Gaza et la colonisation de la Cisjordanie », le « non-respect par le régime sanguinaire iranien du traité de non-prolifération nucléaire » et, la dernière en date, la « guerre préventive déclenchée hors de tout cadre multilatéral par Israël contre le régime des mollahs qui menace de dégénérer ».

« La France et l’Europe ne doivent avoir qu’un cap : la défense du droit international, la souveraineté des peuples et l’équilibre entre les puissances », a pressé le sénateur. « Il n’est plus acceptable d’être mis devant le fait accompli par le bellicisme israélien et l’erratisme de Donald Trump, qui ne propose aucune issue politique et torpille deux rencontres diplomatiques essentielles », s’est-il exclamé. Fustigeant « l’impunité de Netanyahou qui engendre le chaos », le président de groupe a appelé la France à « sortir du laxisme et de l’inaction », et à s’inspirer de la position forte adoptée en 2003, au moment de l’entrée en guerre des Etats-Unis contre l’Irak et à instaurer des « sanctions économiques ».

« Ce qu’il se passe en Iran est complètement différent, sans que nous puissions du tout considérer que c’est normal ou acceptable »

Dans ce monde où « la force de loi a été remplacée par la loi de la force », le Premier ministre a souligné que la France était « attachée au droit, aux principes humanitaires et au bon sens ». Concernant le Proche-Orient, François Bayrou a indiqué que l’exécutif avait exprimé à « différentes reprises le caractère inacceptable de ce qu’il se passe à Gaza ». « À Gaza, la France dit : vous ne devez pas aller plus loin, il faut rendre la liberté de circulation, la liberté d’approvisionnement à Gaza », a-t-il détaillé.

Face au « en même temps diplomatique de la France insupportable » pointé par le sénateur écologiste, le chef du gouvernement a rétorqué que le cas de l’Iran était « complètement différent », « sans que nous puissions du tout considérer que c’est normal ou acceptable ». François Bayrou a expliqué que les organisations internationales chargées de la surveillance et de la lutte contre la prolifération nucléaire ont alerté sur les capacités iraniennes actuelles. Le pays dispose de 275 kg d’uranium enrichi à 60 %, un seuil qui s’approche de la barre de 90 % nécessaire à la production d’armes nucléaires. Avec ce stock actuel, le pays pourrait avoir la capacité de produire « plus de neuf » bombes, selon la troïka européenne (France, Allemagne et Royaume-Uni) devant le Conseil des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique.

« Si on essaye de réfléchir, en se mettant à la place du gouvernement israélien, je comprends qu’il ait eu un souci énorme à voir à ses portes un risque aussi considérable que celui-là, qui menace sa survie », a rappelé le Premier ministre. François Bayrou a souligné que la France s’était employée à appeler « à la retenue » dans la région.

Invité à convoquer un débat au Parlement sur la situation au Moyen Orient, le Premier ministre n’a pas commenté la demande du président du groupe écologiste.

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