Israël – Hamas : « le Hamas se sert de sa population comme des boucliers humains » affirme l’eurodéputée Ilana Cicurel

Alors qu’Israël et la Palestine s’enlisent dans un conflit de plus en plus meurtrier, depuis les massacres perpétrés par le Hamas le 7 octobre dernier, les 27 peinent à adopter une position claire et à faire front commun. Entre condamnation du terrorisme, rappel au droit international et nécessité d’un cessez-le-feu humanitaire, les députés européens sont tout aussi divisés. Invités dans l’émission Ici l’Europe par Caroline de Camaret à débattre sur le sujet, les députés européens Ilana Cicurel, députée française du groupe Renew Europe, et Marc Botenga, député belge du groupe La Gauche, nous livrent leur point de vue dans un échange tendu.
Axel Dubois

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Si la visite du Président américain Joe Biden en Israël a plutôt fait consensus aux Etats-Unis, c’est peu dire que celle de Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a soulevé une polémique en Europe. Un simple « acte de solidarité qui n’était pas politique » selon Ilana Cicurel, un voyage problématique pour Marc Botenga, pour qui Ursula von der Leyen outrepasse ses fonctions « puisque ce n’est pas la commission européenne qui fait la politique étrangère », mais le Conseil européen.

 

Condamnation, soutien, ou médiation ?

Mais avant tout débat pour Ilana Cicurel, il convient d’insister : « le massacre du 7 octobre est d’une ampleur sans précédent, avec un niveau de barbarie et de sadisme inédit ». Une violence dont elle a elle-même été témoin, en mission en Israël peu après l’attaque : « Ça fait partie, pour moi, de ces moments que je n’oublierai jamais. » livre-t-elle, émue, allant même jusqu’à parler de « crime contre l’humanité ». La première nécessité, c’est alors celle de la condamnation ; et de la condamnation unanime. Un avis partagé par Marc Botenga : « Evidemment il y a une large unité sur le fait que les crimes de guerre commis par le Hamas doivent être condamnés, sur le fait qu’il faut libérer les otages ».

Mais si la condamnation est unanime, l’analyse n’est pas toujours la même, alors que la riposte israélienne s’intensifie. Pour la députée de la majorité présidentielle, ce doit être « une évidence : un mort palestinien, vaut un mort israélien, vaut un mort français. ». Mais si Israël touche des civils, ce « n’est jamais de manière délibérée », pour elle c’est avant tout de la responsabilité du Hamas qui utilise « la population palestinienne comme des boucliers humains », et qui stocke ses munitions « dans les écoles, les mosquées, et les zones densément peuplées ».  Une analyse qui ne peut qu’agacer son collègue belge, membre de la délégation du Parlement européen avec la Palestine : « Madame, vous vivez dans quelle réalité ? Les ONG Amnesty International et Humans Right Watch et de l’OMS parlent de crimes de guerre à Gaza ».

 

Une Europe partiale ?

Pour certains, l’Europe doit user de son poids sur la scène internationale pour favoriser un processus de paix ; mais Marc Botenga, lui, dénonce une position partisane : « Le problème, à la base, c’est quand Ursula von der Leyen va en Israël, le jour où Israël annonce le déplacement d’1.1 million de Palestiniens, et qu’elle oublie – ou refuse ! – de dire qu’Israël doit respecter le droit international humanitaire. ». Une Europe partiale donc, pour le député, qui s’est opposé à la résolution votée par 500 députés européens appelant à condamner le Hamas et à reconnaitre le droit d’Israël à se défendre.

 

L’impossible résolution

C’est avant tout contre le Hamas qu’il faut se concentrer pour la députée, en s’assurant notamment « que pas 1 euro ne vienne nourrir le terrorisme », alors que l’Europe fournit l’aide financière la plus importante au niveau international : « 1.2 milliard d’euros sur deux ans » rappelle Caroline de Camaret. Une inquiétude qu’Ursula von der Layen a elle-même partagée. Pour Marc Botenga, il ne s’agit là que d’un « débat loufoque », imposé par Israël « pour faire pression sur les Palestiniens. ». Pour ce dernier, la diplomatie européenne doit plutôt « favoriser la solution à deux états, et faire respecter les accords d’Oslo », quitte à envisager des sanctions contre l’Etat d’Israël qui ne respecte pas le droit international.

 

Retrouver l’intégralité du débat ici.

Dans la même thématique

Lebanon Israel Exploding Pagers
6min

International

Explosion de bipeurs au Liban : quatre questions sur l’opération menée contre le Hezbollah

Beaucoup d’inconnues entourent encore l’explosion simultanée de milliers de bipeurs appartenant au Hezbollah, opération pour le moment non-revendiquée. Mais un faisceau d’indices concordent pour attribuer l’attaque aux services de renseignement israéliens, dans un contexte où les tensions à la frontière entre Israël et le Liban s’intensifient.

Le

President introduces new composition of European Commission, Strasbourg, Bxl, France – 17 Sep 2024
6min

International

Commissaires européens : quelles leçons tirer de la nouvelle équipe dévoilée par Ursula von der Leyen ?

Après des semaines de négociations avec les États membres, Ursula von der Leyen a dévoilé ce 17 septembre les noms des personnalités qui l’entoureront lors de son nouveau mandat à la tête de la Commission européenne. Les profils des 27 nouveaux commissaires ont directement été recommandés par les États membres, puis validés par Ursula von der Leyen. Les candidats aux postes devront encore être auditionnés au Parlement européen, qui validera leur nomination par un vote. Comment se compose ce nouveau collège de commissaires ? De quel portefeuille la France hérite-t-elle ? Certaines personnalités risquent-elles d’être retoquées par les eurodéputés ? Décryptage. La parité, enjeu central dans l’attribution des portefeuilles de commissaires Signe des difficultés rencontrées par Ursula von der Leyen pour former cette nouvelle équipe, l’annonce de sa composition a finalement été reportée d’une semaine. Un retard qui n’a rien d’exceptionnel, souligne Francisco Roa Bastos, maître de conférences en sciences politiques à l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne : « La composition de la Commission européenne est toujours un exercice compliqué, parce qu’il faut satisfaire plusieurs logiques, de géographie, de parité, en plus des exigences des différents États membres. » Cher à Ursula von der Leyen depuis son premier mandat, c’est notamment le critère de parité qui semble avoir donné du fil à retordre à la présidente de la Commission. « Lorsque j’ai reçu les premières propositions de nomination des États membres, nous avions 22 % de femmes et 78 % d’hommes. Vous imaginez bien que c’était tout à fait inacceptable », a-t-elle déploré à l’occasion d’une conférence de presse. Finalement, le collège proposé comporte 40 % de femmes. Une répartition non-paritaire, compensée toutefois par l’attribution de quatre des six postes clés de vice-présidents de la Commission à des femmes. « Ursula von der Leyen a su faire de cet enjeu de parité un élément de négociation important dans la répartition des portefeuilles entre les différents États membres », observe Francisco Roa Bastos. Sommés de proposer le nom d’une femme pour le poste, les pays qui ont joué le jeu – notamment la Bulgarie, la Slovénie et la Roumanie – se voient en effet attribuer « des portefeuilles importants », estime-t-il. Les socialistes obtiennent un poste clé, un proche de Meloni nommé vice-président Par ordre d’importance, après Ursula von der Leyen, c’est d’ailleurs l’Espagnole Teresa Ribera qui hérite du poste le plus influent. La socialiste, ministre de la Transition écologique dans le gouvernement de Pedro Sanchez, est nommée vice-présidente de la Commission et prend en charge le portefeuille de la concurrence. Un rôle central. « Elle guidera les travaux pour que l’Union européenne reste sur les rails du Pacte vert, de la décarbonation et de la réindustrialisation », a détaillé Ursula von der Leyen. Pourquoi la présidente de la Commission européenne, membre de la droite européenne du PPE, a-t-elle attribué ce poste de premier plan à une socialiste ? « Elle a été fine stratège », estime Francisco Roa Bastos : « Avec la nomination de Teresa Ribera, il va être plus difficile pour les eurodéputés socio-démocrates de contester la composition globale du collège de commissaires, au risque de voir ce poste leur échapper ». Deuxième force politique du Parlement derrière le PPE, le groupe S&D aura en effet un rôle central à jouer dans la validation par un vote de ce nouveau collège de commissaires. Le profil de Teresa Ribera pourrait ainsi calmer les critiques venues de la gauche quant à la nomination d’un autre vice-président : Raffaele Fitto. Le choix de l’Italien, ministre des Affaires européennes au sein du gouvernement de Giorgia Meloni, est en effet vivement contesté par les eurodéputés de gauche, opposés à la nomination d’une personnalité d’extrême droite à la Commission. « La France sort affaiblie de cette séquence » Enfin, côté français, le bilan de ces nominations semble contrasté. Après la démission fracassante du commissaire européen Thierry Breton, victime de ses relations exécrables avec Ursula von der Leyen, Emmanuel Macron a finalement proposé la candidature de Stéphane Séjourné. Le ministre démissionnaire des Affaires étrangères obtient une place de choix dans ce nouveau collège : un poste de vice-président, chose que Thierry Breton n’avait pas obtenue, ainsi qu’un portefeuille dédié à la « prospérité » et à la « stratégie industrielle ». « Grâce à sa position de vice-président, Stéphane Séjourné aura une position importante et transversale au sein de la Commission, que n’avait pas Thierry Breton. Mais son portefeuille n’inclut que la politique industrielle, on peut regretter qu’il n’intègre pas des éléments de politique commerciale, notamment la concurrence », analyse Elvire Fabry, chercheuse senior à l’institut Jacques Delors. Pour Francisco Roa Bastos, la nomination de Stéphane Séjourné peut même être vue comme une « rétrogradation » par rapport au poste occupé par Thierry Breton. Sans pouvoir s’occuper des politiques centrales de concurrence, attribuées à Teresa Ribera, l’influence de Stéphane Séjourné pourrait selon lui être « limitée », comparée à celle que pouvait avoir Thierry Breton. « C’est assez clair pour tous les observateurs, la France sort affaiblie de cette séquence », tranche Francisco Roa Bastos. Pour être confirmé à son poste, le nouveau commissaire français devra dans tous les cas se soumettre au vote des eurodéputés. Un soutien qui ne semble pas acquis dans le camp des eurodéputés français. « Stéphane Séjourné hérite d’un portefeuille clé, avec possiblement plusieurs commissaires expérimentés sous ses ordres. Avec quelle expertise ? Il va se faire manger et l’influence française va payer l’addition », a par exemple raillé l’eurodéputé Les Républicains Céline Imart, auprès de l’AFP.

Le

Meta Bans Russian State Media Outlets, Asuncion, Paraguay – 16 Sep 2024
4min

International

Meta bannit les médias d'État russes sur ses plateformes pour contrer les ingérences étrangères 

La société américaine qui possède Facebook, Instagram et WhatsApp a annoncé, lundi 16 septembre, expulser le groupe Rossia Segodnia, dont fait partie Russia Today (RT), et plusieurs autres médias soutenus par Moscou. Objectif : limiter leurs activités d'ingérence sur les réseaux sociaux. Ces derniers jours, les autorités américaines avaient déjà mis en place certaines mesures contre ces organes de presse.

Le