Si la visite du Président américain Joe Biden en Israël a plutôt fait consensus aux Etats-Unis, c’est peu dire que celle de Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a soulevé une polémique en Europe. Un simple « acte de solidarité qui n’était pas politique » selon Ilana Cicurel, un voyage problématique pour Marc Botenga, pour qui Ursula von der Leyen outrepasse ses fonctions « puisque ce n’est pas la commission européenne qui fait la politique étrangère », mais le Conseil européen.
Condamnation, soutien, ou médiation ?
Mais avant tout débat pour Ilana Cicurel, il convient d’insister : « le massacre du 7 octobre est d’une ampleur sans précédent, avec un niveau de barbarie et de sadisme inédit ». Une violence dont elle a elle-même été témoin, en mission en Israël peu après l’attaque : « Ça fait partie, pour moi, de ces moments que je n’oublierai jamais. » livre-t-elle, émue, allant même jusqu’à parler de « crime contre l’humanité ». La première nécessité, c’est alors celle de la condamnation ; et de la condamnation unanime. Un avis partagé par Marc Botenga : « Evidemment il y a une large unité sur le fait que les crimes de guerre commis par le Hamas doivent être condamnés, sur le fait qu’il faut libérer les otages ».
Mais si la condamnation est unanime, l’analyse n’est pas toujours la même, alors que la riposte israélienne s’intensifie. Pour la députée de la majorité présidentielle, ce doit être « une évidence : un mort palestinien, vaut un mort israélien, vaut un mort français. ». Mais si Israël touche des civils, ce « n’est jamais de manière délibérée », pour elle c’est avant tout de la responsabilité du Hamas qui utilise « la population palestinienne comme des boucliers humains », et qui stocke ses munitions « dans les écoles, les mosquées, et les zones densément peuplées ». Une analyse qui ne peut qu’agacer son collègue belge, membre de la délégation du Parlement européen avec la Palestine : « Madame, vous vivez dans quelle réalité ? Les ONG Amnesty International et Humans Right Watch et de l’OMS parlent de crimes de guerre à Gaza ».
Une Europe partiale ?
Pour certains, l’Europe doit user de son poids sur la scène internationale pour favoriser un processus de paix ; mais Marc Botenga, lui, dénonce une position partisane : « Le problème, à la base, c’est quand Ursula von der Leyen va en Israël, le jour où Israël annonce le déplacement d’1.1 million de Palestiniens, et qu’elle oublie – ou refuse ! – de dire qu’Israël doit respecter le droit international humanitaire. ». Une Europe partiale donc, pour le député, qui s’est opposé à la résolution votée par 500 députés européens appelant à condamner le Hamas et à reconnaitre le droit d’Israël à se défendre.
L’impossible résolution
C’est avant tout contre le Hamas qu’il faut se concentrer pour la députée, en s’assurant notamment « que pas 1 euro ne vienne nourrir le terrorisme », alors que l’Europe fournit l’aide financière la plus importante au niveau international : « 1.2 milliard d’euros sur deux ans » rappelle Caroline de Camaret. Une inquiétude qu’Ursula von der Layen a elle-même partagée. Pour Marc Botenga, il ne s’agit là que d’un « débat loufoque », imposé par Israël « pour faire pression sur les Palestiniens. ». Pour ce dernier, la diplomatie européenne doit plutôt « favoriser la solution à deux états, et faire respecter les accords d’Oslo », quitte à envisager des sanctions contre l’Etat d’Israël qui ne respecte pas le droit international.
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