Le texte de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur, finalisé le 6 décembre, a été dévoilé cette semaine par la Commission européenne. Il prévoit une réduction drastique, voire la suppression des droits de douanes sur des quotas de produits fabriqués de part et d’autre de l’Atlantique. La France continue de s’opposer à ce texte, alors que les volumes de denrées agricoles concernés soulèvent l’inquiétude de nombreuses filières.
La ministre Catherine Colonna souligne « l’urgence de demander l’accès humanitaire à la bande de Gaza »
Par François Vignal
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Auditionnée sur le budget de son ministère, en vue de l’examen du projet de loi de finances 2024 au Sénat, la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Catherine Colonna, ne pouvait couper court à un point sur la situation internationale, en ouverture de son audition par la commission des affaires étrangères de la Haute assemblée, ce mercredi.
Le message de la France, dans ce contexte extrêmement tendu, tient en deux points. D’abord, « l’urgence de demander l’accès humanitaire à la bande de Gaza, des biens de première nécessité, des médicaments, qui sont indispensables aux populations réfugiées dans le sud, en particulier. De demander la protection des civils et de demander d’une façon générale le respect du droit international par Israël, dans l’exercice de son droit à se défendre. Parce que personne ne doit oublier qu’Israël a été l’objet d’attaques terroristes abominables de la part du Hamas, organisation terroriste, commettant des actes terroristes, dont l’horreur n’est plus à démontrer. Et il a comme tout Etat le droit de se défendre, et même le devoir d’assurer la sécurité de sa population. De même que le devoir de le faire, comme tout Etat, dans le cadre du droit », a rappelé Catherine Colonna.
« Nous ne changeons pas de conviction, que c’est la paix qui apportera la sécurité et qu’il faut se diriger vers une solution à deux Etats »
« Le second axe de notre diplomatie et de la France consiste à lancer, à chacun, un appel à la responsabilité pour éviter l’escalade et un embrasement régional qui pourrait atteindre peut-être plusieurs pays, en tenter peut-être d’autres, et qui ne laisserait sans doute pas nos propres territoires totalement à l’écart de tensions qu’on voit déjà l’œuvre », ajoute la ministre des Affaires étrangères, qui ne veut « évidemment pas être pessimiste » mais qui « constate l’extraordinaire volatilité de la situation ». Mais elle craint que « les événements des derniers jours, et pas seulement de la dernière journée, conduisent à avoir un risque fort que commence à se réaliser ce que nous redoutions ».
« Il faudra bien redonner un horizon à la paix », avance la ministre, qui rappelle la position traditionnelle de la France : « Il faudra prendre en compte le droit absolu d’Israël à la sécurité, tout comme le droit des Palestiniens à disposer d’un Etat. Nous ne changeons pas de conviction, que c’est la paix qui apportera la sécurité et qu’il faut se diriger vers une solution à deux Etats, où chacun pourra vivre en paix et en sécurité ».
« La préoccupation est forte »
Mais pour l’heure, on en est loin. « La préoccupation est donc forte », résume Catherine Colonna, avant d’évoquer la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, présentée ce mercredi par le Brésil. Mais étonnamment, la ministre affirme qu’elle a été « adoptée », alors qu’elle a en réalité été rejetée…
« Le Conseil de sécurité des Nations Unies vient d’adopter cet après-midi une résolution, présentée par le Brésil, qui a été travaillée, comme c’est la règle aux Nations Unies, négociée, quelques jours, avant d’être mise au vote et d’être acceptée cet après-midi, qui condamne clairement le Hamas et ses actions terroristes, appelle à la désescalade et rappelle les principes fondamentaux du droit humanitaire », a affirmé Catherine Colonna, précisément à 16h38, soit 13 minutes après que l’AFP envoie une alerte sur le rejet de la résolution.
Selon l’Agence France Presse, le projet de résolution brésilienne a été rejeté du fait du véto des Etats-Unis, un des cinq membres permanents, ce qui suffit à rejeter toute résolution. Washington s’est opposé au texte car il ne mentionnait pas « le droit d’Israël à se défendre », a fait valoir l’ambassadrice américaine à l’ONU Linda Thomas-Greenfield. Sur les 15 Etats membres du Conseil de sécurité de l’ONU, 12 ont voté pour et deux se sont abstenus, dont la Russie. Catherine Colonna s’est visiblement avancée un peu vite sur le sujet.
Appelée ensuite, au cours de l’audition, à donner sa « réaction au rejet de la résolution brésilienne », par le président de la commission, le sénateur LR Cédric Perrin, la ministre a regretté le véto américain, soutenant qu’elle ne parlait, une heure plus tôt, que des discussions préalables.
« En effet, je décrivais tout à l’heure l’état des négociations qui avaient permis d’améliorer le projet de texte présenté il y a plusieurs jours par le Brésil, dans le sens que je décrivais », a commencé Catherine Colonna, avant d’ajouter : « Nous avons voté en faveur de ce texte, comme beaucoup d’autres Etats. Deux autres Etats membres du Conseil de sécurité se sont abstenus et il y a eu un veto, en effet, celui des Etats-Unis. Un véto qu’il leur faudra expliquer. Car si le texte n’atteignait pas la perfection des objectifs qu’on pourrait idéalement fixer à une résolution des Nations-Unies, de façon à ce que ce texte amène la désescalade et empêche un engrenage encore plus délicat, tout en rappelant le droit d’Israël à se défendre, il nous a paru suffisamment bon, comme à la majorité des membres du Conseil, pour qu’il soit voté ».
[Article mis à jour à 20h05, suite à la précision apportée par Catherine Colonna concernant la résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies]
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