L’Union européenne est-elle “fatiguée” de soutenir l’Ukraine ? 

Alors que l’attention des puissances mondiales se concentre sur le conflit au Proche-Orient, la guerre en Ukraine se poursuit loin des caméras. Les États membres de l’Union européenne continuent de soutenir l’armée ukrainienne même s’ils ne sont pas tous d’accord sur la stratégie à adopter. Le soutient aux forces ukrainiennes est-il en train de marquer le pas ? C’est le débat de l’émission Ici l’Europe.
Alexandre Poussart

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Le million ne sera pas atteint. L’Union européenne ne remplira pas l’objectif de fournir un million de munitions à l’armée ukrainienne d’ici au printemps 2024, comme elle s’y était engagée. L’annonce a été faite le 14 novembre par le ministre de la Défense allemand Boris Pistorius.

Est-ce le signe d’un essoufflement de l’aide militaire européenne à l’Ukraine alors que l’attention des grandes puissances mondiales est désormais tournée vers le Proche-Orient et la guerre entre Israël et le Hamas ? “Il est vrai que nous devons produire davantage d’armes pour aider l’Ukraine, 7 jours sur 7, 24h sur 24”, commente Michael Gahler, eurodéputé allemand, en charge du rapport du Parlement européen sur l’aide à l’Ukraine, interrogé dans l’émission Ici l’Europe, sur France 24 et Public Sénat. Mais il ne pense pas pour autant que cela signifie que l’effort européen pour aider l’Ukraine va ralentir : “L’aide financière supplémentaire de 50 milliards d’euros est prévue par le budget de l’Union pour les prochaines années. Sur le plan de l’armement, l’Allemagne va par exemple doubler son aide militaire, de 4 à 8 milliards d’euros.”

“l’Allemagne va par exemple doubler son aide militaire, de 4 à 8 milliards d’euros.”, Michael Gahler

Des divergences sur l’aide militaire

Néanmoins certains Etats membres veulent que l’Europe marque le pas dans cette aide militaire à l’armée ukrainienne. C’est le cas de la Slovaquie, désormais gouvernée par le populiste Robert Fico, qui a annoncé à l’OTAN sa volonté de suspendre les livraisons d’armes de son pays à l’Ukraine. La Hongrie de Viktor Orban a, quant à elle, toujours refusé une aide militaire à l’Ukraine, depuis le début du conflit. “Nous ne croyons pas que cette guerre peut être gagnée par l’Ukraine sur le front, il faut d’abord un cessez-le-feu et des négociations de paix avec la Russie même si elles seront difficiles avec Vladimir Poutine”, estime Balasz Hidveghi, eurodéputé (non-inscrits) hongrois, membre du du Fidesz, le parti au pouvoir en Hongrie, et proche de Viktor Orban.

Des sanctions contre la Russie inefficaces ?

L’efficacité des sanctions européennes contre la Russie pose également question alors que la Commission européenne a présenté cette semaine le 12e paquet de sanctions depuis le début du conflit. Il vise notamment à interdire l’exportation de diamants russes en Europe. “Les parlementaires européens ont voté une résolution qui va dans ce sens mais qui souligne que certaines des sanctions précédentes n’ont pas fonctionné”, rappelle Balasz Hidveghi.

L’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne s’accélère  

Mais le plus important soutient de l’Union reste probablement la perspective d’une entrée de l’Ukraine dans l’UE. La Commission européenne est favorable à l’ouverture des négociations avec Kiev en vue d’une adhésion à laquelle les 27 semblent plutôt favorables, même la Hongrie. “Il faut donner cette perspective aux Ukrainiens” se réjouit Michael Gahler. “Ils partagent nos valeurs. Ils veulent éviter de rester dans cette zone grise entre l’Union européenne et la Russie. Ce serait un signal fort” envoyé à Vladimir Poutine.

Dans la même thématique

Un réfugié syrien en France célèbre la chute du régime de Bachar al-Assad en Syrie.
6min

International

Syrie : Plusieurs pays européens suspendent les demandes d’asile des réfugiés, la France « suit attentivement la situation »

Après la chute de Bachar al-Assad et l’arrivée au pouvoir de rebelles en Syrie, plusieurs pays européens dont l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie, ont annoncé un gel des procédures de demandes d’asile. Plusieurs partis politiques ont également ouvert la voie au retour des réfugiés syriens dans le pays. Un débat qui soulève des questions politiques et juridiques.

Le

Des Syriens célèbrent la chute du régime de Bachar Al-Assad, après la prise de Damas par les rebelles du groupe HTS.
7min

International

Djihadistes : « Beaucoup d’entre eux préféreront rester en Syrie que rentrer en France »

Le régime de Bachar al-Assad est tombé en Syrie après l’offensive victorieuse, ce week-end, des rebelles islamistes d’Hayat Tahrir al-Sham (HTS). Le groupe compte dans ses rangs de nombreux djihadistes, dont quelques Français. Faut-il craindre un retour de certains d’entre eux ? Pour le spécialiste Thomas Pierret, cela n’est pas évident. En revanche, selon lui, une résurgence de Daech dans le pays est à craindre.

Le

Des Syriens célèbrent la chute du régime de Bachar Al-Assad, après la prise de Damas par les rebelles du groupe HTS.
7min

International

Syrie : de la Turquie à l’Iran, les équilibres bouleversés au Moyen-Orient après la chute du régime Assad

Après 24 ans de pouvoir, Bachar al-Assad a fui la Syrie, chassé par une offensive éclair du groupe islamiste Hayat Tahir Al-Sham. Une large partie du pays est désormais aux mains d’une coalition de rebelles, aux soutiens et intérêts divergents. De la Turquie à l’Iran, en passant par Israël, tour d’horizon des enjeux de la chute du régime Assad, qui bouleverse les équilibres régionaux.

Le

Syrie : Pour le Kremlin, la chute du régime de Bachar al-Assad est un revers géopolitique majeur
6min

International

Syrie : « Pour le Kremlin, la chute du régime de Bachar al-Assad est un revers géopolitique majeur »

La fuite du président syrien Bachar al-Assad, chassé par les rebelles islamistes en dépit du soutien de la Russie, rebat les cartes au Moyen-Orient. Pour le général Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire française auprès de l'ONU, cette situation illustre l’affaiblissement d’une Russie incapable de maintenir ses ambitions internationales, car vampirisée par la guerre qu’elle a déclenchée en Ukraine.

Le