Strasbourg : European Parliament session
Fabienne Keller Parliament members attend a session at the European Parliament, Tuesday, April 23, 2024 in Strasbourg, France. Philemon Henry/Sipa Les deputes europeens assistent a une session au Parlement europeen, mardi 23 avril 2024 a Strasbourg, France. Philemon Henry/Sipa//HENRYPHILEMON_240423_EU_Parliament_012/Credit:Philemon Henry/SIPA/2404231713

Les eurodéputés français en perte d’influence au Parlement européen

Les postes-clés dans les commissions du Parlement européen ont été distribués, ce mardi, entre les 720 eurodéputés. Au sein de la délégation française, le Rassemblement national a été isolé par le « cordon sanitaire », et les macronistes ont tenté de sauver les meubles. 
Alexandre Poussart

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Alors que la France est bloquée politiquement avec une Assemblée nationale sans majorité, l’influence française au sein du Parlement européen devrait décliner pour les cinq prochaines années. Ce mardi, les eurodéputés ont nommé les présidents et vice-présidents des 20 commissions et 4 sous-commissions de l’assemblée. Résultat : 8 postes obtenus pour les Français contre 17 pour les Allemands et 15 pour les Italiens. 

Les élus RN isolés par le cordon sanitaire

Première raison, sur les 81 eurodéputés français, les 30 élus du Rassemblement national, ainsi que les 5 eurodéputés élus sur la liste de Marion Maréchal aux européennes, subissent le cordon sanitaire imposé par les partis pro-européens aux groupes d’extrême droite, et se voient privés de ces postes clés à la tête des commissions. « Le seul élu RN ayant le pouvoir d’exercer une réelle influence, c’est Jordan Bardella qui prend la présidence de son groupe, Les Patriotes pour l’Europe, le troisième du Parlement européen avec 84 eurodéputés », note Simon Carraud, journaliste au bureau de Bruxelles du site d’information Contexte. « Il va donc siéger au sein de la Conférence des présidents du Parlement, qui a la main sur les décisions politiques et l’organisation des travaux parlementaires. »

Erosion de l’influence des eurodéputés macronistes

L’importance de la Macronie au sein du Parlement européen s’érode par rapport à la précédente mandature. Non seulement, ils ont perdu 10 sièges mais leur groupe centriste Renew Europe ne compte plus que 77 eurodéputés, contre une centaine auparavant, et a été relégué au rang de 5e groupe de l’hémicycle derrière celui du RN, et le groupe des Conservateurs, Réformistes européens piloté par l’Italienne Giorgia Meloni. Les Français de Renew ont pu conserver la présidence du groupe avec Valérie Hayer, mais ont dû renoncer aux présidences de commissions, alors qu’ils en détenaient 3 lors de la précédente mandature. 

Néanmoins, ils considèrent qu’ils ont tiré leur épingle du jeu en décrochant des postes de coordinateur de leur groupe dans 9 commissions. « On s’est bien débrouillés », estime Christophe Grudler, eurodéputé Modem, membre du groupe Renew, nommé coordinateur de son groupe dans la commission Energie et Industrie. « Le poste de coordinateur est presque aussi important qu’une présidence de commission. C’est celui qui va choisir quel élu dans son groupe va travailler sur tel dossier. Ainsi on va continuer à imprimer une forme de ligne française. »

A gauche, quelques postes importants

Du côté de la gauche française, la moisson des postes a été plutôt bonne. Aurore Lalucq, de Place publique, décroche la présidence de la commission des Affaires économiques. « Cela correspond à la remontée en puissance des eurodéputés français, élus sur la liste de Raphaël Glucksmann, au sein du groupe des Sociaux-démocrates, 2e groupe du Parlement avec 144 eurodéputés », commente Simon Carraud. 

Chez les Insoumis, Manon Aubry conserve la tête du groupe La Gauche, très minoritaire dans l’hémicycle avec ses 46 députés. Younous Omarjee obtient une vice-présidence du Parlement européen. L’écologiste Mounir Satouri devient le président de la commission en charge des Droits de l’homme. La militante franco-palestinienne, élue eurodéputée Insoumise, Rima Hassan, devait être élue vice-présidente de cette commission, mais l’eurodéputé LR François-Xavier Bellamy a réussi pour le moment à bloquer son élection. « Cela pose un vrai problème que Madame Hassan, qui a légitimé le Hamas au lendemain du 7 Octobre et qui a décrit l’État d’Israël comme une « monstruosité » représente la voix des droits de l’homme au Parlement européen », a expliqué François-Xavier Bellamy au Figaro. Une manœuvre politique et un maigre signe de l’influence encore restante du parti Les Républicains au Parlement européen, avec ses 6 eurodéputés, qui n’occuperont pas de postes-clés à Strasbourg.

Partager cet article

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

Les eurodéputés français en perte d’influence au Parlement européen
4min

International

Chercheurs américains en Europe : « Une vaste comédie », selon cette eurodéputée insoumise  

L’Union européenne débloque 500 millions d’euros pour attirer les chercheurs américains maltraités par Donald Trump. Mais cette enveloppe est-elle suffisante ? L’Union a-t-elle les moyens d’accueillir des chercheurs américains alors que sa propre recherche manque de financements ? On en débat cette semaine dans l’émission Ici l’Europe, sur France 24, LCP et Public Sénat.

Le

Frappes israéliennes en Iran : un revers pour la diplomatie de Trump ?
7min

International

Frappes israéliennes en Iran : un revers pour la diplomatie de Trump ?

Les bombardements israéliens sur une série de sites iraniens durant la nuit écoulée viennent questionner l’état de la relation entre Washington et l’État hébreu, qui ont connu une série de hauts et de bas lors des derniers mois. Ce vendredi, Donald Trump a choisi de mettre la pression sur Téhéran.

Le

Pakistan Iran Mideast Wars
5min

International

Frappes israéliennes : « Israël veut replacer l’Iran comme l’ennemi principal de la région »

Cette nuit, Israël a frappé à de nombreuses reprises des sites nucléaires et des dirigeants de l'armée iranienne en justifiant une « menace nucléaire ». L’Iran a riposté avec une centaine de drones lancés vers le territoire israélien. Les attaques se sont poursuivies dans la journée. Pour Bernard Hourcade, directeur de recherche émérite au CNRS et spécialiste de l’Iran, la justification d’Israël n’est qu’une « façade » et vise à occulter la question palestinienne. Selon lui, cette série d'attaques va renforcer l’isolement d’Israël. Entretien.

Le

Iran nuclear water reactor of Arak
6min

International

Attaques d'Israël contre l'Iran : ce que l'on sait du programme nucléaire de Téhéran

Israël a invoqué la menace nucléaire pour justifier une série d’importants bombardements sur le sol iranien. Accusée de ne plus respecter depuis plusieurs années l’accord conclu en 2015 sur ses capacités nucléaires, Téhéran disposerait désormais du matériel nécessaire à la construction d’une bombe, selon des conclusions de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

Le