Loi de programmation militaire : le Sénat et le gouvernement doivent encore se mettre d’accord sur le rythme et le fléchage des crédits

Invité de notre matinale, Christian Cambon est revenu sur les discussions en cours au Sénat autour de la loi de programmation militaire (LPM). Le président LR de la commission des Affaires étrangères identifie deux points de négociation avec le gouvernement : le cadencement des dépenses, et le fléchage des crédits.
Louis Mollier-Sabet

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Les discussions ont fini tard dans la nuit hier. « Nous avons discuté jusqu’à 2h du matin avec les équipes de Sébastien Lecornu », raconte Christian Cambon ce matin. Au programme, la loi de programmation militaire, débattue en ce moment au Sénat, un effort budgétaire de 413 milliards d’euros sur six ans, censée redonner de la marge à une armée française complète, mais qui pourrait manquer de « profondeur » en cas de guerre de haute intensité. « Il faut tenir compte de ce fait nouveau qu’est la guerre en Ukraine, et faire en sorte que l’on puisse renouveler nos stocks de munitions. Nous sommes compétents sur tous les segments, mais il nous manque de la profondeur. En 2025, nous aurons en stock de missiles complexes ce qui a été tiré la semaine dernière en Ukraine », explique ainsi le président de la commission des Affaires étrangères du Sénat.

« Il va y avoir un effet de l’inflation qui va ‘manger’30 milliards d’investissements »

Christian Cambon concède un effort budgétaire « important », voire « considérable », mais « pas aussi apparent qu’on pourrait le penser » : « Il va y avoir un effet de l’inflation qui va ‘manger’30 milliards d’investissements. Nous étions sur des matériels plus anciens, du matériel de Guerre froide. Les matériels nouveaux incorporent beaucoup d’innovations, donc cela coûte beaucoup plus cher de renouveler les stocks. »

Mais d’après le sénateur LR, c’est aussi que le budget des Armées partait de loin : « Il fallait remonter les 25 ans d’éreintements du budget des Armées, que tous les gouvernements – de gauche comme de droite – ont organisé. C’est assez facile de reprendre des crédits aux Armées parce qu’en général ils ne rouspètent pas. On vivait aussi depuis 75 ans dans un temps de paix. Il faut mesurer un tout petit peu son jugement par rapport à la situation d’avant et l’invasion de l’Ukraine a changé nos logiciels, parce qu’un pays ami se permet d’attaquer son voisin souverain. »

« Le Parlement a le droit de dire où cet argent doit aller »

Sur le principe, donc, la majorité sénatoriale approuve la programmation budgétaire des Armées proposée par l’exécutif. Deux sujets restent encore à arbitrer, détaille Christian Cambon. « Le premier c’est le cadencement de l’effort budgétaire », explique-t-il. « La loi a été présentée avec un effort budgétaire que prévoyait l’ancienne loi de programmation. Nous avons prévu de modifier le cadencement pour aller plus vite : déjà parce qu’il y a l’inflation. Ensuite, parce que guerre est à trois heures de Paris. Il faut dépenser de l’argent, et pas après l’élection présidentielle : ce message a été bien compris », estime le président de la commission des Affaires étrangères

« Un second problème se pose », poursuit-il. « Le Parlement a aussi son avis sur la manière dont on utilise ce budget : ce n’est pas le plaisir de mettre plus d’argent qui nous guide. Il faut dire à quoi ces crédits vont servir, donc on en a fléché. Nous sommes à 413 milliards et nous voulons tenir l’enveloppe mais le Parlement a le droit de dire où cet argent doit aller. On le met prioritairement sur l’entraînement. Les pilotes de Rafale sont à 145 heures d’entraînement, la norme Otan, c’est 220 heures », détaille Christian Cambon.

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