Israël-Iran : Netanyahou « est très soutenu par son opinion publique, et peut avoir la tentation d’aller plus loin », analyse Jean-Louis Bourlanges

Invité de la matinale de Public Sénat, l’ancien président de la commission des Affaires étrangères a analysé le conflit qui secoue le Moyen-Orient depuis plusieurs jours, après les attaques israéliennes sur des sites stratégiques et militaires iranien, vendredi dernier. Pour Jean-Louis Bourlanges, Israël s’est trompé de méthode, et aurait dû engager des « négociations multilatérales ».
Clarisse Guibert

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Sur le plateau de Public Sénat, l’ancien président de la commission des Affaires étrangères à la Chambre basse a critiqué la stratégie du Premier ministre israélien en Iran. Selon lui, Israël aurait dû adopter la voie de « négociations multilatérales » pour arrêter le programme nucléaire iranien, et non l’attaquer militairement. Aujourd’hui, « Israël a choisi une ligne qui n’est pas la bonne », estime-t-il.

Plongé dans ce « déchaînement de violence », et encouragé par la population israélienne qui le soutient, selon Jean-Louis Bourlanges, Benyamin Netanyahou pourrait alors « aller plus loin » dans son offensive. Reste à comprendre l’objectif du Premier ministre israélien, qui reste plutôt vague pour les observateurs de la scène internationale. « On ne peut jamais être sûr de contrôler une opération comme celle-ci », complète Jean-Louis Bourlanges.

« Le régime iranien est détesté par les Kurdes, les femmes et la bourgeoisie », analyse Jean-Louis Bourlanges

Cependant, l’ancien président de la commission des Affaires étrangères à l’Assemblée nationale ne croit pas à l’objectif de destruction du régime iranien par Israël. Jean-Louis Bourlanges s’aligne ici sur les mots du chef de l’Etat, qui a affirmé hier : « Tous ceux qui croient qu’en frappant avec des bombes depuis l’extérieur on sauve un pays malgré lui-même et contre lui-même se sont toujours trompés ».

Mais pour l’ancien responsable politique, il faut rester prudent : « ce régime est détesté ». Dans la population iranienne, il est « détesté par les Kurdes, les femmes et la bourgeoisie ». Il est également « détesté » par diverses puissances internationales, et isolée dans la région du Moyen-Orient. Une telle haine pourrait donc justifier un tel objectif, d’après son analyse.

« Les Etats-Unis ne contrôlent plus grand-chose sur la vie internationale », juge Jean-Louis Bourlanges

Dans le reste du monde, un sommet du G7 se tient à Kananaskis au Canada, depuis dimanche 15 juin. L’occasion pour les dirigeants des pays membres de réagir au conflit en cours. Mais le président américain en a décidé autrement. En effet, Donald Trump a quitté aujourd’hui les réunions, pour justement se consacrer à la situation irano-israélienne depuis Washington. Une décision saluée par Emmanuel Macron, « Si les Etats-Unis peuvent obtenir un cessez-le-feu, c’est une très bonne chose ».

Mais Jean-Louis Bourlanges n’achète pas. Selon lui, le conflit en l’Iran et Israël prouve que les « Etats-Unis ne contrôlent plus grand-chose sur la vie internationale ». En effet, selon certaines informations, le chef de l’Etat américain aurait déconseillé à Benyamin Netanyahou de mener ces attaques en Iran, ce qu’il a ignoré. « Les Israéliens ont démontré leur profonde volonté d’autonomie, sinon d’indépendance, vis-à-vis de tout le monde, et notamment des Etats-Unis », a-t-il conclu.

Partager cet article

Dans la même thématique

En déplacement en Palestine, une délégation de sénateurs -6ee1-41d4-8347-f7d7eb9d5cb5
7min

International

« Un étouffement régulier » : en déplacement en Palestine, une délégation de sénateurs s’inquiète de la colonisation en Cisjordanie

Plusieurs membres du groupe d’amitié sénatorial France-Palestine se sont rendus en Cisjordanie, dans la perspective de la reconnaissance de l’État de Palestine et donc du « jour d’après ». Leur voyage, décrit comme étant d’une « rare intensité », met en exergue les effets néfastes de la colonisation israélienne, entre difficultés humanitaires, asphyxie économique, et déplacements entravés.

Le

Palestiniens bande de Gaza
9min

International

Offensive israélienne à Gaza : « Benyamin Netanyahou met en œuvre le projet qui le guide depuis quasiment le départ »

L’armée israélienne a lancé ce mardi 16 septembre une grande offensive à Gaza-ville. Des milliers d’habitants fuient les lieux et se dirigent désormais vers le sud de l’enclave palestinienne, rendue exsangue par des mois de bombardements. Soutenu par Washington, que vise Benyamin Netanyahou avec cette nouvelle opération militaire ? Décryptage avec Laure Foucher, maîtresse de recherche sur le Moyen-Orient à la Fondation pour la recherche stratégique.

Le

Israël-Iran : Netanyahou « est très soutenu par son opinion publique, et peut avoir la tentation d’aller plus loin », analyse Jean-Louis Bourlanges
5min

International

Reconnaissance de l’Etat de Palestine : « Tant que les conditions ne sont pas réunies, c’est une aberration », estime Roger Karoutchi

Invité de la matinale de Public Sénat ce mardi, Roger Karoutchi, sénateur LR des Hauts-de-Seine a pris position contre la reconnaissance de l’Etat de Palestine par la France la semaine prochaine. Il a également débattu avec le maire communiste de Gennevilliers Patrice Leclerc sur l’attitude que doit avoir la France face à l’intensification des attaques israéliennes sur la bande de Gaza.

Le

6min

International

Turquie : Erdogan mène « une politique de bâillonnement de l’opposition »

Très attendue, la décision du tribunal d’Ankara sur une possible destitution de la direction du principal parti politique d’opposition, a finalement été reportée au 24 octobre, à l’issue d’une audience qui s’est tenue ce lundi 15 septembre. Mais « ce n’est pas du tout un temps de répit », prévient la chercheuse Nora Seni.

Le