Après la chute de Bachar al-Assad et l’arrivée au pouvoir de rebelles en Syrie, plusieurs pays européens dont l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie, ont annoncé un gel des procédures de demandes d’asile. Plusieurs partis politiques ont également ouvert la voie au retour des réfugiés syriens dans le pays. Un débat qui soulève des questions politiques et juridiques.
Israël-Hamas : Gilles Kepel souligne l’influence de l’Iran, en lutte pour l’hégémonie dans la région
Par Camille Romano
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L’Iran comme le champion de la cause palestinienne. Le politologue Gilles Kepel, spécialiste de l’Islam et du monde arabe, rappelle sur le plateau du Public Sénat les enjeux géopolitiques qui se dessinent derrière l’attaque terroriste du Hamas contre Israël du 7 octobre. Selon l’universitaire, cette attaque représente une « nouvelle occurrence » dans la lutte pour l’hégémonie sur le monde arabo-musulman, lutte qui oppose l’Arabie saoudite et l’Iran.
« L’Iran chiite, en instrumentalisant le Hamas arabe et sunnite, apparaît comme le héraut de la résistance. », explique Gilles Kepel, qui souligne l’envie « d’hégémonie » du pays, poursuivie depuis de nombreuses années. Le politologue rappelle que quand l’Iran déclare la fatwa contre l’écrivain britannique Salman Rushdie en 1989, il « tire le tapis sous les pieds des sunnites qui viennent de chasser l’Armée rouge d’Afghanistan » et ce faisant, « il gagne la guerre médiatique ». Le 11 septembre 2001, l’attaque contre les tours jumelles du World Trade Center orchestrée par Oussama Ben Laden et Al-Qaïda, constituait « la réponse du berger sunnite à la bergère chiite » selon Gilles Kepel, ce qui fait gagner à son camp « la guerre médiatique ». « Le 7 octobre 2023, de nouveau, c’est un enjeu de guerre médiatique exceptionnel, c’est une sorte de 11 septembre pour Israël. »
L’Arabie saoudite comme adversaire commun
Une autre indication de cette lutte pour l’hégémonie est à retrouver selon Gilles Kepel dans une alliance entre la Turquie et l’Iran : une conférence de presse commune entre Hossein Amir Abdollahian avec son homologue turc Hakan Fidan, qui « ont construit une sorte de front qui vise à l’hégémonie sur le monde musulman, contre l’Arabie saoudite ». C’est bien cet adversaire commun qui est aussi dans le viseur souligne Gilles Kepel : « La razzia monstrueuse du 7 octobre a lieu juste après que deux ministres israéliens ont été reçus en Arabie saoudite. De quoi avaient peur les Iraniens ? Par exemple, que les Israéliens fournissent, si accord il y avait, un « dôme de fer » à l’Arabie saoudite, permettant d’éviter que les Houthis, qui sont totalement dans la main des Iraniens, attaquent le territoire saoudien. » Une attaque que peut craindre le pays, car l’Arabie saoudite mène la coalition internationale qui soutient le gouvernement du Yémen dans son conflit contre des forces rebelles Houthis, à majorité chiite.
L’attaque du 7 octobre a-t-elle pour autant mis un point final à ce rapprochement entre certains pays arabes, comme l’Arabie saoudite, et Israël ? Pour Gilles Kepel, il est indéniablement mis en attente, mais pas forcément enterré, ce qui reste « une victoire » pour le Hamas et pour l’Iran. L’Iran ira-t-il jusqu’à aller plus loin dans l’escalade du conflit ? Pas selon Gilles Kepel : le politologue considère que « l’Iran a déjà gagné suffisamment en faisant dérailler le processus de paix », et qu’il ne pourrait pas aller jusqu’à l’affrontement nucléaire : « ils n’auraient pas le rapport de force », croit-il savoir. « Ils ont gagné la première manche, indéniablement », conclut-il.
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