C’est la deuxième fois en moins de 24 heures que le ton monte au Sénat entre le groupe communiste, républicain, citoyen, écologiste – Kanaky (CRCE-K) et le ministre des Affaires étrangères. Hier, à l’occasion d’un débat sur la situation en Ukraine, sa présidente Cécile Cukierman avait dénoncé les « accents guerriers » dans les interventions de ses collègues, mais également les appels au réarmement de la part de l’Europe et de la France. « Vouloir surarmer l’Ukraine, même en cas de paix comme le projette Emmanuel Macron et le gouvernement, est une hérésie », avait-elle lancé.
Son intervention avait piqué au vif le chef de la diplomatie, Jean-Noël Barrot, qui avait alors invité « chacun à ne pas reproduire la rhétorique du Kremlin ». « Cécile Cukierman a dénoncé pendant toute son intervention la brutalité de Donald Trump et des États-Unis, mais n’a eu aucun mot pour dénoncer la brutalité de Vladimir Poutine qui s’est rendu coupable de crimes de guerre », a-t-il répondu.
« Le président de la République fera-t-il le choix de l’escalade militaire, ou celui d’un calendrier de la paix ? » demande le sénateur Pascal Savoldelli
La scène s’est rejouée ce mercredi 5 mars, à l’occasion des questions au gouvernement. Le sénateur communiste Pascal Savoldelli a estimé que la situation actuelle marquait « l’échec d’avoir cru à la guerre, et à ses souffrances, comme unique issue ». « Le président de la République fera-t-il le choix de l’escalade militaire, ou celui d’un calendrier de la paix », a-t-il interrogé, à quelques heures d’une allocution de l’Élysée. Il a également demandé si le gouvernement approuvait le plan von der Leyen, à 800 milliards d’euros, à savoir « une Europe de la défense qui achète encore et toujours des armes américaines ».
Nouvelle réponse teintée d’indignation de la part de Jean-Noël Barrot. « L’escalade, ce n’est pas celle des Européens ou des Ukrainiens. L’escalade, c’est celle de la Russie ! N’ayons aucune indulgence […] L’agresseur dans cette affaire, c’est la Russie de Vladimir Poutine et il n’y en a pas d’autre », a répliqué le locataire du Quai d’Orsay.
Le plan de 800 milliards d’euros des Européens est une « opportunité historique » selon le ministre
Dans les pas du Premier ministre, Jean-Noël Barrot a assuré que la « préférence européenne » en matière de matériel militaire serait « une priorité française ». « Les 800 milliards de Mme von der Leyen, nous comptons bien en faire l’opportunité historique du développement d’une base industrielle et technologique de défense européenne ». Quant à l’autre question du sénateur sur une sortie de l’Otan, le ministre a indiqué que ce n’était « ni la politique, ni l’objectif » du gouvernement.
Lors de sa réplique, Pascal Savoldelli s’est dit « étonné » par la réponse du ministre, qu’il a jugée « un peu haineuse et fausse ». « J’ai parlé de l’odieuse agression de Poutine », s’est défendu le parlementaire. L’élu du Val-de-Marne s’est indigné que les commandes militaires soient « assurées par l’endettement public ». « Les Français ne veulent pas de la guerre », a-t-il lancé.