Dans un communiqué, la Société des Journalistes (SDJ) de l’Agence France Presse (AFP) alerte sur la situation critique de la dizaine de journalistes employés en contrat de piges à Gaza. « Depuis que l’AFP été fondée en août 1944, nous avons perdu des journalistes dans des confits, nous avons eu des blessés et des prisonniers dans nos rangs, mais aucun de nous n’a le souvenir d’avoir vu un collaborateur mourir de faim. Nous refusons de les voir mourir », déplore la SDJ de l’AFP.
Situation de « quasi-famine »
Pour le PDG de l’AFP, « depuis le blocus mis en place au mois de mars, la situation est presque intenable ». Fabrice Fries dénonce une situation de « quasi-famine », à laquelle les journalistes ne font pas exception. Depuis le début de la guerre en octobre 2023, Israël interdit l’accès de Gaza à la presse internationale, « ce sont les seuls yeux et oreilles sur ce conflit » rappelle le PDG de l’Agence France Presse, puisque les journalistes palestiniens de l’AFP sont les seuls à pouvoir rapporter ce qu’il se passe dans l’enclave. Actuellement l’AFP emploie un pigiste texte, trois photographes et six pigistes vidéo palestiniens. Samedi 9 juillet, l’un d’eux qui collabore depuis 2010 pour l’AFP, est parvenu à poster un message sur Facebook « Je n’ai plus la force de collaborer pour les médias, mon corps est maigre. Je ne peux plus travailler ».
Les journalistes à Gaza « ont faim »
Le PDG de l’AFP Fabrice Fries, demande « au gouvernement israélien d’autoriser leur évacuation, nous avions huit salariés à Gaza que nous sommes parvenus à faire sortir jusqu’en juin de l’année dernière, nous demandons la même chose pour les pigistes et leurs familles ». « Nous craignons désormais pour leur vie et leur survie, car aujourd’hui ils ont faim, c’est ce qu’ils nous disent » alerte le PDG de l’AFP. « Pendant la guerre en Syrie nous avions une présence sur le terrain avec des journalistes qui suivaient le côté rebelle et des journalistes qui suivaient le côté gouvernemental, à Gaza depuis 21 mois aucun journaliste étranger n’a réussi à entrer dans l’enclave autrement que ‘embedded’ (ndlr « embarqué ») comme on dit avec l’armée israélienne », c’est « une situation sans précédent », dénonce Fabrice Fries.
Tombé « à cause de la faim »
« Bashar, 30 ans, travaille et vit dans des conditions égales à celles de tous les Gazaouis, allant d’un camp de réfugiés à un autre camp au gré des bombardements israéliens. » relate le communiqué de la SDJ de l’AFP. Depuis plus d’un an, il vit dans le dénuement le plus total. Depuis février, « il vit dans les ruines de sa maison de Gaza City avec sa mère, ses quatre frères et sœurs, et la famille d’un de ses frères… Dimanche matin il a rapporté que l’un de ses frères était tombé ‘à cause de la faim’ ».
Obligés de se déplacer en charrette
Alors que le système bancaire a disparu, il n’y a plus rien à acheter ou alors à des prix exorbitants. L’AFP n’ayant plus la possibilité d’avoir un véhicule et encore moins de l’essence pour se déplacer, ses reporters sont obligés de se déplacer à pied ou en charrette tiré par un âne. Mais le plus gros problème reste « le manque de nourriture et d’eau ».
Le Quai d’Orsay réclame que la presse libre puisse travailler
Interrogé sur France Inter le 22 juillet, le ministre des affaires étrangères Jean-Noël Barrot dénonce une situation humanitaire « inacceptable » à Gaza « devenu un mouroir, pour ne pas dire un cimetière ». Alors que l’armée israélienne intensifie son offensive, pour la première fois, la France demande que « la presse libre et indépendante puisse accéder à Gaza » pour « montrer ce qu’il se passe dans le territoire en danger de famine après 21 mois de guerre, a déclaré le ministre français des affaires étrangères qui a « l’espoir de pouvoir faire sortir quelques collaborateurs de journalistes dans les prochaines semaines ». Après deux mois d’un blocus complet de l’aide humanitaire, l’armée israélienne a autorisé le 21 juillet un passage limité de camions d’aide dans la bande de Gaza. Mais ce retour de l’aide est « insuffisant », selon le chef de la diplomatie française.