Liban : « Israël n’a pas intérêt à s’enfoncer dans le territoire libanais », selon Antoine Basbous, directeur de l’Observatoire des pays arabes 

Sur le plateau de Public Sénat, le politologue associé chez Forward Global et directeur de l’Observatoire des pays arabes a écarté la possibilité d’une invasion terrestre du Liban par Israël, alors que le pays a multiplié les frappes aériennes ces derniers jours.  
Camille Romano

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Israël n’ira pas « s’enfoncer dans le territoire libanais » : c’est ce qu’a affirmé Antoine Basbous, directeur de l’Observatoire des pays arabes. Sur le plateau de la matinale de Public Sénat, le politologue a écarté cette possibilité, avançant que cela donnerait « l’avantage au Hezbollah, qui connaît mieux qu’Israël son territoire, qu’il a préparé pour des embuscades dans le cas d’une invasion terrestre. » Israël avait-il décidé d’en finir avec le Hezbollah ? « Israël a pris les moyens, et il a réussi », remarque-t-il. « Les choses ne s’arrêtent pas là, puisque tous les jours il y a encore des bombardements de stocks d’armes, de munitions. La traque des dirigeants se poursuit, et on ne voit plus une seule personne s’exprimer au nom du Hezbollah », souligne-t-il.

Ce qui ne signifie pas non plus la fin complète de l’organisation : « On ne peut pas dire qu’une idée se termine avec les dirigeants qui meurent. Le Hezbollah c’est une idéologie, qui est iranienne, et qui est l’expression de l’exportation de la révolution islamique d’Iran. Qui en Iran même s’est affaissée et est contestée tous les ans, par les Iraniens eux-mêmes », nuance-t-il.

Antoine Basbous ne « croit pas » que le Liban puisse devenir « un autre Gaza », comme s’en inquiétait le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres le 22 septembre. Il préfère voir, avec ce coup porté au Hezbollah et à son influence au Liban, « une occasion pour que le Liban ressuscite, pour faire élire un président de la République et ressusciter les institutions. »

Une « diversion israélienne » ?

Il ne voit pas non plus dans la situation actuelle le départ d’un embrasement régional du conflit. Interrogé sur le sujet par Oriane Mancini, Antoine Basbous fait remarquer qu’il s’agit là de « l’extinction de la partie militaire du Hezbollah qui est en train d’être démantelée. On voit bien qu’aucun pays n’a pleuré Nasrallah, à part les Iraniens. Et ce sont des larmes de crocodile, parce qu’ils n’ont rien fait pour le soutenir. »

Selon ce spécialiste de la région, les frappes aériennes en série que mène Israël sur le territoire libanais depuis le 23 septembre pourraient même relever d’une « diversion israélienne pour préparer la deuxième phase de ce qui vient de se passer, c’est-à-dire la destruction du programme nucléaire iranien. » Dimanche, les raids israéliens au Liban ont fait une centaine de morts et près de 350 blessés, selon le ministère libanais de la Santé.

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