Le texte de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur, finalisé le 6 décembre, a été dévoilé cette semaine par la Commission européenne. Il prévoit une réduction drastique, voire la suppression des droits de douanes sur des quotas de produits fabriqués de part et d’autre de l’Atlantique. La France continue de s’opposer à ce texte, alors que les volumes de denrées agricoles concernés soulèvent l’inquiétude de nombreuses filières.
« L’accord de libre-échange avec le Mercosur est un bon accord » assure cet eurodéputé socialiste portugais
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L’Union européenne s’apprête à signer l’accord de libre-échange le plus important de son histoire, avec le Mercosur qui rassemble le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay, le Paraguay et la Bolivie. Cette levée des droits de douane sur de nombreux produits concernerait plus de 700 millions de consommateurs des deux côtés de l’Atlantique et représenterait 45 milliards d’euros d’échanges commerciaux. Une aubaine pour certains, un contre-sens pour les autres. Les 27 Etats membres de l’Union européenne sont divisés.
« Créer un grand marché qui sera régulé »
« Cet accord avec le Mercosur est un bon accord », estime Francisco Assis, eurodéputé socialiste portugais, interrogé dans l’émission Ici l’Europe, sur France 24, LCP et Public Sénat. « C’est d’abord un bon accord sur le plan politique car l’Union européenne a besoin de rompre son isolement et d’améliorer ses relations avec d’autres régions du monde. Ensuite c’est un bon accord économique qui va créer un grand marché qui sera régulé. » L’Allemagne, l’Espagne et le Portugal figurent parmi les Etats européens qui poussent pour la signature de ce traité avec l’espoir de doper leurs exportations. Après plus de 20 ans de négociations, « c’est la dernière occasion de signer cet accord. Sinon les Sud-Américains nous remercieront et iront faire du commerce avec les Chinois. »
L’accord de Paris sur le climat sera-t-il respecté ?
Du côté des opposants, la France en tête, on pointe les conséquences néfastes pour les agriculteurs qui dénoncent une conséquence déloyale et pour l’environnement alors que cet accord risque d’entraîner une hausse de la déforestation en Amazonie, à cause de l’élevage bovin et de la culture du soja. « Même si sur le principe un accord de libre-échange est bon pour la croissance, la France n’est pas certaine que le respect de l’accord de Paris de 2015 sur le climat sera une clause essentielle de ce traité avec le Mercosur », explique Marie-Pierre Vedrenne, eurodéputée française du groupe Renew Europe, soutien d’Emmanuel Macron.
Un accord avec le Mercosur alors qu’une guerre commerciale se profile avec les Etats-Unis
Cet accord de libre-échange est d’autant plus important pour la Commission européenne que Bruxelles craint une nouvelle guerre commerciale avec les Etats-Unis, alors que Donald Trump, qui fera son retour à la Maison Blanche, a promis pendant sa campagne, une hausse des droits de douane de 10 à 20%. Pour rappel en 2023, l’Union européenne a bénéficié de 150 milliards d’euros d’excédent commercial avec les Etats-Unis.
« Trump a l’habitude de mettre ses menaces à exécution. Ce risque de guerre commerciale est réel », s’inquiète Francisco Assis. « Donald Trump utilise les droits de douane pour gagner sur d’autres sujets. Il veut notamment détruire la régulation du numérique que l’Union européenne impose aux géants de la tech et notamment à son principal soutien Elon Musk, patron du réseau social X », explique l’eurodéputée allemande Anna Cavazzini, membre du groupe Les Verts.
« Dans cette affaire, le principal risque pour l’Union européenne est la division et que certains Etats-membres comme l’Italie de Giorgia Meloni aillent défendre en solo leurs propres intérêts avec Donald Trump », note Marie-Pierre Vedrenne. « Nous devons être en capacité de répondre en cas d’attaque contre notre marché intérieur. » conclue-t-elle.