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Israel's Iron Dome missile defense system fires interceptors at rockets launched from the Gaza Strip, in Ashkelon, southern Israel. Thursday, May 11, 2023. (AP Photo/Tsafrir Abayov)/POW202/23132771279366/MAY 11, 2023 PHOTO/2305122344

Le dôme de fer israélien, une prouesse technologique qui atteint ses limites ?

C’est l’une des pierres angulaires du système de défense antiaérienne israélien, mais il a été sérieusement mis en difficulté lors des attaques du Hamas, survenues les 7 et 8 octobre.
Hugo Ruaud

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Il fait depuis plus de dix ans la fierté du gouvernement israélien. Synonyme de l’avance technologique et militaire de l’Etat hébreu sur ses voisins, le « dôme de fer » fait son apparition chaque fois qu’Israël est attaqué. Mais le fonctionnement et la nature de ce système de défense anti-aérienne au nom qui évoque la science-fiction sont souvent mal compris : il ne s’agit pas d’un dôme à proprement parler, mais du déploiement d’une multitude de « batteries » anti missiles capables de neutraliser les tirs d’obus et de roquettes lancés depuis Gaza, le Liban, ou la Syrie. Chaque batterie comprend un radar de détection et de pistage, un logiciel de contrôle de tir et trois lanceurs équipés chacun de 20 missiles d’interception. Le système permet d’abattre en vol des engins d’une portée de 4 à 70 km. La première batterie « Iron Dome » a été installée en mars 2011 dans la région de Beersheva, la capitale du désert du Néguev, située à 40 km de la bande de Gaza, le même désert où, le 7 octobre, des centaines de festivaliers qui participaient à une rave party ont été massacrés par les terroristes du Hamas. Dix autres batteries ont ensuite été déployées, notamment près des villes d’Ashkelon et Ashdod, au sud de la grande métropole de Tel-Aviv, et près de la ville de Nétivot, à 20 km de la bande de Gaza.

 

Concrètement, lors d’un tir de roquette, la technologie analyse la courbe, la taille et la vitesse de l’objet. Si la trajectoire de la roquette menace une zone habitée, une batterie du dôme de fer propulse un missile sol-air dans sa direction. Ce dernier explose, une fois arrivé à proximité de la cible, et la roquette est neutralisée. Les roquettes dont la trajectoire ne s’avère pas menaçante ne sont pas interceptées. Car cette prouesse a un coût : environ 50 000 dollars par tir de batterie.

 

Pas infaillible

 

Le taux d’interception des roquettes par cette technologie varie, mais l’année dernière, Israël se targuait d’avoir détruit 97 % des roquettes lancées depuis Gaza grâce à son dôme de fer. Les années qui précédaient, ce taux oscillait plutôt entre 80 et 90 %. Mais le dispositif a-t-il failli, lors de l’attaque perpétrée par le Hamas, entre le 7 et le 8 octobre ? Sur des images disponibles sur les réseaux sociaux, on peut apercevoir la technologie à l’œuvre alors qu’une pluie de missiles menace de s’abattre non loin de la rave party, dans le désert de Néguev. Sans le dôme de fer, la pluie de missiles aurait sans doute fait beaucoup plus de victimes. Mais aussi performant soit-il, le dôme de fer n’est pas infaillible. D’après le constructeur, le dôme de fer est capable d’intercepter jusqu’à 200 missiles par minute. Or le groupe terroriste a revendiqué avoir tiré plus de 5 000 roquettes en direction d’Israël, le tout en l’espace de 20 minutes, soit 250 missiles par minute. Il est donc probable que le dispositif ait été débordé, que son taux d’interception ait sensiblement baissé, et que de nombreuses roquettes aient échappé à sa vigilance. Par ailleurs, le dôme de fer connaît des faiblesses intrinsèques, et ce depuis des années. Il y a deux ans, le Jerusalem Post s’interrogeait déjà, en titrant « Le dôme de fer est-il aussi efficace qu’on le croyait ? ». La même année, dans la revue Foreign Policy, l’analyste et spécialiste du Moyen-Orient Seth J. Frantzman prévenait : « Le système de défense anti-aérienne d’Israël pourrait un jour ne plus suffire à stopper les tirs de roquette ». D’autant plus que le dispositif a un point faible principal : les missiles tirés à basse altitude, qu’il ne parvient pas à détecter, et donc à neutraliser. Après plus de dix ans d’existence et de nombreuses tentatives du Hamas – avec des attaques intenses en 2012, 2014, 2018 ou encore 2021, il est possible que les combattants djihadistes se soient adaptés et aient modifié leur façon de tirer.

 

Innover pour mieux résister ?

C’est sans doute la raison pour laquelle Israël s’est déjà lancé dans un programme novateur : « Iron beam » (le rayon de fer), qui serait une sorte de dôme de fer défendu par rayon laser. Ce nouveau système serait capable de neutraliser les drones, les roquettes, et les obus de mortier trop petits pour le dôme de fer, le tout pour un coût et une efficacité beaucoup plus intéressants. « On dirait de la science-fiction mais c’est parfaitement réel » ; avait commenté le premier ministre Naftali Bennett à l’annonce des premiers tests réussi à la mi-avril 2022.

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