Un tournant dans la crise au Proche-Orient. Retenus dans la bande de Gaza depuis deux ans, les 20 otages israéliens toujours en vie ont été libérés ce lundi 13 octobre par le Hamas. Tous sont désormais rentrés en Israël, ont indiqué les autorités du pays, quatre jours après la signature d’un cessez-le-feu avec le Hamas. En échange, 250 prisonniers palestiniens détenus pour “des raisons de sécurité” doivent également être libérés par Israël, ainsi que 1700 Palestiniens arrêtés à Gaza depuis le début de la guerre.
« C’est une étape cruciale d’abord pour les familles israéliennes, pour les familles palestiniennes – quand les prisonniers palestiniens seront à leur tour échangés » et « une étape cruciale pour le cessez-le-feu », soutient Bernard Guetta, eurodéputé Renew et invité de la matinale de Public Sénat ce lundi. Mais « une étape cruciale pour la paix, ça, c’est vraiment une autre question », expose-t-il. Selon lui, « il n’y a pas d’automaticité (…) d’une marche vers la paix suivant la libération des otages et l’échange de prisonniers ».
La question centrale du désarmement du Hamas
La trêve dans la bande de Gaza intervient après l’approbation par Israël et le Hamas de la première phase du plan du président américain, Donald Trump, pour la paix dans la région. Après une visite à Tel-Aviv (Israël), le milliardaire républicain doit participer ce lundi à un sommet de la paix consacré à Gaza à Charm el-Cheikh (Égypte). Le président français Emmanuel Macron, le Premier ministre britannique Keir Starmer et – comme annoncé en dernière minute – le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou doivent entre autres participer à ce sommet.
De quoi entrevoir un cessez-le-feu durable dans l’enclave palestinienne ? « On entre dans quelque chose d’absolument neuf », tempère, prudent, Bernard Guetta. « Le problème, c’est que les points suivants dans le plan Trump, c’est notamment le désarmement du Hamas », développe-t-il. « Il a d’ores et déjà dit qu’il n’en était pas question. » Après la libération des otages ce lundi, le mouvement islamiste a appelé le président américain et les différents médiateurs à ce que l’État hébreu ne reprenne pas la guerre dans le territoire palestinien.
Au-delà de la question de Gaza, la problématique de la colonisation israélienne en Cisjordanie, l’autre partie des territoires palestiniens, pourrait aussi mettre à mal la continuité du projet de paix imaginé par Washington. « C’est l’immense faiblesse de ce plan », souligne Bernard Guetta. « On a l’impression qu’implicitement, Donald Trump dit : ‘vous pouvez y aller pour la colonisation, au moins partielle, de la Cisjordanie ; et moi, je m’occupe de Gaza’. Si c’est ça, ça ne va pas marcher. »