L’accès à l’espace Schengen, enjeu des élections européennes en Roumanie

La Roumanie est entrée le 31 mars dans l’espace Schengen de libre circulation des personnes de l’Union européenne, mais dans un cadre limité par rapport aux autres Etats-membres. Un demi-succès pour les Roumains et un thème important durant la campagne roumaine des élections européennes. On en parle avec deux eurodéputés roumains, dans l’émission Ici l’Europe sur France 24 et Public Sénat.
Alexandre Poussart

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Près de 17 ans après son adhésion à l’Union européenne, la Roumanie va enfin faire son entrée, aux côtés de la Bulgarie, dans l’espace Schengen de libre circulation des personnes. Mais cette libre circulation sera limitée aux frontières aériennes et maritimes de la Roumanie, et non terrestres.

« Cet accès à l’espace Schengen est un sujet de débat très important en Roumanie. Le maintien de contrôles à nos frontières terrestres reste très problématique car il fait perdre beaucoup d’argent aux transporteurs, qu’ils soient Roumains ou même étrangers », explique Alin Mituta, eurodéputé roumain, membre du groupe centriste Renew au Parlement européen, interrogé dans l’émission Ici l’Europe sur France 24 et Public Sénat.

« Nos frontières sont sécurisées » assure l’eurodéputé roumain Cristian Busoi

Cette entrée de la Roumanie dans Schengen, dans des conditions restreintes, a mis autant de temps à être acceptée, car jusque-là, certains pays comme l’Autriche avaient mis leur veto craignant une immigration massive via les frontières roumaines.

« Cet argument ne tenait pas car les observateurs européens (comme l’agence Frontex) ont prouvé que nos frontières étaient sécurisées », réagit Cristian Busoi, eurodéputé roumain, membre du Parti populaire européen, à la droite de l’hémicycle européen, et du Parti national libéral en Roumanie, parti de centre droit, qui forme une coalition de gouvernement avec les Sociaux-démocrates roumains.

« En tout cas, ce blocage de l’Autriche a donné des arguments au parti d’extrême droite roumain AUR (Alliance pour l’Union des Roumains), antieuropéen, face à certains citoyens roumains qui ne se sentaient pas respectés. »

Montée de l’extrême droite en Roumanie

Un parti d’extrême droite roumain qui pourrait faire une percée aux prochaines élections européennes de juin prochain et décrocher, selon les derniers sondages, une dizaine de sièges d’eurodéputés sur les 33 réservés à la Roumanie. « C’est un jeune parti qui s’est développé pendant le Covid, sur un discours antivaccin, anti-masques. Il est proche de la Russie et contre l’aide à l’Ukraine », explique Cristian Busoi. « L’Ukraine est aussi un thème important de la campagne en Roumanie », poursuit Alin Mituta. « L’extrême droite joue avec la guerre et les fake news pour gagner des voix mais la majorité des partis roumains sont pro européens et nous allons convaincre les Roumains que l’Union européenne a été positive pour notre pays. »

Adhésion à l’UE : un bilan économique plutôt positif

Effectivement quand on regarde les chiffres, on comprend que l’Union européenne a permis de développer un pays, victime de décennies de la dictature communiste de Ceausescu. Ces cinq dernières années, le revenu médian par habitant a doublé même s’il est encore très faible par rapport à la moyenne européenne et s’élève à 460 euros par mois. «

«Le quotidien des Roumains s’est amélioré grâce aux milliards d’euros de fonds européens investis dans la santé, l’école, les infrastructures », se félicite Cristian Busoi. « Chaque village roumain a au moins une fois bénéficié de l’argent européen. »

Des progrès dans la lutte contre la corruption

Mais cet argent européen a-t-il été bien utilisé alors que la corruption mine la Roumanie depuis des années ? « La corruption reste un sujet important et tout le monde se souvient des grandes manifestations de 2018 contre la corruption », rappelle Alin Mituta. « Nous avons fait des progrès depuis, notre justice est plus indépendante et l’Union européenne nous a aidés sur ce sujet. » En 2022, la Roumanie est sortie de la procédure de surveillance de la Commission européenne sur la corruption, validant ses progrès, et poursuivant sa lente intégration dans le club européen…

Partager cet article

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

L’accès à l’espace Schengen, enjeu des élections européennes en Roumanie
3min

International

Utilisation des avoirs russes gelés en Belgique : “les autres Etats-membres européens doivent partager le risque”, estime l’ancien Premier ministre belge Elio di Rupo

Comment financer le soutien à l’Ukraine ? La question se pose de manière urgente car l’État ukrainien pourrait se retrouver à court de liquidités, à cause de l’effort de guerre, dès le début de l’année 2026… Alors que les États-Unis de Donald Trump se désengagent de cette guerre, l’Union européenne s’est engagée à répondre au besoin de financement militaire et civil de l’Ukraine dans les deux prochaines années, estimé à 135 milliards d’euros. Plusieurs options sont sur la table mais la moins coûteuse pour les finances publiques européennes est l’utilisation des avoirs russes gelés, qui s’élèvent à hauteur de 210 milliards d’euros et dont la majeure partie, appartenant à la Banque centrale de Russie, est hébergée en Belgique par la société Euroclear. Un prêt de 140 milliards d’euros à l’Ukraine La Commission européenne travaille sur le projet d’un prêt à l’Ukraine utilisant 140 milliards d’euros de ces avoirs russes. Ce montant serait remboursé par l’Ukraine uniquement si la Russie lui verse des réparations. Cette solution se heurte toutefois à l’opposition de la Belgique, pays hôte de ces avoirs, qui craint des représailles juridiques russes dans les années à venir, si jamais ces avoirs financiers étaient utilisés. “Pour un pays comme la Belgique, devoir rembourser une telle somme ce serait une catastrophe !” Une crainte expliquée par Elio Di Rupo, l’ancien Premier ministre belge socialiste, désormais eurodéputé, interrogé dans l’émission Ici l’Europe, sur France 24, Public Sénat et LCP. “Nous ne savons pas comment la guerre en Ukraine va se terminer. Nous ne savons pas où en sera la Russie dans trois ans, cinq ans, dix ans et si elle se retournera contre un Etat-membre européen en disant, devant la justice, “Vous avez volé notre argent”. Pour un pays comme le mien, devoir rembourser une telle somme, ce serait une catastrophe.” Un accord intergouvernemental pour partager le risque Mais Elio Di Rupo estime qu’il y a une solution pour utiliser ces avoirs russes gelés et financer le soutien à l’Ukraine. “Les 27 États-membres de l’Union européenne doivent signer à l’unanimité un accord pour partager le risque de l’utilisation de ces fonds. Je pense qu’on n’y arrivera pas quand on voit que le Premier ministre hongrois Viktor Orban est un grand ami de Poutine. Il faudra alors conclure un accord intergouvernemental entre 25 pays européens qui prendront l’engagement de partager le risque. A ce moment-là, le gouvernement belge pourra légitimement valider cette contribution de l’Union européenne à l’Ukraine”, via l’utilisation de ces avoirs russes.

Le

Chile Election
3min

International

Présidentielle au Chili : 35 ans après la fin de la dictature de Pinochet, l’extrême droite pourrait revenir au pouvoir

Les candidats de droite et d'extrême droite réunissent 70 % des voix lors de ce premier tour de l’élection présidentielle chilienne malgré l’arrivée en tête, avec 26,85 %, de la candidate communiste de la coalition de la gauche, Jeannette Jara. Mais elle dispose de peu de réserves de voix comparée au candidat d’extrême droite José Antonio Kast qui récolte 23,92 % des suffrages.

Le