Paris: Senate pension debat

La Commission politique de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie se réunit ce mercredi au Sénat

La Commission politique de l’Assemblée parlementaire de la francophonie (APF) se réunit ce mercredi et jeudi, au Sénat, sous la présidence de Christophe-André Frassa, sénateur LR des Français établis hors de France. L’occasion d’examiner les situations politiques des différents membres, notamment dans un contexte de tensions importantes au Sahel et en Afrique de l’ouest.
Henri Clavier

Temps de lecture :

6 min

Publié le

Mis à jour le

L’APF rassemble les parlementaires de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). L’APF regroupe 91 sections sous trois statuts différents (membres, associés et observateurs), parmi ces sections, plusieurs représentent des États fédérés comme le Québec, la Wallonie ou la Louisiane par exemple. En marge de cet événement, Christophe-André Frassa détaille le fonctionnement et les priorités de l’APF.

Est-ce que vous pouvez nous expliquer en quoi consistent les travaux de la Commission politique de l’APF ?

Aujourd’hui c’est la réunion de la Commission politique de l’Assemblée parlementaire francophone. On a un agenda relativement habituel. A chaque réunion, on se livre à un tour d’horizon de chacune des sections présentes. 19 sections ont participé et ils nous ont présenté ce qu’il s’est passé dans l’actualité politique de leur pays. L’APF est un espace de dialogue et d’écoute important donc cela permet à chacun de présenter la situation de sa section aux autres membres. Ensuite il y a la présentation et l’adoption du rapport sur la situation politique de chaque Etat. Dans plusieurs pays d’Afrique, la situation nécessite qu’on se penche dessus et nourrit les débats de la Commission.

Comment les travaux de l’APF prennent en compte l’actualité et notamment la situation au Sahel et en Afrique de l’ouest après les coups d’État au Burkina Faso et au Mali notamment ?

Aujourd’hui, sur proposition de la section française, on auditionne Roch-Olivier Maistre, le président de l’Arcom, et Gabriel Ferriol, chef du service de vigilance et de protection contre les ingérences numériques étrangères (Viginum). L’initiative est française mais tout le monde est concerné par la désinformation et la propagation des fausses nouvelles, a fortiori quand on est dans une phase de transition politique ou lorsqu’il y a pu avoir des coups d’État comme c’est le cas au Sahel.

Comment l’APF réagit à la situation en Afrique de l’ouest, où l’on a assisté à des troubles politiques majeurs ?

On suit évidemment la situation et on la regarde sous plusieurs angles, avec beaucoup d’acuité puisque parmi les fondateurs de l’APF il y a toutes les sections du Sahel. Aujourd’hui avec ce qu’il se passe au Mali, au Burkina Faso et au Tchad depuis les coups d’État, les sections ont été suspendues. Ils sont dans des périodes de transition et donc ne font plus partie de l’APF. S’il y a un début de transition démocratique, il faut pouvoir maintenir le dialogue pour favoriser le plus rapidement et le mieux possible un retour à la démocratie. Nous ne sommes pas un organe de sanction. On veut que le pouvoir législatif puisse être exercé par le peuple et ses représentants, c’est avant tout le message que nous portons.

Concrètement, quelles sont les actions mises en œuvre par l’APF pour faire progresser les valeurs démocratiques ?

Nous avons à notre disposition la bonne volonté des parlementaires qui composent cette assemblée. Avec eux, nous pouvons faire des missions de bons offices avec le secrétariat de l’APF qui met à disposition des fonctionnaires des assemblées, malheureusement tous les pays n’en ont pas les moyens. Ces missions visent aussi à apporter un soutien aux États qui se trouvent dans une situation de crise et aussi pour organiser des missions électorales d’observation.

Comment l’APF fait-elle pour ne pas apparaître comme un relai de la diplomatie française ?

Il est évident que d’avoir des collègues Canadiens, Suisses ou Belges, qui mettent aussi beaucoup de personnels à disposition, permet de faire passer des messages qui ne seraient pas audibles sinon. De notre point de vue, les valeurs de la francophonie sont universelles. Mais il est parfois difficile, en tant que Français, de remettre le parlement au milieu du village dans ce contexte de défiance à l’égard de la France.

Est-ce que l’APF permet d’avoir des débats et des réflexions qui seraient plus difficiles d’avoir dans d’autres instances internationales ?

On a des périodes de tensions, entre les sections elles-mêmes, mais on arrive à discuter de façon sereine, les débats sont parfois plus simples que dans le cadre de l’Union interparlementaire (UIP) qui regroupe des parlementaires du monde entier. Ça peut, néanmoins, être très tendu sur certains sujets, comme la peine de mort. Ce n’est pas un sujet qui se traite simplement. Mais la façon de travailler à l’APF permet d’aborder des sujets qui seraient trop difficiles à aborder ailleurs. Sur la peine de mort nous avons un rapport annuel sur l’avancée des Etats sur le sujet. On a aussi eu un rapport fait sur la situation des personnes LGBT dans l’espace francophone, c’était un choc culturel, mais le rapport a été adopté. On respecte les positions de chacun, nous sommes là pour discuter et voir comment avancer de manière harmonieuse sur tout ce que l’on a en commun.

On remarque également que des Etats qui ne sont pas francophones intègrent l’APF avec des statuts de membres associés ou d’observateurs, quel est l’intérêt pour ces Etats ?

Il y a des Etats qui ne sont pas ouvertement francophones mais qui ont fait la démarche de rejoindre parce que certains de leurs parlementaires parlent français et ont un intérêt pour la francophonie. De toute façon, il faut être capable de s’exprimer en français, donc la démarche est de pouvoir participer à des instances internationales et pouvoir soit plaider leur situation soit donner de la visibilité à des Etats qui, parfois, en manquent. Et puis la francophonie ce sont des valeurs communes, auxquelles il faut adhérer, contrairement au Commonwealth.

Qu’est-ce qui différencie le Commonwealth de la francophonie ?

Tout d’abord, l’APF est l’assemblée consultative de l’Organisation internationale de la francophonie. J’observe depuis des années le Commonwealth et ce qui fait défaut à la francophonie c’est de ne pas être un espace de mobilité et donc ça peut être dommage pour attirer de nouveaux adhérents. J’aimerais que la francophonie ait un volet plus affirmé, il faudrait une véritable réflexion suivie de mesures sur ce point de la mobilité et que la francophonie devienne un espace privilégié de mobilité des personnes et d’échanges commerciaux. Pour rendre la francophonie attractive, il faut arriver à développer un espace privilégié de mobilité et de commerce avec la francophonie.

 

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

Israel Palestinians
16min

International

Guerre Israël-Hamas : « La solution à deux Etats fait son retour sur le devant de la scène internationale » 

L’attaque terroriste du Hamas le 7 octobre a eu immédiatement un retentissement mondial. 6 mois plus tard, quelles sont les répercussions géopolitiques de ce conflit ? Les Etats-Unis, traditionnels alliés d’Israël, sont-ils en train de lâcher l’Etat hébreu ? Réponses avec David Khalfa, Co-directeur de l’Observatoire de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient de la Fondation Jean-Jaurès.

Le

Computer Hacker
5min

International

Cyberattaques : un ancien sénateur victime de hackers chinois dénonce l’inaction des autorités françaises

L’ancien sénateur, André Gattolin vient de découvrir grâce à une enquête de la justice américaine qu’il avait subi une cyberattaque en 2021 menée par des hackers en lien avec le service de renseignement chinois. Il était à l’époque membre de l’alliance interparlementaire sur la Chine. Il dénonce aujourd’hui le manque de soutien des autorités françaises. « Dans un Etat de droit, on protège ses parlementaires », s’insurge-t-il.

Le

Paris: Emmanuel Macron welcomes Rwanda’s President Paul Kagame
10min

International

Couac de l’Elysée sur le génocide des Tutsi : « Il est difficile de savoir quelles seront les conséquences de cet épisode », analyse l’historien François Robinet

Ce jeudi 4 avril, un point presse de l’Elysée laissait présager que le président de la République allait amorcer une étape supplémentaire dans la reconnaissance de la responsabilité de la France dans le génocide des Tutsis, qui a fait 800 000 morts en à peine 3 mois. Trois jours plus tard, Emmanuel Macron n’a pourtant pas souhaité aller plus loin, suscitant une certaine incompréhension. Pour l’historien François Robinet, cet événement « semble indiquer que l’exécutif ne pourra pas aller plus loin sur la voie de la reconnaissance des responsabilités françaises ». Entretien.

Le