A l’image du Rassemblement national en France, les partis d’extrême droite prospèrent en Europe et représentent la deuxième force politique dans un tiers des Etats-membres de l’Union européenne. Au pouvoir en Italie avec Giorgia Meloni, ils participent à des coalitions de gouvernement en Lettonie, Slovaquie et Finlande. Et leur ascension vient d’être une nouvelle fois illustrée, début décembre, par la victoire du parti de la Liberté, emmené par Geert Wilders, aux élections législatives aux Pays-Bas. Même si Geert Wilders peine à former un gouvernement, son score est une nouvelle secousse dans le paysage politique européen.
Un vote qui s’explique par la peur du futur ?
“Cette montée de l’extrême droite s’explique par une peur du changement de la part de certains citoyens et ils essaient de revenir à un passé qui n’existe plus”, analyse Daniel Freund, eurodéputé allemand, membre du groupe Les Verts, interrogé dans l’émission Ici l’Europe (France 24/Public Sénat).
Une vision qui n’est pas celle de Thierry Mariani, ancien ministre de Nicolas Sarkozy, et désormais eurodéputé du Rassemblement national, membre du groupe Identité et démocratie au Parlement européen : “Ce vote, ce n’est pas revenir en arrière, mais c’est ne pas tout céder au futur. Cette poussée des partis nationaux, ce sont des citoyens qui croient dans l’Europe mais qui veulent que l’Europe respecte leur identité et leur histoire.”
Pas de réponses miracles à la question migratoire
Le contrôle voire la fin des flux migratoires fait partie des grandes promesses de l’extrême droite européenne. Mais les discours se heurtent parfois à la réalité quand certains de leurs partis arrivent au pouvoir. C’est le cas de Giorgia Meloni, la Première ministre italienne, qui a été obligée de demander la solidarité des autres pays européens pour accueillir les demandeurs d’asile arrivés à Lampedusa. “La seule solution à ce sujet migratoire, c’est la coopération entre les Etats-membres de l’Union européenne”, estime Daniel Freund. Ce que réfute Thierry Mariani : “chaque Etat a une démographie différente et donc plus ou moins besoin d’immigration. Chaque Etat doit donc maîtriser sa politique migratoire. Nous proposons de réformer l’espace Schengen, en gardant la libre circulation en Europe des citoyens européens, mais en faisant en sorte que chaque étranger reste dans le pays où il a obtenu son titre de séjour.”
L’extrême droite en ordre divisé au Parlement
L’immigration sera sans conteste l’un des thèmes forts de la campagne des élections européennes, le 9 juin 2024. Et les partis d’extrême droite comptent profiter de ce scrutin pour se renforcer au Parlement européen. Ils sont actuellement divisés en 2 groupes d’une soixantaine de députés chacun : le groupe Identité et Démocratie, où siège notamment le RN, et le groupe des Conservateurs Réformistes européens, où siègent par exemple Fratelli d’Italia, la formation de Giorgia Meloni. Si leurs contingents se renforcent au soir du 9 juin, ils pourraient former une minorité de blocage. “Nous ne voulons pas bloquer l’Europe mais que les 27 Etats puissent défendre leurs intérêts quand il le faut”, explique Thierry Mariani. “Nous sommes par exemple favorables au maintien du vote à l’unanimité sur certains sujets stratégiques au sein du Conseil européen, alors que nos adversaires veulent généraliser le vote à la majorité qualifiée.” Même si les sondages annoncent une poussée de l’extrême droite au Parlement, Daniel Freund reste optimiste. “Les élections ne sont pas jouées, et les dernières législatives en Pologne – victoire du parti européiste de Donald Tusk sur les ultraconservateurs du PiS – ont montré que la montée de l’extrême droite n’était pas une fatalité.”
Le débat Ici l’Europe à suivre en intégralité.