L’ONU a demandé à la République islamique de cesser immédiatement d’appliquer la peine de mort. Chaque jour en Iran, trois personnes sont pendues. Depuis le début de l’année 2025, le pays a atteint le triste record de 612 exécutions. Soit plus du double par rapport à l’an passé ( 297 exécutions ), sur la même période.
40% des personnes condamnées à la peine de mort avaient été arrêtées pour des infractions liées à la drogue, 10% étaient jugées pour « inimitié envers Dieu » ou « corruption sur Terre ». Des motifs souvent prétextes, pour emprisonner les opposants politiques et les minorités nationales et religieuses. Actuellement, 48 personnes sont dans le couloir de la mort, selon l’ONU.
Il y a trois jours, le mouvement d’opposition en exil, les Moudjahidines du peuple (MEK), a dénoncé l’exécution de deux de ses membres, dans un « crime barbare ». Torturés, puis condamnés à mort, les deux hommes été inculpés pour « perturbation de l’ordre public et mise en danger des citoyens innocents. » La présidente du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), Maryam Radjavi, a appelé les Nations Unis et tous leurs Etats membres à « prendre des mesures fermes contre ce crime barbare », ajoutant, « il est temps de prendre des décisions concrètes et efficaces contre ce régime d’exécutions et de torture. »
Un régime empreint d’une forme de « paranoïa »
Depuis la fin de la « guerre des douze jours » entre l’Iran et Israël, puis les Etats-Unis, en juin dernier, Téhéran intensifie sa répression et traque les « collaborateurs » (c’est-à-dire, les alliés d’Israël). Le rythme des procès s’accélère, les temps d’audience diminuent. Les avocats de la défense sont inexistants, les accusés n’ont pas le droit à la parole. « L’Iran sort d’une défaite face à Israël et aux Etats-Unis. Comme à son habitude après une défaite, le régime cherche à montrer qu’il garde la main. Il ne veut pas laisser croire aux opposants qu’il y a potentiellement une marge de manœuvre. Alors il accélère les arrestations, les procès et les exécutions », explique David Rigoulet-Roze, chercheur à l’IFAS et spécialiste du Moyen-Orient.
Et comme si ça ne suffisait pas, le Parlement iranien a failli adopter un texte pour inclure au motif de collaboration avec des « Etats hostiles », des actes tels que la communication en ligne, la collaboration avec des médias étrangers et « l’alignement idéologique ». La loi a finalement été retirée.
Vers un nouveau 1988 ?
« Une agence de presse proche des gardiens de la révolution a évoqué ce qu’on appelle le massacre des prisons, en 1988. Fars News rappelle qu’à l’époque ça avait été redoutablement efficace pour faire disparaitre toute velléité dissidente », ajoute David Rigoulet-Roze. Sorti vaincu de la guerre avec l’Irak, le guide suprême de l’époque, l’ayatollah Khomeiny avait fait exécuter plus de 5000 personnes, femmes et adolescents compris. Une répression terrible, qui lui avait permis d’étouffer l’opposition. « Aujourd’hui, on n’y est pas encore, mais la répression s’accélère », conclut David Rigoulet-Roze.
Pour rappel, trois Français sont toujours détenus en Iran. Cécile Kohler et Jacques Paris, inculpés pour « espionnage pour le Mossad », un crime passible de la peine de mort. En juin dernier, Lennart Monterlos, 18 ans, a rejoint les deux précédents otages français, pour avoir « commis un délit » alors qu’il traversait le pays à vélo. Avec cette diplomatie des otages, Téhéran espère obtenir une levée des sanctions sur le dossier nucléaire.