Après la chute de Bachar al-Assad et l’arrivée au pouvoir de rebelles en Syrie, plusieurs pays européens dont l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie, ont annoncé un gel des procédures de demandes d’asile. Plusieurs partis politiques ont également ouvert la voie au retour des réfugiés syriens dans le pays. Un débat qui soulève des questions politiques et juridiques.
Israël/Hamas : « Benjamin Netanyahou est surtout dans une situation où il n’a pas remporté de victoire » analyse Gilles Kepel
Par Camille Romano
Publié le
Six mois après l’attaque du 7 octobre, « Israël est à un pas de la victoire », selon Benjamin Netanyahou. Pas si sûr pour Gilles Kepel, politologue spécialiste des mondes arabes et invité de la matinale de Public Sénat. « Il est surtout, après 6 mois, dans une situation où il n’a pas remporté de victoire », analyse l’universitaire. « C’est la première fois pour l’État hébreu, où après 6 mois de mobilisation, plusieurs dizaines de milliers de morts, civils et militaires, il n’a pas été capable d’imposer une victoire décisive éclair sur le terrain de Gaza. Et cela, c’est un énorme problème. »
Que penser donc des déclarations du Premier ministre israélien ? « Ce qu’il veut dire par là, c’est qu’il va changer de stratégie. » En effet, les troupes israéliennes se retirent de la région de Khan Younès, grande ville de la bande de Gaza, d’où est originaire Yahya Sinouar, chef du Hamas et principale cible de l’armée israélienne.
« Cautériser la douleur terrible des Israéliens »
Benjamin Netanyahou semble vouloir concentrer ses opérations sur la zone de Rafah selon Gilles Kepel. « L’objectif de Netanyahou, c’est, une fois que la population civile aura bougé, de lancer son assaut final, pensant que Yahya Sinouar s’y dissimule, probablement entouré des otages survivants. » D’après l’islamologue, atteindre le chef du Hamas est d’une importance stratégique mais aussi presque symbolique : « Pour lui, montrer qu’il a capturé ou tué Sinouar est une manière de cautériser la douleur terrible que ressentent les Israéliens depuis le 7 octobre. »
L’armée israélienne sera-t-elle en mesure de mener cette nouvelle opération à bien ? « Cela dépend de l’opération. Une opération sur le terrain avec l’infanterie peut-être, mais je crois qu’il va surtout s’agir de bombardements avec une visée de pénétrer profondément dans les tunnels… » avance Gilles Kepel. Quelques jours après une frappe israélienne ayant coûté la vie à sept humanitaires de l’organisation World Central Kitchen, Gilles Kepel souligne que le risque de « massacres de populations civiles ou humanitaires » constituait un « problème majeur d’opinion publique ».
Pas de cessez-le-feu sans victoire militaire
Alors que des négociations pour espérer aboutir à un cessez-le-feu se tenaient encore au Caire dimanche, le Premier ministre israélien a aussi balayé cette possibilité : « Netanyahou ne peut pas accepter un cessez-le-feu, tant qu’il n’a pas remporté une victoire militaire, parce que dans ce cas-là, il se discrédite totalement aux yeux de l’électorat israélien. » a affirmé Gilles Kepel. Le politologue a estimé que, si le Premier Ministre n’était pas « très populaire » auprès des Israéliens, la coalition qu’il contrôle au Parlement est encore « très solide ».
Gilles Kepel a également évoqué avec Oriane Mancini l’exportation à l’international du conflit : « Une autre option qui s’ajoute et se conjugue dans la stratégie militaire de M.Netanyahou, c’est d’attaquer le Hezbollah au Liban. Il y a quelque chose qui se transforme dans la configuration militaire régionale. » Au Liban, mais également en Iran, a-t-il poursuivi : « Tout indique, ce sont les déclarations des Israéliens, qu’ils vont » taper « sur le Hezbollah. Mais est-ce que les Iraniens seront capables d’y répondre ? » Une question que Gilles Kepel se garde de trancher définitivement.
Pour aller plus loin